Propagation du coronavirus

La Chine a décidé mercredi d’isoler la ville de Wuhan pour freiner le coronavirus, dont le bilan s’élève à 17 morts. Au Québec, les autorités jouent quant à elles de prudence pour éviter une propagation sur leur territoire.

Propagation du coronavirus

La Chine prend les grands moyens

Les habitants de Wuhan, berceau du virus, ne pourront pas quitter la ville

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) poursuivait mercredi son analyse de la situation, le gouvernement chinois a décidé de prendre les grands moyens pour tenter d’endiguer la propagation dans le pays d’un nouveau virus détecté fin décembre.

Le quotidien China Daily, porte-voix du régime, a annoncé que les 11 millions d’habitants de Wuhan, considéré comme l’épicentre de la crise, ne seraient plus autorisés à quitter la ville à compter de 10 h ce jeudi matin, « sauf s’il y a des circonstances spéciales ».

Les gares ferroviaires et l’aéroport seront fermés, et les transports en commun locaux seront suspendus.

Les résidants ont aussi été avisés d’éviter les rassemblements publics pour réduire les risques de transmission du virus, qui aurait d’abord été transmis de l’animal à l’humain dans un marché de fruits de mer et d’animaux exotiques de la ville.

La décision survient alors que le nombre de cas de contamination rapportés continue de monter rapidement en Chine. Le dernier bilan disponible mercredi faisait état de 550 personnes affectées et de 17 morts, ces derniers étant concentrés dans la province centrale où se trouve Wuhan.

Les territoires autonomes de Macao et Hong Kong ont signalé leurs premiers cas dans la journée. La Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ont aussi signalé une poignée de cas de même nature au cours des derniers jours.

des questions en suspens

L’OMS, qui suit de près la crise depuis des semaines, avait convoqué hier un comité d’experts pour déterminer s’il y a lieu de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale ».

Le directeur général de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué lors d’une conférence de presse à Genève que les membres du comité manquaient d’informations sur le virus pour en arriver à une conclusion définitive et devraient se réunir de nouveau à ce sujet aujourd’hui.

Le Dr Mike Ryan, directeur des urgences sanitaires de l’OMS, a précisé que des questions importantes demeuraient, notamment relativement aux mécanismes de transmission du virus.

Un officiel chinois, Li Bin, a prévenu plus tôt dans la journée qu’il existe un risque de mutation du coronavirus susceptible d’accélérer sa propagation.

Les représentants de l’organisation internationale ont cependant affirmé qu’il n’y avait pas pour l’heure d’indication qu’une mutation problématique était survenue. « Le virus se montre stable », a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le gouvernement chinois a répété pendant plusieurs semaines que le virus pouvait passer de l’animal à l’homme, mais pas entre humains, avant de réviser le tir à ce sujet lundi.

Des pays aux aguets

Plusieurs pays, dont le Canada, ont subséquemment décidé d’instaurer des mesures de contrôle dans les aéroports pour détecter des cas problématiques.

La Dre Cécile Tremblay, une microbiologiste-infectiologue rattachée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, a indiqué hier qu’une décision de l’OMS visant à faire de la crise une « urgence de santé publique de portée internationale » n’aurait pas d’incidence majeure sur l’approche suivie par les autorités sanitaires québécoises et canadiennes.

Le réseau de la santé est déjà sur le qui-vive, et les ressources pour gérer ce type de situation ont été sensiblement accrues depuis l’épidémie de cas de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002-2003, dit la spécialiste.

« Ça permet surtout à l’OMS d’avoir accès à plus d’argent pour venir en aide aux pays qui en ont besoin », souligne-t-elle.

Séjours en Chine

Cinq voyageurs sous surveillance au Québec

QUÉBEC — Les autorités de santé publique sont en état d’alerte partout au pays pour éviter que le coronavirus fasse son chemin jusqu’au Canada. Au Québec, cinq voyageurs en provenance de la Chine, qui présentaient des symptômes s’apparentant à la grippe, ont été placés sous surveillance par mesure préventive.

Des tests effectués en laboratoire se sont également avérés négatifs au coronavirus sur une sixième personne arrivée au Québec. « Ce ne sont pas des cas [confirmés] », a affirmé le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, lors d’un point de presse mercredi.

« Ce sont des gens qui ont une histoire qui pourrait être compatible avec le fait qu’ils auraient été exposés [au virus]. Souvent, les gens vont avoir un rhume comme vous et moi, mais parce qu’ils sont allés en Chine, et particulièrement dans la région touchée, on va faire attention », a-t-il ajouté devant les journalistes.

Le Dr Arruda n’avait pas encore reçu de mise à jour sur le bilan de santé de ces cinq individus, affirmant qu’ils subissaient toujours des examens dans des hôpitaux des régions de Montréal et Québec.

Aucun cas de coronavirus n’a été déclaré au Canada, faut-il le rappeler.

Lundi, l’Agence de santé publique du Canada informait que trois personnes en provenance de Wuhan avaient été testées négativement pour le virus.

« La majorité des cas vont être négatifs, mais on préfère prêcher par excès que de laisser un cas se promener dans la communauté. » 

— Le Dr Horacio Arruda

Selon le Dr Arruda, il n’est pas surprenant que des personnes soient placées sous surveillance par mesure préventive au cours des prochains jours, à la suite de la mise en place de moyens de détection au virus dans les aéroports. « On va être beaucoup plus sensibles à certaines situations », a-t-il précisé.

PAS UNE « SITUATION ÉPIDÉMIQUE »

Le directeur national de la santé publique a également voulu se faire rassurant auprès de la population québécoise, soutenant que le risque de contracter le virus au pays demeure « faible ».

« Pour l’instant, je pense que c’est aux autorités de santé publique à être préoccupées, à faire le travail. Actuellement, les gens n’ont pas à craindre d’attraper le coronavirus 2019 au Québec en circulant et en vivant normalement », a-t-il dit.

« On n’est pas du tout dans une situation épidémique, on est dans une situation de surveillance importante, de vigilance et si la situation changeait au Québec, en matière du niveau de risque, on informerait la population. »

— Le Dr Horacio Arruda

À Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi qu’elle avait reporté sa décision de déterminer si l’éclosion doit être considérée comme une « urgence de santé publique de portée internationale », car le coronavirus est apparu dans d’autres pays.

L’OMS a demandé à son comité d’experts sur la question de poursuivre sa réunion pour une deuxième journée jeudi.

La décision de l’OMS n’aura que très peu d’impacts au Québec, note le Dr Arruda, puisque, en raison de l’arrivée de voyageurs de la Chine, le Canada agit « exactement comme s’il s’agissait d’une urgence internationale ».

« Dans les faits, ça va tout simplement augmenter au niveau mondial la sensibilité de la population. Tous les pays vont devoir être prudents », a-t-il expliqué. Les autorités de santé publique du pays se disent par ailleurs prêtes à faire face à la menace du coronavirus.

« Dans ce genre de situation, ce qui est important, c’est d’avoir une vigilance importante. Il n’est pas dit qu’il n’y aura pas un cas qui va arriver au Canada, mais de le détecter rapidement, de le traiter rapidement, de s’assurer qu’il n’y a pas de transmission en milieu hospitalier, c’est important », a énuméré le Dr Arruda, confirmant que le nécessaire était en place depuis la mi-janvier au Québec.

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