Consommation

Les services « alternatifs » sont là pour rester

Les services « alternatifs » de transport ou d’hébergement comme Uber et Airbnb sont là pour rester, même si leur légalité est contestée. Selon le Baromètre de la consommation responsable 2015, dévoilé hier, ces plateformes sont bien implantées, surtout chez les jeunes, et leur usage augmente rapidement.

Pour la première fois, ces systèmes de commerce entre particuliers sont mesurés dans l’étude annuelle, au même titre que d’autres comportements responsables comme le recyclage, l’achat local ou la protection de l’environnement.

Peut-on vraiment parler de consommation responsable, alors qu’Uber et Airbnb sont accusés de bafouer les règles servant à protéger les consommateurs et de manœuvrer pour éviter de payer leur part de taxes et d’impôts ?

« Ces services de consommation collaborative sont intéressants parce qu’ils privilégient l’usage plutôt que la propriété », répond Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) et professeur de marketing de l’ESG UQAM. « Derrière le service, il y a évidemment des organisations, mais on n’est pas là pour juger les pratiques de ces organisations. »

« La consommation collaborative est en train de passer dans un marché de masse. »

— Fabien Durif

Une minorité d’utilisateurs de ces services les considèrent comme illégaux : 4,7 % pour Airbnb et 13,6 % pour Uber, selon les répondants au sondage du baromètre. Mais beaucoup sont favorables à une intervention des pouvoirs publics pour les réglementer (18,5 % pour Airbnb et 46,3 % pour Uber).

L’étude trace un portrait de la consommation responsable sous plusieurs angles.

CONSOMMATION COLLABORATIVE : DE LA MARGE À LA MASSE

Proportion de Québécois utilisant des services de transactions entre particuliers : 

44,9 % utilisent des plateformes web pour acheter, vendre, recevoir ou donner des objets de seconde main entre particuliers (comme Kijiji, LesPAC, Facebook).

19,3 % ont recours à des plateformes web pour offrir des services à d’autres particuliers, comme le logement, le covoiturage, le cojardinage ou le financement participatif.

9,4 % utilisent Airbnb

7,5 % utilisent Uber

Dans les deux cas, 1 utilisateur sur 2 recourra davantage à ces pratiques au cours de la prochaine année.

3,8 % ont fait des dons ou des investissements sur des plateformes de financement participatif.

LES CHAMPIONS DE LA CONSOMMATION COLLABORATIVE : 

• Les jeunes (près des deux tiers ont moins de 44 ans), le plus souvent des hommes, célibataires, locataires, essentiellement urbains (40 % vivent à Montréal)

Leurs motivations : 

• économiser

• gagner du temps (facilité d’utilisation)

• établir une relation

Les adeptes de consommation collaborative ne sont pas nécessairement « responsables », c’est-à-dire que leurs comportements ne sont pas exemplaires en matière de recyclage, de compostage ou de transport durable, par exemple.

LE « FAIT MAISON » FAIT UN TABAC

« Les gens veulent consommer moins et mieux, on l’observe notamment dans la popularité du “fait maison” », note Fabien Durif.

Les Québécois mettent de plus en plus la main à la pâte, particulièrement en : 

• cuisinant (56,1 % en font plus),

• donnant une deuxième vie aux objets, en recyclant et transformant (40,4 % en font plus),

• réparant et rénovant (34,7 % en font plus).

Leurs motivations : 

• économiser (81,6 %)

• recycler, pour protéger l’environnement (77,5 %)

• réduire le gaspillage (76,9 %)

ROULER PLUS PROPRE

37 % envisageront le choix d’une voiture hybride lors de leur prochain achat, contre 28,1 % en 2014.

27 % envisageront le choix d’une voiture électrique lors de leur prochain achat, contre 20,4 % en 2014.

« L’intérêt des automobilistes est fort, mais le passage à l’action est plus difficile, observe le professeur Durif. Il faudrait plus d’efforts des concessionnaires et du gouvernement pour les encourager. »

CASCADES : UN VERT TENACE

Le producteur de papier Cascades remporte depuis 2011 la palme de l’entreprise la plus responsable aux yeux des consommateurs.

« L’entreprise affiche depuis longtemps son engagement environnemental, avant même la vague qui a incité de nombreuses entreprises à faire de même », souligne Fabien Durif.

PLUS DE DÉCONSOMMATION, MOINS DE COMPOSTAGE

87,7 % des Québécois estiment qu’il faut revoir les modes de vie et de consommation. « Une nouvelle société de consommation s’installe. Les gens changent leurs comportements de façon durable, observe Fabien Durif. S’il ne s’agissait que d’une mode, ou d’une façon d’économiser, ça aurait diminué après la crise. Mais ce n’est pas le cas. »

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