Industrie pharmaceutique

Knight applaudie pour son acquisition « transformative »

Les investisseurs ont salué hier la «  grosse  » transaction annoncée par Thérapeuthique Knight, une acquisition d’une valeur de près de 420 millions CAN en Amérique latine qui alimentait les rumeurs depuis quelques semaines.

L’action de la société pharmaceutique montréalaise a gagné près de 14 %, à 8,55 $, hier à Toronto, pour s’approcher de son plus haut niveau des 52 dernières semaines.

Au début du mois d’octobre, plusieurs analystes avaient commenté les rumeurs indiquant que Knight était en discussion avec la société biopharmaceutique Biotoscana. Certains avaient parlé d’une « occasion matérielle de déploiement de capitaux », d’une « opportunité de croissance importante » et d’une « étape logique » à franchir pour Knight.

Avec des liquidités disponibles de près de 800 millions dans ses coffres, Knight cherchait depuis longtemps à réaliser une transaction d’importance. Un des plus gros actionnaires de Knight avait d’ailleurs manifesté publiquement son impatience l’hiver dernier.

En s’engageant hier à acquérir Biotoscana dans une opération qui doit s’effectuer en deux temps, Knight pense avoir déniché une plateforme de croissance future par le truchement d’acquisitions.

Dans un premier temps, Knight achète 51 % de l’entreprise en acquérant les participations d’Advent International et d’EW Partners, deux gros actionnaires de Biotoscana, une entreprise publique dont les actions sont principalement négociées à la Bourse brésilienne. Une offre publique aux autres actionnaires de Biotoscana doit être lancée dans les prochaines semaines pour permettre de fermer le capital de l’entreprise.

« Biotoscana est un partenaire stratégique naturel par son modèle d’affaires similaire au modèle de Knight et ses relations solides avec des partenaires mondiaux (Celgene, Gilead, etc.) », a commenté Jonathan Goodman, chef de la direction de Knight. 

Ambitions mondiales

Avant de fonder Knight il y a cinq ans, Jonathan Goodman avait cofondé et dirigé Laboratoires Paladin, une entreprise rachetée par Endo Health Solutions en 2013 pour 3,2 milliards de dollars.

Le modèle d’affaires de Knight s’articule notamment autour de l’acquisition de licences pour des produits pharmaceutiques destinés au marché canadien et à des marchés internationaux ciblés.

« Nous tentons de bâtir une pharmaceutique spécialisée du reste du monde, ce qui veut dire à l’extérieur des États-Unis, de l’Europe de l’Ouest, de la Chine et du Japon », souligne Samira Sakhia, présidente et responsable des finances chez Knight.

« Le marché pharmaceutique latino-américain est gros et croît plus rapidement que la plupart des autres régions géographiques de la planète. Nous avons analysé plusieurs opportunités depuis trois ans et avons finalement identifié une entreprise qui nous permet de cocher toutes les cases (produits, dirigeants, etc.) », a ajouté Samira Sakhia au cours d’une téléconférence.

« Derrière cette plateforme que nous achetons, il y a une forte équipe de gestionnaires que nous sommes allés rencontrer à plusieurs reprises à São Paulo, au Brésil, et à Buenos Aires, en Argentine, au cours des derniers mois. »

Dans un rapport de recherche publié il y a une douzaine de jours, l’analyste Lennox Gibbs, de la TD, prévenait d’un potentiel de risque d’exécution lié à Biotoscana. « La performance financière de l’entreprise a été décevante pour la majeure partie de l’année 2018 malgré un portefeuille de produits qui semble attrayant », écrivait-il.

« À première vue, la fluctuation dans les revenus, le taux de change et une visibilité limitée pour les bénéfices sont à blâmer. Je ne suis pas certain que ces ennuis ont été réglés. »

Biotoscana en bref

Siège social : Uruguay

Bourses : Brésil et Luxembourg

Symbole boursier au Brésil : GBIO33

Activités : biopharmaceutique présente dans 10 pays d’Amérique latine avec des produits sous licence dans des segments de marché comme l’oncologie et l’oncohématologie et les maladies infectieuses.

Chiffre d’affaires (12 mois terminés au 30 juin) :

240 millions CAN

Bénéfice brut ajusté (12 mois terminés au 30 juin) :

49 millions CAN

Commerce de détail

HBC accepte l’offre d’un groupe d’actionnaires

Le conseil d’administration de la Compagnie de la Baie d’Hudson (HBC) a accepté hier une offre bonifiée de privatisation qui évalue le détaillant à environ 1,9 milliard, mais la transaction nécessitera le soutien d’actionnaires minoritaires pour être acceptée.

Le conseil a indiqué qu’un groupe d’actionnaires dirigé par le président exécutif de HBC, Richard Baker, qui détient une participation d’environ 57 % dans le détaillant, avait accepté de payer 10,30 $ par action en numéraire pour pouvoir fermer le capital de l’entreprise.

L’offre est supérieure de 9 % à la proposition antérieure de 9,45 $ par action du groupe. Cette première offre avait été jugée insuffisante par la firme torontoise Catalyst Capital et la firme Land & Buildings Investment Management, de Stamford, au Connecticut.

