Vêtements

L’année des grands paris pour Miss Versa

Pour fabriquer ses robes Miss Versa, Érik Provencher a adapté au secteur de la mode une technologie d’impression utilisée pour les banderoles et les enseignes extérieures. L’entrepreneur de Drummondville veut maintenant s’inspirer du modèle d’affaires d’Apple pour conquérir le marché américain et doubler ses ventes.

ALLUMÉ PAR LA TECHNOLOGIE

Après avoir passé toute sa vie adulte dans le secteur du vêtement d’intérieur pour hommes, Érik Provencher est passé proche de tout abandonner, en 2010. L’un de ses principaux clients, La Baie, ne voulait plus vendre ses créations, et les merceries fermaient les unes après les autres. L’avenir était plutôt sombre.

« En premier lieu, c’est la technologie qui m’a allumé. J’ai vu l’équipement chez un imprimeur et je me suis dit : "Je peux faire quelque chose de fashion avec ça !" J’étais prêt à faire autre chose dans la vie, mais ça m’a redonné la piqûre. J’avais 20 ans d’expérience dans le textile, c’était dur de renier ça. »

Après avoir investi 225 000 $ dans son usine, il a commencé à créer des robes qui se démarquent, tant par leur tissu que par la technique d’impression des couleurs.

(Pour découvrir en détail comment fonctionne cette technologie et de quelle manière les robes sont fabriquées, consultez notre galerie de photos.)

TENTATIVES INFRUCTUEUSES

À l’origine, la petite robe Miss Versa (pour « versatile »), infroissable, était destinée aux vacancières. Mais l’entreprise a diversifié ses coupes et ses styles. L’entrepreneur de 48 ans confie avoir ainsi « perdu l’essence de Miss Versa » en se lançant dans la production de tuniques, de chandails et de robes « plus design », de robes à manches longues, etc.

La multiplication des coupes a aussi provoqué des problèmes insoupçonnés. « Les acheteurs des boutiques tombaient en amour avec un motif, mais la coupe de la robe n’était pas toujours appropriée à leur clientèle. » Les modèles très cintrés, par exemple, se vendaient peu dans les boutiques pour femmes plus âgées.

« On a tenté de mettre tous nos imprimés sur toutes nos coupes, mais en production, ça n’avait aucun bon sens. On faisait tellement de petites productions qu’on n’arrivait pas à livrer à temps ! » Les ventes n’ont pas vraiment souffert, mais on comprend que la situation n’a pas été plaisante pour les boutiques.

STRATÉGIE D’AFFAIRES INSPIRÉE D’APPLE

« On va faire comme Steve Jobs quand il est revenu chez Apple. On va faire un gros ménage », résume Érik Provencher, quand on lui demande ce qu’il entend faire pour redresser la barre.

À l’instar de l’entreprise à la pomme, qui fabrique un nombre très réduit de modèles de téléphones par rapport à sa rivale Samsung, Miss Versa canalise désormais son énergie. « On se concentre sur la robe pour le voyage, les croisières, les resorts [complexes touristiques]. On a l’air de rapetisser, mais non. On veut qu’il y ait moins d’invendus dans les boutiques. Ce qu’on recherche, c’est la répétition. Que les boutiques achètent tous les mois. »

Dès octobre, la PME ne produira plus que deux coupes. Mais proposera quatre nouveaux motifs chaque mois.

« On veut que ce soit simple pour les boutiques de travailler avec nous, qu’elles achètent des vêtements en fonction de leur situation financière, afin qu’elles n’annulent plus des commandes à la dernière minute, faute de fonds suffisants. »

OBJECTIF : DOUBLER LES VENTES

Érik Provencher admet être incertain de l’impact de ce nouveau mode de fonctionnement – à court terme – sur ses états financiers. La simplification, croit-il, devrait surtout améliorer sa profitabilité.

Le Drummondvillois se prépare par ailleurs à attaquer le marché américain. Dans les prochains jours, il enverra des robes et des catalogues à une longue liste de clients potentiels dans le sud des États-Unis.

À l’heure actuelle, ses robes sont principalement vendues au Québec. D’ici 3 ans, l’entreprise prévoit compter 100 clients aux États-Unis, ce qui ferait doubler les revenus.

Le Dernier Mec en bref

PROPRIÉTAIRE-FONDATEUR : Érik Provencher, 48 ans

PRODUIT PHARE : les robes Miss Versa (depuis 2010)

FONDATION : 1990

POINTS DE VENTE : une centaine, au Québec (80 %) et en Ontario (20 %)

VENTES EN LIGNE : 5 % du chiffre d’affaires

CROISSANCE ANNUELLE MOYENNE DES VENTES : 15 %

EMPLOYÉS : 5

USINE : 1, à Drummondville

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