Éric Gauthier

Le chorégraphe étoile s’amène à Montréal

Ce sont principalement les Allemands qui profitent du talent d’Éric Gauthier, puisque c’est en Allemagne que le Montréalais d'origine a fondé sa compagnie Gauthier Dance. Ce chorégraphe réputé, qui présente ses créations partout dans le monde, fera sa première apparition avec sa troupe dans la métropole, du 31 octobre au 3 novembre, au Théâtre Maisonneuve. Entrevue.

Pourquoi avez-vous choisi de vivre en Allemagne ?

À 18 ans, je terminais mes études au Ballet national à Toronto et j’ai été recruté par le Ballet de Stuttgart, en Allemagne. Ce fut ma première vraie job. Je me souviens, c’est à Noël que j’avais appris à ma famille la nouvelle que je partais pour l’Allemagne. Alors que tout le monde pleurait, je me souviens d’avoir dit, pour les rassurer, que je partirais juste deux ans… Ça fait 22 ans. J’ai maintenant une belle femme allemande et trois enfants !

Ils vous ont beaucoup aimé au Ballet de Stuttgart, n’est-ce pas ?

J’étais très bon en classique, mais j’ai toujours été un peu un Charlie Chaplin. Ce que je veux dire, c’est que j’étais un danseur classique, mais je ne me suis jamais donné des airs. Tu sais, il y a des danseurs classiques qui portent des foulards et qui se considèrent comme de grandes étoiles. Moi, j’ai toujours été simple, drôle. Ils m’ont aimé pour ça.

Vous avez ensuite créé votre propre compagnie, Gauthier Dance… encore en Allemagne.

Quand j’avais 30 ans, le directeur du Theaterhaus Stuttgart m’a proposé de créer ma compagnie, qui appartiendrait à son théâtre. Il y a beaucoup de danse ici, en Allemagne. Et surtout, la danse est soutenue par le gouvernement. C’est ça qui est vraiment beau. Chaque petit théâtre de ville a sa propre compagnie. Mais nous, nous appartenons à un théâtre privé, ce n’est pas l’argent de la Ville. C’est entre autres pour ça que nous promenons nos spectacles un peu partout dans le monde. Je crois que nous sommes la compagnie en Allemagne qui voyage le plus… cinq, six mois par année.

Est-ce que les gens vous reconnaissent dans la rue ?

[Rires] Mouais, mouais. Ils aiment me parler aussi, parce que je suis un gars vraiment simple, ouvert. Il faut que je sois comme ça avec la mission que je me suis donnée.

C’est-à-dire ?

Mon but est que le maximum de personnes tombent en amour avec la danse. Parce que c’est un art spécial, qui n’est pas pour tout le monde… Mais je crois que si le programme est bien fait, tu peux vraiment faire découvrir et aimer la danse. C’est ma mission avec ma compagnie. À chaque spectacle, je me dis : si quelqu’un voit de la danse pour la première fois, est-ce qu’il va vouloir en voir plus ?

Quels seraient les cinq grands moments marquants de votre carrière ?

À 9 ans, lorsque j’ai découvert Cats. C’est là que je suis tombé en amour. Pas juste avec la danse, mais avec tout ce qu’il y a là-dedans. Le chant, la danse, le jeu… le gros show ! Ç’a changé ma vie, parce que deux jours plus tard, j’étais dans un studio de ballet. Je dirais aussi lorsque j’ai déménagé en Allemagne et lorsque j’ai créé ma compagnie. Mon festival aussi !

Vous avez créé un festival ?

Il y a environ quatre ans, j’ai fondé un très grand festival ici, Colours. C’est vraiment gros, un des plus gros festivals allemands ! C’est un festival qui dure deux semaines et qui a un budget de 2 millions d’euros. Et c’est moi qui l’ai inventé ! J’y invite des Québécois, d’ailleurs.

Wow, c’est chouette ! Et un dernier moment fort ?

Je vais faire plaisir à Danse Danse, c’est leur invitation. Je suis vraiment fébrile de revenir à Montréal avec ma compagnie. Ça fait trois fois que je reviens au pays, dont au festival à Saint-Sauveur. Mais c’est la première fois à Montréal et, en plus, à la Place des Arts. Mais j’ajouterais un autre moment…

OK, je vous en accorde six.

Je suis allé tourner à Tel-Aviv, la semaine dernière, pour un show télé que je vais animer. On visite cinq grandes villes du monde où la danse est très forte, dont Londres. Et je crois que Montréal est une des cinq villes… Ce sera diffusé en Allemagne, mais je crois que ce sera acheté ailleurs dans le monde. En plus, c’est tourné en anglais. J’aimerais que vous voyiez ça…

Aimeriez-vous être plus connu au Québec ?

Ben oui ! C’est sûr ! Parce que je suis québécois et ma compagnie transporte les gènes québécois. Elle ressemble aux Québécois.

Gauthier Dance // Dance Company Theaterhaus Stuttgart présente Beating de Virginie Brunelle, We Love Horses d’Helena Waldmann, Infant Spirit de Marco Goecke et Electric Life d’Éric Gauthier et Andonis Foniadakis, du 31 octobre au 3 novembre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

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