Catalyst n’a pas voulu commenter ce dernier développement, mais elle avait annoncé en août avoir acquis près de 18,5 millions d’actions de HBC – une participation d’environ 10,05 % – au prix de 10,11 $ par action dans le but de s’opposer à l’offre de M. Baker.

À la fin août, Catalyst détenait une part de 15,96 % dans l’entreprise, selon la société de données financières Refinitiv. La firme d’investissement avait précédemment indiqué qu’elle voterait contre l’offre de fermeture du capital.

Land & Buildings n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires hier. Elle avait qualifié d’inadéquate l’offre initiale de 9,45 $ par action présentée par le groupe de M. Baker.

La transaction est soumise à l’approbation de la majorité des actionnaires minoritaires de HBC, à l’exclusion du groupe d’actionnaires de M. Baker, et à l’approbation d’un vote majoritaire à 75 % lors d’une assemblée extraordinaire des actionnaires, qui devrait avoir lieu en décembre. La société s’attend à ce que l’entente soit finalisée à la fin de cette année ou au début de 2020.

Le conseil d’administration de HBC a souligné que l’offre du groupe dirigé par M. Baker fournissait aux actionnaires minoritaires une « valeur immédiate et certaine » en cette période d’incertitude liée à l’évolution rapide du secteur de la vente au détail.

Difficultés persistantes

La direction de HBC, qui n’a pas commenté publiquement l’initiative de fermeture du capital, a annoncé le mois dernier que l’exploitant de la chaîne de grands magasins La Baie d’Hudson, de la chaîne de luxe new-yorkaise Saks Fifth Avenue et des boutiques de mode Saks Off Fifth avait perdu 984 millions pour le trimestre clos le 3 août.

La perte du troisième trimestre atteignait 5,35 $ par action et se comparait à une perte de 280 millions, ou 1,45 $ par an, pour la même période de l’exercice précédent.

Les recettes totales de HBC pour le troisième trimestre ont atteint 1,9 milliard, soit à peu près la même somme qu’il y a un an, tandis que les ventes des magasins ouverts depuis au moins un an ont diminué de 0,4 %. Les ventes comparables des magasins de la chaîne de La Baie d’Hudson ont chuté de 3,4 % au cours du trimestre.

Les actions HBC ont pris hier 6,1 % à la Bourse de Toronto, mais sont restées inférieures au prix de l’offre révisé. Elles se ont clôturé à 10,03 $, en hausse de 58 cents, alors que leur sommet pour les 52 dernières semaines est de 10,76 $.

Actualités boursières

Softbank prêt à investir de 4 à 5 milliards US dans WeWork

L’entreprise de bureaux de travail partagés ne vaudrait plus que 8 milliards

Le groupe japonais SoftBank est prêt à investir de 4 à 5 milliards de dollars supplémentaires dans WeWork, le géant des bureaux partagés, pour lui permettre d’éviter la faillite, a indiqué hier à l’AFP une source proche du dossier.

L’apport de cet argent frais, qui donnerait le contrôle à Softbank, conférerait à la société une valeur de 8 milliards de dollars, a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat, contre plus de 47 milliards il y a encore quelques mois seulement.

La banque JPMorgan Chase, qui a également des intérêts dans WeWork, devrait présenter un plan de sauvetage financier concurrent à l’occasion d’un conseil d’administration de la société prévu demain, a encore dit la source.

Elle n’a pas pu donner les grandes lignes de la contre-offre de la première banque américaine par actifs.

Pour ce qui est de Softbank, le groupe du milliardaire japonais Masayoshi Son prévoit de racheter des titres à des investisseurs ainsi qu’aux employés, dont Adam Neumann, cofondateur dont les frasques ont contribué à la défiance des milieux d’affaires par rapport à WeWork.

Softbank, qui détient déjà 29 % du capital, pourrait se retrouver avec 80 % si la transaction se concrétisait, ce qui lui permettrait de diminuer de façon draconienne l’influence de M. Neumann, qui dispose de droits de vote majoritaires, croit savoir la source, confirmant des informations de CNBC.

Jointe par l’AFP, WeWork a refusé de commenter.

Sans aide financière, WeWork pourrait se retrouver à court de liquidités d’ici à la fin de novembre, estiment les analystes financiers.

La société, dont la note de solvabilité financière a été reléguée dans la catégorie de dettes toxiques par les agences de notation, avait pour 2,5 milliards de dollars de trésorerie au 30 juin, mais les coûts de construction et d’autres dépenses ont aspiré cet argent, selon des sources bancaires.

Les interrogations se sont en outre multipliées sur sa capacité à gagner de l’argent et à faire face au ralentissement économique mondial, l’immobilier étant souvent l’un des premiers secteurs touchés.

WeWork a ainsi été contraint de renoncer en septembre à ce qui devait être l’une des introductions en Bourse les plus en vue de l’année.

