Affaire de famille  Dominique Brown

Le don de l'entrepreneuriat

Qui : Dominique Brown a fondé en 2000 un des premiers studios de jeux vidéo à Québec, Beenox, avant de racheter en 2012 Chocolats Favoris. L’entreprise est passée depuis de 70 à 1000 employés et de 3 à 26 magasins.
Père : Jacques Brown, médecin
Mère : Claude Labrie, bachelière en philosophie, mère de huit enfants

De chef de meute d’une famille nombreuse à propriétaire de Chocolats Favoris : voici le parcours de Dominique Brown en quatre petites et plus grandes entreprises, commenté par ses parents.

Aîné et boss

Né en 1978, élevé à Cap-Rouge, qui sera fusionné à Québec, Dominique Brown est l’aîné de huit enfants, six garçons et deux filles. C’était cela, sa première entreprise. « Je gérais mes frères et sœurs, résume-t-il. La règle chez moi, c’est qu’il fallait aller jouer dehors. On se retrouvait dans le bois, il fallait que quelqu’un prenne ça en charge, dise à quoi on allait jouer. On construisait des camps dans le bois, on se trouvait des arbres, j’aimais beaucoup ça. »

« Ma fille m’a dit de rappeler, pendant l’entrevue avec La Presse, qu’il était l’aîné des huit et que déjà, il était boss et chef d’entreprise ! lance sa mère, Claude Labrie. D’être l’aîné des huit, ça l’avait disposé à gérer du monde. Ça devait être dans son tempérament. Il ne rentrait pas facilement dans les projets des autres. »

Bitcoins avant l’heure

Anecdote savoureuse que même ses parents ne se rappelaient plus : Dominique Brown avait créé une monnaie parallèle à son école primaire. « Je me montais toutes sortes de façon de faire de l’argent. Avec l’ordinateur de mon père et une imprimante à bande, je m’imprimais des feuilles et des feuilles de faux billets de banque, style Monopoly. Tous les enfants à l’école en voulaient. Après deux semaines, c’était devenu comme une monnaie à l’école. »

Déjà passionné par les jeux vidéo, il en a acheté un à un autre élève en le payant avec cette monnaie imaginaire. « Je me rappelle le jour où il m’a dit : "Maman, quand je vais être grand, je vais faire des jeux vidéo et je vais être le boss", raconte Mme Labrie. Il s’est toujours enligné là-dessus. »

Quant à son aventure avec la monnaie imprimée, elle a fini abruptement après l’achat du jeu vidéo. « L’ami est revenu tout content chez lui avec une liasse de faux billets. Et là, les parents n’ont pas apprécié du tout et ils ont appelé à l’école et j’ai dû cesser mon commerce de billets. »

Passage à vide et grand saut

C’est en 1995 que le jeune Dominique, alors élève au secondaire, enregistre l’entreprise qui allait devenir le studio de jeux vidéo Beenox. Il lui faudra cependant traverser quelques années de passage à vide, qui lui vaudront notamment un renvoi du cégep, avant de fonder l’entreprise, en septembre 2000. « Je lui avais dit qu’il s’ennuierait à mourir au cégep, qu’il en saurait plus que le prof au bout d’un mois, et c’est ce qui est arrivé », raconte Mme Labrie. « Je lui ai dit, à l’époque, que c’était bien beau d’avoir de la passion, mais qu’il fallait aussi y mettre de l’effort, dit Jacques Brown. Les deux ans de "battement" au cégep où il se cherchait, je pense que ç’a été bon pour lui, finalement. »

Dominique profitera finalement du transfert du studio MegaToon à Montréal, où il avait fait ses premières armes, pour recruter quatre collègues et démarrer officiellement Beenox. Le studio comptera 370 employés au moment du départ de son fondateur, précisément le 31 décembre 2012.

Chocolat et passion

Le jeune entrepreneur ne restera pas longtemps les bras croisés. « Je voulais prendre un an d’arrêt, j’avais des clauses de non-concurrence, mais le 1er janvier 2013, je commençais chez Chocolats Favoris, une compagnie que j’avais acquise en 2012. C’est là qu’on a lancé le nouveau concept et ç’a été un succès incroyable. » Ses deux parents hochent la tête en l’écoutant. « Être un entrepreneur, ce n’est pas un choix, mais un don et ce don, il l’a, estime Mme Labrie. Nous sommes deux universitaires et beaucoup de gens s’étonnent que seulement trois de nos enfants aient fréquenté l’université. Mais ils ont tous bien réussi et font des métiers qu’ils aiment. »

« Dominique est toujours passionné quand il fait ce qu’il aime », renchérit Jacques Brown. « Une des façons dont mes parents m’ont beaucoup aidé, c’est qu’ils ne m’ont pas nui, résume Dominique. Ça a l’air bête, mais ils ne m’ont pas forcé, poussé vers telle chose. Une des choses que mon père m’a dites, c’est… »

Le père de l’entrepreneur saisit la balle au bond : « Faites ce que vous voulez, mais faites ce que vous aimez. »

« Exactement, et on ne s’était même pas consultés avant ! », dit Dominique Brown en souriant.

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