Des secrets de famille éclatent en pleine cour
Des secrets de famille mêlant inceste, abus et violence ont été déterrés hier pendant l’audience chaotique sur la peine à imposer à Christian Pépin, marquée par des explosions de rage et des crises de larmes. Après avoir demandé à retirer sa reconnaissance de culpabilité le matin, puis s’être ravisé, l’homme de 35 ans a finalement été condamné à la prison à vie sans libération avant 25 ans pour les meurtres prémédités de sa mère et de sa grand-mère.
L’accusé s’est vidé le cœur hier après-midi en lisant, la voix cassée, une lettre relatant son enfance difficile, ainsi que le meurtre de sa mère, Diane Champagne, 55 ans, et de sa grand-mère, Paulette Robidoux, 75 ans, en décembre dernier, à Montréal. Pendant une vingtaine de minutes, Christian Pépin a expliqué être passé à l’acte parce que sa mère l’aurait agressé sexuellement pendant son enfance.
Ces allégations ont été complètement rejetées par les proches des victimes. Furieuse, la tante de l’accusé et sœur d’une victime a explosé pendant son témoignage devant le juge.
« Arrête de jouer à la victime et d’accuser le monde ! J’espère que tu vas mourir en dedans, parce que ces deux dames le méritaient pas ! Arrête de dire ça ! Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas vrai ! Christian, assume ! », s’est emporté Lyne Champagne.
Hors de lui, Christian Pépin a craché sur la vitre de son box, le visage tordu par la haine. « J’ai fait ça pour rien ? J’ai fait ça pour le fun ? », a-t-il hurlé, en se faisant escorter par trois agents. Les explosions de Christian Pépin ont testé la patience du juge Marc David hier.
« Nous, on le croit pas ! Je connaissais assez ma mère pour savoir qu’elle n’aurait jamais fait ça », s’est insurgée la sœur de l’accusé, Marie-Claude Pépin, après l’audience.
Au terme de cette journée extrêmement difficile, les deux sœurs Pépin étaient soulagées que leur frère ait eu « ce qu’il méritait », sans avoir un procès.
« Je pense que [la page] ne sera jamais vraiment tournée, on va vivre avec ça toute notre vie, qu’il nous ait volé notre mère… », a confié Marie-Claude Pépin. « On va pouvoir faire notre deuil, on va pouvoir commencer à penser à nous », a ajouté sa sœur Carolanne, les yeux rougis.
une détention minimum de 25 ans
La procureure de la Couronne Anne-Andrée Charette n’a pas demandé une période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle supérieure à 25 ans, comme elle aurait pu le faire dans ce cas de double meurtre. C’est donc à la suite d’une suggestion commune que le juge Marc David a condamné Christian Pépin à la prison à vie, avec une détention minimum de 25 ans.
Christian Pépin résidait depuis quelques semaines chez sa mère, Diane Champagne, dans le quartier Tétreaultville, au moment du drame. Il venait de passer plus d’une décennie derrière les barreaux pour des crimes violents et 18 mois en maison de transition. La nuit du 3 décembre, un conflit a éclaté entre l’accusé et sa mère, puisque ce dernier avait refusé de faire le sapin de Noël avec ses proches. C’est cet incident qui l’a poussé à assassiner quelques heures plus tard sa mère et sa grand-mère qui souffrait de la maladie d’Alzheimer.