L’entrée à Wall Street aurait pu lui permettre de lever au moins 3 milliards de dollars et de bénéficier en plus d’une ligne de crédit de 6 milliards de dollars auprès de grandes banques.

Crise des opioïdes

Quatre géants pharmaceutiques évitent un procès historique

Quatre sociétés pharmaceutiques ont trouvé hier un accord à l’amiable leur permettant d’éviter un procès fédéral inédit sur la crise des opioïdes qui ravage les États-Unis, en attendant un accord plus large qui pourrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars pour l’industrie.

Les avocats des centaines de collectivités locales qui poursuivent en justice laboratoires et distributeurs de médicaments antidouleur aux opioïdes ont confirmé hier matin qu’un accord avait été conclu entre les distributeurs Cardinal Health, McKesson, AmerisourceBergen et le laboratoire israélien Teva, d’une part, et deux comtés de l’Ohio, dont les plaintes devaient être examinées en premier dans le cadre d’un procès-test, d’autre part.

Cet accord prévoit le versement de quelque 215 millions de dollars par ces grands distributeurs et 45 millions par Teva, qui fabrique des médicaments opioïdes génériques, sous forme de cash et de médicaments utilisés dans le traitement des dépendances, selon le Wall Street Journal.

« L’accord proposé permettra des progrès importants pour endiguer la crise, en apportant des ressources aux programmes de traitement des dépendances aux opioïdes » des deux comtés, ont déclaré les avocats des comtés concernés.

« Nous sommes de tout cœur avec les familles qui souffrent de cette crise », a déclaré Ilene Shapiro, responsable du comté de Summit, qui inclut la ville d’Akron, particulièrement touchée. « Nous essayons de faire tout notre possible pour aider ces familles à se reconstruire, à retrouver la santé et à tourner la page. »

« Pas de solution globale »

Ce procès, qui devait s’ouvrir hier, aurait été le premier procès fédéral à examiner les responsabilités de l’industrie pharmaceutique dans cette crise de santé publique qui a fait plus de 400 000 morts par surdose depuis 20 ans, selon les chiffres des Centres américains de prévention des maladies (CDC).

Un seul procès, dans l’État de l’Oklahoma, a eu lieu pour l’instant dans cette crise, avec Johnson & Johnson seul au banc des accusés. Le célèbre laboratoire avait été condamné en août à quelque 570 millions de dollars de dommages et intérêts pour compenser les conséquences de la crise dans cet État du Midwest.

Laboratoires et distributeurs sont accusés d’avoir, à partir de 1996, fait la promotion vigoureuse d’antidouleurs aux opioïdes comme l’oxycodone alors même qu’ils connaissaient leur puissance de dépendance.

Ils auraient aussi engrangé des dizaines de milliards de dollars de revenus de ces médicaments, au mépris des signaux d’alarme qui montraient leur utilisation abusive et leur revente sur le marché des drogues illégales.

Si le procès n’aura pas lieu – il ne reste plus qu’un accusé face aux deux comtés, la chaîne de pharmacies Walgreens, dont le procès a été reporté –, les avocats des plaignants ont souligné qu’« il ne s’agissait pas d’une solution globale ».

Il reste en effet à trouver un accord plus large pour solder l’ensemble des plaintes – quelque 2700 avec des collectivités locales en tous genres, y compris la quasi-totalité des États américains.

Il pourrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, et constituer le plus important accord négocié depuis celui conclu avec les grands cigarettiers américains en 1998 : ces derniers avaient alors accepté de payer plus de 200 milliards de dollars après avoir été accusés d’avoir minimisé pendant des décennies les dangers du tabac.

Industrie minière

Newmont réinvestit dans Ressources Sirios

Newmont Goldcorp investit un peu plus de 1 million pour augmenter sa mise dans Ressources Sirios, une entreprise d’exploration qui cherche de l’or dans la région de la Baie-James. La participation de Newmont dans Sirios passera de 15,9 % à 19,9 % à la suite de la transaction. Le géant minier, dont le siège social est au Colorado, a été le principal investisseur du placement privé d’une valeur totale de 1,48 million qui vient d’être réalisé par Sirios. L’argent servira à faire avancer le projet aurifère Cheechoo, situé à Eeyou Istchee, à la Baie-James. La propriété est voisine de la mine Eleonore, gisement aurifère exploité par Newmont Goldcorp. Une première estimation des ressources du projet Cheechoo est en cours. « Les fonds recueillis permettront une progression significative et ordonnée de notre projet », a indiqué le président de Ressources Sirios, Dominique Doucet. — Hélène Baril, La Presse

Rectificatif

Aide des villes aux entreprises

Dans notre dossier sur le budget discrétionnaire des villes pour les entreprises, publié hier, une phrase faisait référence à l’aide de Lévis au chantier Davie. Or, cette aide sous forme de crédit de taxes relevait d’un autre programme que l’enveloppe discrétionnaire annuelle de 250 000 $ des municipalités. Dans les faits, comme indiqué dans le tableau, la Ville de Lévis ne s’est jamais servie de cette enveloppe particulière. Nos excuses. 

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