Collaborateur invité LP Maurice

Guider nos meilleurs talents vers les start-up 

Diplômé de Harvard et cofondateur de Busbud, une start-up de Montréal qui veut révolutionner le transport par autobus, LP Maurice est notre collaborateur invité pour tout le mois de septembre. 

« Les meilleurs cerveaux de notre génération sont gaspillés à optimiser les clics sur le web et à créer des produits financiers dérivés complexes. C’est dommage », a récemment déclaré un vétéran de Silicon Valley.

Souvent, les meilleurs talents choisissent les trajectoires de carrière les plus payantes. Au Québec, on valorise beaucoup les professions : médecins, avocats, comptables, notaires, consultants en management. Voilà des carrières nobles et payantes.

Il est grand temps de valoriser au même titre le parcours entrepreneurial.

Si un extraterrestre débarquait sur Terre aujourd’hui, il constaterait que beaucoup de choses ont grand besoin d’amélioration, notamment en matière d’environnement, de santé, d’éducation, de transport, d’infrastructure, d’alimentation, etc. Les entrepreneurs peuvent jouer un rôle majeur dans toutes ces sphères. Ils bâtissent les organisations, concrétisent les idées et mettent en marché les produits et services nécessaires.

Les carrières les plus stimulantes sont désormais dans les start-up, notamment en raison de l’indépendance qu’elles procurent et de la capacité qu’elles offrent de créer son propre environnement de travail, mais surtout pour la taille des défis et leur potentiel d’impact direct dans la société.

À Montréal, la start-up Provender met en contact les fermiers locaux et les chefs de restaurant au moyen d’une plateforme en ligne qui leur donne accès aux ingrédients les plus frais, ce qui améliore la qualité de l’alimentation de milliers de Montréalais. Transit App, une autre start-up montréalaise, a créé une application qui fournit les horaires des autobus publics, ce qui facilite l’utilisation des transports collectifs pour les habitants de centaines de villes. L’entrepreneur social Fabrice Vil a quitté sa profession d’avocat pour lutte contre le décrochage scolaire grâce au basketball avec son projet Pour 3 points. Christine Renaud, titulaire d’une maîtrise en éducation de l’Université Harvard, a lancé l’entreprise E-180, une plateforme qui met en contact des personnes qui ont des compétences à partager avec d’autres qui sont désireuses d’apprendre.

Oui, une carrière entrepreneuriale est plus risquée. Cela dit, il n’est pas nécessaire de lancer une entreprise pour suivre un parcours entrepreneurial. En fait, il est souvent préférable de travailler d’abord pour une jeune entreprise avant de lancer la sienne. 

Au lieu de faire « le grand saut », pourquoi ne pas faire plusieurs petits sauts ? Plusieurs jeunes entreprises montréalaises offrent désormais des postes stimulants avec un salaire annuel de 50 000 à 100 000 $.

Par où commencer, donc, pour découvrir l’écosystème des start-up ? Il y a à Montréal une richesse incroyable d’organismes et d’événements. Récemment, la société Real Ventures a tenu à la Maison Notman une conférence intitulée Breaking into Startups, où l’on traitait justement de la transition d’une carrière professionnelle au monde entrepreneurial. À la fin d’octobre, la communauté des start-up organisera sa deuxième journée annuelle portes ouvertes, où il sera possible de visiter plus de 50 entreprises à fort potentiel le temps d’un 5 à 7. L’an dernier, plus de 1300 Montréalais y ont participé. Montréal New Tech et Startup Drinks organisent aussi des activités mensuelles bien fréquentées pour rallier la communauté. Du côté universitaire, il y a de plus en plus d’options pour soutenir les jeunes entrepreneurs étudiants, entre autres District 3 (Concordia), MES (McGill), le Centre d’entrepreneurship HEC-Poly-UdeM (Université de Montréal) et Next 36 (pancanadien).

Il manque plusieurs types de talents actuellement dans notre écosystème, d’abord et avant tout dans le domaine technique. Il nous faut des dizaines de milliers de développeurs web et d’ingénieurs de logiciels. Ensuite, il faut retenir nos meilleurs universitaires, notamment des cycles supérieurs, qui quittent trop souvent le Québec pour chercher à l’étranger un travail stimulant et bien rémunéré. De plus, notre écosystème a besoin sans contredit de beaucoup plus de femmes entrepreneures et ingénieures. Enfin, notre porte doit être plus ouverte aux talents de pointe de l’extérieur du Canada. Sans eux, nos entrepreneurs québécois mettront plus de temps à réaliser leurs projets.

Ces entrepreneurs qui prennent des risques avec leur carrière et qui acceptent de travailler pour presque rien au début afin d’avoir un impact dans le monde, ce sont mes pairs et mes amis. Ce sont aussi souvent mes héros.

Pour cette raison, et pour le bien de la société québécoise, j’ai le souhait profond que les gens les plus dynamiques, brillants et passionnés du Québec les rejoignent dans leur aventure pour changer le monde. Incitons nos meilleurs talents à poursuivre des routes entrepreneuriales et à se joindre à des projets entrepreneuriaux. 

À lire la semaine prochaine : comment peut-on aider les meilleurs entrepreneurs québécois à étendre leurs ailes à l’international ?

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