grève dans l’industrie de la construction

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Chronique

En attendant la loi spéciale

Le plus souvent, on est habitué de voir les grands chantiers routiers de la région métropolitaine inoccupés, ou bien fort peu achalandés, mais hier, l’anémique activité ouvrière habituelle avait cédé le pas au désert le plus total. Lorsque 170 000 travailleurs de la construction disparaissent subitement de la circulation, ça paraît.

On se serait cru en plein mois de juillet, hier matin à Montréal. La ville avait pris des airs de vacances de la construction. À 10 h 30, même le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine était traversable de la Rive-Sud, alors qu’habituellement, à cette heure, le bouchon de voitures persiste encore aussi loin que l’autoroute 30, quand ce n’est pas jusqu’à Sainte-Julie.

Cette inactivité forcée par le déclenchement de la grève générale des travailleurs de la construction peut sembler providentielle pour certains, elle est toutefois hautement préjudiciable pour l’activité économique de tout le Québec.

On le sait, l’industrie de la construction est un puissant moteur économique, puisqu’elle génère des dépenses de l’ordre de 46 milliards par année, ce qui représente 12 % du produit intérieur brut (PIB) québécois.

Et le grand mérite de cette forte activité économique est qu’elle se déploie dans toutes les régions du Québec, qu’elle assure directement de l’emploi à 236 000 personnes et qu’elle génère une masse salariale de près de 6 milliards par année.

La construction résidentielle constitue l’activité centrale de plus de 15 000 entreprises au Québec, alors que la construction commerciale, industrielle et institutionnelle regroupe plus de 18 000 entreprises. Enfin, 2600 entreprises sont spécialisées dans les travaux de voirie et de génie civil.

Plus de 80 % de ces 35 000 entreprises sont des PME qui comptent moins de cinq employés.

On comprend donc que l’arrêt total des activités des 170 000 travailleurs syndiqués de l’industrie de la construction ne paralyse pas seulement des chantiers en cours, mais il force à l’inactivité complète une quantité incroyable de PME qui dépendent de cette industrie.

Ce n’est donc pas un secret ni une surprise pour personne que le gouvernement québécois adopte de façon imminente une loi spéciale qui forcera le retour au travail des travailleurs de la construction, à moins qu’une entente inattendue ne se matérialise d’ici le retour de voyage du premier ministre Couillard.

On se souviendra que les 10 jours de grève qui avaient paralysé l’industrie en 2013 s’étaient répercutés par le recul de 1 % du PIB québécois durant le mois de juin.

On a calculé à l’époque que chaque jour de grève avait privé l’économie québécoise de 33 millions. Québec estime aujourd’hui que la grève générale va se traduire par un manque à gagner quotidien de 45 millions.

Chose certaine, les entrepreneurs en construction avec qui je me suis entretenu hier étaient tous soulagés par la perspective de l’adoption rapide d’une loi spéciale qui mettra fin au conflit, limitant ainsi les dommages causés à leur échéancier.

Une industrie à repenser

Au-delà du conflit, né de l’impasse des négociations, Pierre Pomerleau, PDG du Groupe Pomerleau, la plus importante entreprise de construction au Québec et parmi les 10 plus grandes au Canada, est convaincu que l’industrie doit changer ses façons de faire et moderniser radicalement ses pratiques.

« Une étude mondiale de McKinsey vient de démontrer que l’industrie de la construction n’a fait aucun de gain de productivité au cours des 30 dernières années.

« Contrairement aux autres secteurs industriels qui ont tous intégré massivement les nouvelles technologies, l’industrie de la construction n’a pas évolué. Chaque année, cette improductivité coûte 1300 milliards à l’économie mondiale », m’a expliqué hier Pierre Pomerleau.

Il faut, selon le PDG, que les entrepreneurs intègrent toutes les étapes qui vont de la conception à la réalisation d’un projet. Il faut que les entrepreneurs s’assoient avec les propriétaires, les architectes, les ingénieurs et leurs fournisseurs pour élaborer des solutions créatrices.

C’est d’ailleurs la raison qui a poussé Pierre Pomerleau à participer activement à la mise sur pied de la Chaire de recherche industrielle Pomerleau sur l’innovation et la gouvernance des projets de construction, qui a été inaugurée la semaine dernière à Polytechnique Montréal.

Le groupe Pomerleau, qui emploie 4000 personnes, a réalisé des revenus de 1,7 milliard en 2015. L’entreprise supervise et réalise simultanément quelque 125 chantiers au Canada. L’arrêt de travail d’hier a paralysé pas moins de 90 de ses chantiers à travers le Québec, pour toucher au moins 10 000 travailleurs (en incluant les sous-traitants et les fournisseurs).

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