Science

Révolution de la greffe

de cornée au Québec

Des milliers de Québécois sont atteints de dystrophie de Fuchs (Cornea guttata), une maladie de la cornée qui endommage les cellules endothéliales de l’œil et que seule une greffe peut traiter. Une nouvelle technologie fait son arrivée au Québec et risque de révolutionner le monde de la greffe de la cornée. Après une formation aux États-Unis, la Dre Julie Talajic est devenue la première ophtalmologiste de la province à pouvoir pratiquer des greffes de cornée pure. Visite en salle d’opération à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Science

110 ans d’évolution

La première greffe de cornée a été réalisée il y a 110 ans par un ophtalmologue autrichien. Les progrès techniques ont connu une forte croissance durant les 50 années qui suivirent, pour ensuite se stabiliser. Une nouvelle progression s’est imposée au tournant des années 2000. Voici les trois principaux avancements de la greffe endothéliale.

> La première génération (kératoplastie pénétrante) consiste à remplacer la cornée en totalité, même si la maladie ne touche que sa couche interne. Des points de suture sont nécessaires et la récupération visuelle peut prendre jusqu’à un an. Cette méthode a longtemps été le traitement standard pour les patients souffrant d’affections de l’endothélium.

> La deuxième génération (DSEK/DSAEK) consiste à ne remplacer que la partie postérieure de la cornée, plutôt que la cornée dans son ensemble. La couche greffée renferme le stroma, l’endothélium et la membrane de Descemet. Au début des années 2000, cette technique a commencé à remplacer la kératoplastie pénétrante.

> La troisième génération (DMEK, aussi appelée la greffe endothéliale pure) ressemble à la DSAEK. La différence est que la couche prélevée de la cornée est encore plus mince et cible directement la partie malade. La qualité de la vision postopératoire et le faible risque de rejet en font une technique très prometteuse.

> Attention, confusion ! : Il ne faut pas confondre les maladies endothéliales et la cataracte. La cataracte se trouve à un niveau plus profond dans l’œil, derrière l’iris (la partie colorée de l’œil). C’est là que se trouvent le cristallin et, par le fait même, la cataracte.

Science

Temps précieux en salle d’opération

À terme, le personnel de la Banque d’yeux du Québec pourrait adapter la préparation du greffon à cette nouvelle génération de greffe, ce qui ferait gagner beaucoup de temps au médecin en salle d’opération.

« Nous évaluons présentement les besoins afin de déterminer si le volume et les besoins justifient le déploiement de cette nouvelle technique », a expliqué Laurent-Paul Ménard, porte-parole d’Héma-Québec, qui est le fournisseur de tissus humains.

Présentement, la Dre Talajic reçoit le greffon préparé pour la greffe de deuxième génération. Elle doit elle-même prélever la membrane de Descemet.

Science

La patiente cobaye

Jeanine Martel n’avait pas complètement perdu la vue, mais la dystrophie de Fuchs dont elle était atteinte compliquait de simples tâches du quotidien. Elle attendait un rendez-vous depuis trois ans quand le téléphone a finalement sonné pour sa greffe de cornée, en décembre dernier. Seul hic, elle serait la première patiente à être opérée par la Dre Talajic selon la technique qu’elle venait de parfaire au Legacy Devers Eye Institute, en Oregon.

Science

La greffe de cornée en chiffres

785 cornées ont été distribuées au Québec entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015.

Environ 50 % des greffes de cornées pratiquées au Québec sont dues à des maladies touchant les cellules endothéliales.

En trois ans, le nombre de Québécois en attente d’une greffe de cornée a diminué de 62 %, passant de 704 en février 2011 à 271 en mars 2014.

80 cornées prédécoupées ont été distribuées aux ophtalmologistes en 2013-2014. Héma-Québec offre ce type de greffon depuis mai 2013.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.