Opinion

La face cachée du Pacte pour la transition

Depuis sa création, les interventions sur le Pacte ont principalement porté sur nos modes de vie et notre capacité à adopter des comportements plus durables, évacuant au passage un deuxième aspect encore plus important, soit l’utilisation du Pacte comme outil de négociation politique.

On en a fait peu mention, mais l’instrumentalisation du Pacte est on ne peut plus claire. Avec 1 million d’appuis, Dominic Champagne confirmerait son autoproclamation en s’arrogeant un pouvoir politique incontournable pour négocier un nouveau pacte environnemental. Mais quel est la nature de ce nouveau pacte, à quoi nous invite-t-il ? Voilà la véritable question.

On n'en est plus au climato-scepticisme, étant tous convaincus du réchauffement climatique.

Un nouveau scepticisme est en émergence et porte plutôt sur les solutions et les gestes à poser dans l’avenir.

Ne soyons pas dupes, on y changera rien en se privant d’un steak ou en plantant quelques arbres pour compenser notre voyage en Europe. On se donne bonne conscience, comme quand on donne à la guignolée en sachant très bien qu’on ne changera rien à la pauvreté. Collectivement nous ne faisons pas le poids, les émissions de GES du Québec représentent une fraction de 1 % des émissions mondiales. Dans une journée de 24 heures, notre production ne compte que pour 3 minutes. Le problème et la solution sont assurément de l’autre côté de la planète.

En investissant la filière éolienne, en subventionnant l’achat de voitures électriques, pour plaire aux environnementalistes nous nous sommes engagés à hauteur de plusieurs milliards de dollars dans des initiatives qui auront très peu d’impact. Pendant ce temps, l’État peine à répondre à ses missions vitales au détriment des plus démunis : les enfants en difficulté manquent de ressources à l’école, les aînés sont laissés à eux-mêmes et les plus pauvres n’arrivent plus à se loger abordablement. Il ne faudrait pas que l’injonction environnementale se transforme en tyrannie.

S'adapter

Certes, il faut tous souscrire à des comportements respectueux de l’environnement, mais compte tenu de notre faible importance et n’y pouvant rien de toute façon, comme le soulignent certains experts, l’heure n’est plus à la prévention, mais à l’adaptation.

Ainsi avant de signer le Pacte, j’aimerais bien qu’on m’indique concrètement ce qu’on nous propose au-delà de notre simple engagement personnel. Souscrire à un engagement personnel est une chose, souscrire à un engagement politique non défini en est un autre.

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