Le courrier du hockey mineur

Pourquoi vouloir gagner à tout prix ?

Notre chroniqueur LNH Mathias Brunet a été tour à tour entraîneur de hockey mineur au niveau novice, atome et pee-wee, président d’association et fondateur d’une organisation de hockey de printemps regroupant une quinzaine d’équipes de jeunes joueurs âgés de 6 à 14 ans. Envoyez-lui vos questions sur le hockey mineur à mbrunet@lapresse.ca. Il répondra à une sélection de celles-ci.

Une autre triste histoire de hockey mineur a été dévoilée ce week-end, cette fois sous la plume de mon collègue Jean-François Tremblay. Elle est bien documentée. Un gardien de but bantam B a été contraint d’abandonner son poste sous la pression des parents l’hiver dernier. On ne parle pas ici d’un gardien qui n’avait pas la technique de base requise pour jouer devant le filet.

Le garçon, dit-on, était le gardien habituel du club l’année précédant les événements… jusqu’à l’arrivée d’un gardien nettement trop fort pour cette catégorie. Celui-ci joue d’ailleurs désormais dans la catégorie « double lettre » cette année.

Ce qui me dérange particulièrement dans ce cas-ci, c’est que certains parents ont menacé l’entraîneur de ne pas faire jouer leur fils pour un match de tournoi si le gardien en question était utilisé. Plutôt que de respecter la décision de l’entraîneur, on a mis sur lui une pression indue pour chasser l’enfant du filet parce que l’autre gardien lui était supérieur.

La soif de gagner s’est emparée des parents, même s’il s’agissait du plus bas niveau possible de cette catégorie. J’avais demandé à un psychologue de m’expliquer le phénomène des parents trop bruyants à la suite d’une victoire de leur équipe, pour la rédaction d’un bouquin sur le hockey mineur il y a plusieurs années. Pourquoi certains parents veulent-ils gagner à tout prix, même dans des niveaux inférieurs, même si leur enfant n’a absolument aucune chance d’accéder à des catégories plus compétitives, bref, à des années-lumière de la LNH ?

Sa réponse ? « Parfois, certains parents ne réfléchissent pas, m’avait confié Marc-Simon Drouin, professeur au département de psychologique de l’Université du Québec à Montréal. Pour eux, il y a des gagnants et des perdants, et ils ne veulent surtout pas être des perdants. Alors quand il y a un perdant, ils ne prennent pas de chance, ils l’identifient pour être bien certains qu’ils n’appartiennent pas à ce groupe-là. Ça rehausse, mais de façon bien temporaire, l’estime de soi. »

« Je suis entraîneur aux niveaux pee-wee et midget dans le simple lettre et je constate que l’arbitrage et l’appel des pénalités varient de façon significative selon les arbitres. Quelles sont les raisons possibles ? »

— Karl Villeneuve

Les arbitres sont les parents pauvres du hockey. J’ai toujours trouvé illogique que les jeunes joueurs puissent bénéficier de deux entraînements minimum par semaine toute la saison, tandis que les jeunes arbitres, généralement, ont droit à quelques heures de formation avant le début de la saison et, selon les associations, plus rien ou presque par la suite. Mais je sais, pour avoir été à la tête d’une association, qu’on a mille chats à fouetter et qu’on y va en ordre de « priorité ». Certaines associations offrent un meilleur appui que d’autres aux arbitres, mais il y aurait beaucoup plus à faire. D’autant plus qu’ils sont les premiers blâmés par les entraîneurs et les parents dans les gradins. On les jette trop souvent dans la gueule du loup.

« Mon garçon de 11 ans n’a jamais joué au hockey dans une équipe. Nous allons à la patinoire jouer quelques fois par hiver. Cet automne, il nous a demandé de l’inscrire au secondaire en concentration hockey l’an prochain. Est-il trop tard pour commencer ? Est-il préférable de l’inscrire dans une équipe hors école ? »

— Simon Tremblay

Certaines concentrations hockey sont très récréatives. D’autres programmes sont plus compétitifs. S’il a raté les essais de l’école, je vous suggère de communiquer avec le responsable du programme de hockey à l’école. S’il veut améliorer son niveau, il pourrait aussi, cet hiver, suivre des cours de patinage de puissance et de maniement de rondelle à la pièce, question de se sentir plus solide l’an prochain.

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