Ski de fond

Harvey frôle le podium

Québec — « On se croirait à Holmenkollen ! » L’annonceur s’est peut-être emporté, mais avec ce ruban humain couvrant la presque totalité du parcours, les plaines d’Abraham avaient en effet un petit air du lieu mythique du ski de fond en Norvège, où se réunissent parfois 100 000 spectateurs.

Sous un soleil implacable, Alex Harvey s’est d’ailleurs démené durant toute la course au milieu d’un peloton de Norvégiens. Le champion mondial a fini par céder le pas dans l’ultime montée, avant de puiser dans ses dernières ressources pour terminer quatrième du 15 km classique en départ groupé, hier après-midi.

Le dénouement n’était pas comparable à son triomphe de la veille au sprint, mais Harvey avait néanmoins le sentiment du devoir accompli à l’issue de cette deuxième étape des finales de la Coupe du monde de Québec.

« Tu ne peux pas gagner tous les jours ! », a-t-il lâché, tout sourire, pendant qu’une bande d’amis entonnait une chanson en son honneur près de l’aire d’arrivée.

« Chaque fois que je suis dans le top 10 en Coupe du monde, c’est satisfaisant, a ajouté Harvey. Aujourd’hui, on commence à mettre un clou de plus dans le cercueil pour le classement cumulatif. »

Il faisait référence à sa nouvelle priorité de 92 points sur Matti Heikkinen au troisième rang du classement général de la Coupe du monde, son dernier grand objectif de la saison.

Lointain 26e hier, le Finlandais de 33 ans a pratiquement concédé le podium final à son rival canadien après la course. Il s’est comparé au « méchant » dans la série américaine MacGyver, dont le héros est un agent secret doué pour se sortir de situations fâcheuses.

« Harvey, c’est MacGyver, et moi, le méchant », a résumé Heikkinen, pince-sans-rire. « Le problème, c’est que MacGyver gagne toujours ! »

L’armada norvégienne

En fait, Harvey, qui peut encore terminer deuxième, a rencontré plus fort que lui hier. Johannes Høsflot Klæbo s’est révélé le plus fort de l’armada norvégienne, se détachant dans la dernière côte pour s’imposer au sprint devant son compatriote Niklas Dyrhaug. Le Russe Alexander Bessmertnykh, qui avait des bombes sous les pieds, a facilement résisté à Harvey pour compléter le podium.

Klæbo est le nouveau meneur du minitour de Québec en vertu des secondes de bonification engrangées à l’arrivée et lors des deux sprints intermédiaires. Aujourd’hui, le prodige de 20 ans s’élancera avec une priorité de 22 et 23 secondes sur Dyrhaug et Harvey pour la poursuite de 15 km style libre qui couronnera le grand gagnant.

« Ça va être une chasse à l’homme par rapport au jeune Norvégien, a résumé Harvey. Vingt-trois secondes, c’est du stock, mais je pense que c’est possible. Lui va être tout seul devant. On va voir comment il se sent demain, mais je pars avec l’intention d’essayer de le rattraper, c’est sûr. »

Le favori local s’attend à devoir faire le gros du travail. « Je ne pense pas que Dyrhaug va chasser son coéquipier », a répondu Harvey à un journaliste norvégien. « Je vais le faire. Mais c’est correct. »

Quelques secondes plus tard, Dyrhaug a offert une lecture différente, jugeant que le Canadien et lui avaient plutôt des « intérêts communs ». Informé des déclarations d’Harvey, il est devenu moins catégorique : « On doit parler avec le personnel de l’équipe et voir ce que Johannes a à dire aussi. Mais c’est dans notre intérêt commun de créer un grand écart derrière. Si je suis assez fort, je crois que je vais peut-être aider Alex. »

Vainqueur de sa première épreuve de distance à vie, Klæbo voulait analyser la situation plus en profondeur avant de se prononcer sur sa stratégie. « Vingt-deux secondes, c’est un peu mince. Alors, je pense que je vais commencer un peu plus lentement et espérer qu’on soit trois ensemble devant », a-t-il néanmoins expliqué.

Le suspense sera donc à son comble pour cette grande finale de la saison 2016-2017. « C’est un peu fort de comparer ça à Holmenkollen, mais je ne crois pas qu’on ait déjà vu d’aussi grandes foules au Canada », a souri le vétéran canadien Devon Kershaw (28e), nouveau résidant d’Oslo.

Super athlète, super maman

Marit Bjørgen trouve le temps long depuis son arrivée à Québec. La fondeuse norvégienne s’ennuie de Marius, son fils de 15 mois. « Ce n’est pas facile de voyager sans lui, a-t-elle admis. Je passe une semaine ici, loin de lui. Je m’ennuie. C’est dur d’être dans un hôtel à ne rien faire et à ne penser qu’à lui. » Mais quand la maman de presque 37 ans enfile un dossard, attention. Deux semaines après ses quatre médailles d’or aux Mondiaux de Lahti, Bjørgen s’est encore imposée lors du 10 km classique en départ groupé, hier matin. Dans une affaire toute scandinave, elle a devancé sa compatriote Heidi Weng, nouvelle meneuse du minitour, et la Finlandaise Krista Parmakovski, qui a fait une chute peu après le départ.

À la veille de la dernière étape du minitour, aujourd’hui, Weng détient une priorité d’une seconde sur Bjørgen. Emily Nishikawa a obtenu le meilleur résultat canadien, une 37e place à 1 min 51,7 s de la gagnante. Cendrine Browne a pris le 41e rang (+ 2 min 28,2 s), heureuse de sa forme en cette fin de saison. « Il y en a qui se sentaient fatiguées aujourd’hui, mais moi, au contraire, j’avais de la belle énergie, de bons skis », a souligné la fondeuse de Saint-Jérôme.

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