Galaxie

Super groupe deluxe

Que dira-t-on du groupe rock québécois Galaxie dans 20 ans ? De grandes choses. En attendant, entrevue avec son leader Olivier Langevin pour la sortie de Super Lynx Deluxe. Clin d’œil au deuxième extrait de l’album, nous lui avons demandé en quoi toutes les étoiles de sa galaxie étaient « phénoménales ».

« Avez-vous des bouchons ? », lance Olivier Langevin, soucieux des tympans de la journaliste et du photographe de La Presse.

« Je vous avertis. On teste de nouvelles machines et le son est très fort. »

Langevin nous mène au local de répétition où se trouvent ses potes du groupe Galaxie. Les écoles sont fermées ce jour-là pour cause de verglas. Le claviériste Frank Lafontaine s’assure que son fils – dont la mère est Marie-Pierre Arthur – porte son casque de protection auditive.

« Ce n’était pas aussi l’fun quand j’allais à la job de mon père lors des congés d’école », blague Langevin.

Préserver l’énergie du show

Les années ont passé. Les membres de Galaxie – complété par Pierre Fortin, Fred Fortin, Jonathan Bigras et Karine Pion – ont des enfants, la trentaine avancée ou la quarantaine entamée, mais ils n’ont pas ralenti la cadence et encore moins diminué le niveau de décibels. Au contraire. Ils sont tonitruants sur Super Lynx Deluxe.

Pour Zulu, l’opus précédent de Galaxie, Langevin avait la tête pleine d’airs de blues-rock africain. Cette fois-ci, il avait soif de rythmes « dans ta face » des Beastie Boys.

« Au lieu de prendre une longue pause comme à l’habitude, nous avons commencé l’album dès la fin de la tournée de Zulu, donc l’énergie du show a inspiré notre façon de travailler, explique Langevin. On ne voulait pas superposer trop d’affaires, mais plutôt les mettre bien en avant. »

Occultes, les paroles de Langevin relèvent souvent d’un lexique maléfique, chamanique, voire surnaturel. « On dirait que ça s’est créé tout seul avec le temps. Avec la transe qu’il y a dans les shows de Galaxie, le côté psychédélique de notre musique et les personnages qu’on rencontre en tournée, un lexique s’est développé. »

« Quand je me mets à écrire, j’entre dans la peau d’un personnage. Galaxie, pour moi, c’est quelqu’un d’autre et je buzze… »

— Olivier Langevin

Parlant de « buzz », une chanson euphorisante de l’album s’intitule MDMA. Or, nul besoin de prendre de substances hallucinogènes pour s’en enivrer.

« J’en profite avant que ma petite grandisse », blague le père d’une fillette de trois ans et demi.

Sans se censurer, Langevin écrit aujourd’hui en sachant que sa fille comprendra un jour ses paroles. Mais elle ne sera pas la première à avoir un papa rock’n’roll. « Elle fera la part des choses. »

L’importance du groove

« Le groove. » C’est sans doute le mot qu’il répète le plus souvent en entrevue.

Olivier Langevin ne peut résister à un bon tube dansant. Ceux de Beyoncé comme ceux d’Electric Light Orchestra. Frank Lafontaine et lui sont aussi fascinés par le magnétisme sonore d’une chanson comme I Feel Love de Donna Summer, qui porte la signature de Giorgio Moroder.

« Depuis l’album Tigre et diesel, je veux amener du groove dans le son abrasif de Galaxie. J’aime le mélange des styles. Beck et David Bowie ont beaucoup fait ça. Je trafique tellement les sons, des fois, que les gens pensent que je ne joue pas de guitare. »

— Olivier Langevin

Rassurez-vous : lors de notre passage dans son local de répétition, Langevin était fidèle au poste à la guitare, avec sa pose de conquérant bien à lui, une jambe fléchie en avant, prêt à enfoncer l’une des 12 pédales à sa disposition.

C’est bien connu, la scène est primordiale pour Galaxie et ses spectacles sont des messes rock. Son public n’est jamais laissé en jachère très longtemps, puisqu’il est aussi entretenu par les tournées de Fred Fortin et de son groupe Gros Mené (dont les membres sont essentiellement les mêmes que ceux de Galaxie).

À Montréal, il faudra être patient avant de voir Galaxie au MTELUS le 14 juin. Heureusement, le groupe se produit au printemps dans des lieux intimes fort sympathiques, dont La Taverne de Saint-Casimir (31 mars) et la salle Le Zaricot de Saint-Hyacinthe (21 avril).

« Nous sommes choyés de tourner autant », dit Olivier Langevin.

Nous aussi.

ROCK

Super Lynx Deluxe

Galaxie

Lazy At Work

Galaxie

Les membres de Galaxie vus par Olivier Langevin

Pierre Fortin (batterie)

« Il met tout son cœur dans ce projet-là. Je travaille étroitement avec lui. Pierre a une bonne écoute objective. Il a beaucoup de goût et de sensibilité. C’est sans parler de son drumming incroyable et intense. Il est comme un athlète olympique. Son énergie est incontournable pour Galaxie. »

Fred Fortin (basse)

« Fred, c’est mon vieux frère… une histoire d’amour. Une chance qu’on s’a. Je l’admire. Il incarne la musique. C’est dans son sang. »

François Lafontaine (claviers)

« François, c’est François… Il est irremplaçable. Il a tellement de cœur et de génie. Et il a un son. Quand il arrive dans une chanson, ce n’est plus pareil. Il transforme la chanson pour le mieux. Dans des pochettes, je change souvent son nom. J’ai déjà écrit Le Savant fou. C’est une encyclopédie de musique. Il a tellement de références qu’il arrive toujours avec la bonne chose. »

Karine Pion (choriste, qu’on peut voir à Belle et bum)

« Elle s’est imposée dans le groupe car elle est trop hot. Les voix des refrains, c’est une chose. Mais en live, elle fait aussi beaucoup de percussions, dont celles qu’Élage Diouf a faites en studio. Elle a un talent rythmique incroyable. Ce n’est pas simple, ce que Karine fait sur scène. »

Jonathan Bigras (drum pad)

« Jonathan joue dans plein de bands [Poni, Samito, Laura Sauvage]. Sa job est difficile. Elle demande un batteur… qui ne joue pas de drum. Big a embarqué à pieds joints. Il doit accoter les structures de Pierre et il doit assimiler l’ensemble en même temps. Il est vraiment devenu indispensable. C’est un musicien d’exception. »

Olivier Langevin (voix et guitare)

Il est trop humble pour le dire, mais Olivier Langevin mérite depuis longtemps le titre de guitar hero. « J’aimerais me remettre à pratiquer comme je le faisais au cégep. Faire une sorte de retraite pour me consacrer à mon instrument », dit-il par ailleurs.

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