Coupe du monde 2026

À Montréal de jouer

NEW YORK — La balle, ou plutôt le ballon, est dans le camp de Montréal.

« On sait que Montréal est une ville internationale. On sait aussi qu’un événement international comme la Coupe du monde de soccer attire beaucoup de gens. Alors j’espère, et je pense, que Montréal voudra être de la partie. »

Victor Montagliani, président de l’Association canadienne de soccer, a tenu ces propos hier à New York après la conférence de presse confirmant la candidature conjointe du Canada, des États-Unis et du Mexique pour obtenir l’organisation de la Coupe du monde de soccer 2026.

L’optimisme de Montagliani concernant la volonté de Montréal de présenter des matchs de ce Mondial tient en partie à l’enthousiasme de Denis Coderre à l’égard de cet événement. Un enthousiasme qui ne serait pas freiné par les problèmes soulevés par le Stade olympique, qui ne répond pas en ce moment aux exigences de la Fédération internationale de football association (FIFA).

« Mon ami Denis Coderre m’a dit qu’il travaillait à trouver des solutions », a confié Montagliani, qui est également président de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF).

Une première

L’annonce de la candidature conjointe Canada – États-Unis – Mexique s’est faite au sommet de la tour de la Liberté. Les représentants des fédérations de soccer des trois pays ont tous souligné le caractère « historique » de leur démarche. Non seulement le Mondial 2026 serait-il le premier à être organisé par trois pays, mais de plus il réunirait un nombre record de pays – 48, contre 32 actuellement, avec 16 groupes de 3 équipes.

Quatre-vingts matchs seront disputés à l’occasion de ce Mondial, dont 10 pourraient avoir lieu au Canada et 10 au Mexique. Les États-Unis présenteraient les 60 autres, se réservant tous les matchs à partir des quarts de finale.

« C’est notre proposition », a déclaré Sunil Gulati, président de la Fédération de soccer des États-Unis, tout en rappelant qu’il reviendra à la FIFA de décider quels pays et quelles villes présenteront des matchs.

« C’est leur tournoi », a-t-il ajouté.

Suspense

La FIFA attribuera le Mondial 2026 en mai 2020. Le trio de pays nord-américains part favori en raison d’une règle de la FIFA adoptée l’an dernier. Celle-ci interdit à l’Europe ou à l’Asie d’organiser la Coupe du monde de 2026, car la Russie et le Qatar, des pays situés sur ces deux continents, accueilleront les deux prochaines éditions.

Après le Mondial 2014 au Brésil, l’Amérique du Sud a par ailleurs décidé de concentrer ses efforts sur celui de 2030, qui pourrait être présenté conjointement par l’Argentine et l’Uruguay.

Aucun pays de l’Afrique ou de l’Océanie n’a les infrastructures pour accueillir pareil événement jusqu’à nouvel ordre.

Donald Trump a peut-être levé un obstacle important à la candidature des trois pays nord-américains. Non, il n’a pas abandonné son projet de construire un mur à la frontière sud de son pays, mais il a assuré Gulati et ses partenaires de son « appui entier » à leur projet.

« Le président des États-Unis se réjouit particulièrement du fait que le Mexique fasse partie de cette candidature », a dit le président de la Fédération de soccer des États-Unis.

Les États-Unis ont déjà organisé la Coupe du monde de soccer à une reprise, en 1994, et le Mexique à deux reprises, en 1970 et en 1986. Le Canada pourrait de son côté devenir le quatrième pays après les États-Unis, la Suède et l’Allemagne à accueillir la Coupe du monde de soccer féminin et masculin.

« Ce serait une chance exceptionnelle de promouvoir notre sport », a déclaré Victor Montagliani, président de l’Association canadienne de soccer.

Ce pourrait aussi être une chance exceptionnelle, pour son bon ami Denis Coderre, de faire la promotion de Montréal. Mais sa ville en aura-t-elle les moyens ?

Le Stade olympique

Lors des trois éditions qui auront précédé la Coupe du monde 2026, la plus petite enceinte utilisée aura été celle de Kaliningrad, en Russie, avec ses 35 212 places. À Montréal, seul le Stade olympique dépasse ce chiffre, mais plusieurs obstacles nuisent actuellement à ses chances d’accueillir un match de la Coupe du monde. « Il faudrait vraiment faire des ajustements, reconnaît Walter Sieber, longtemps impliqué auprès de la FIFA à titre de conseiller spécial. Je pense à la tribune de presse ou à la tribune des VIP. Concernant le toit, j’imagine qu’il y en aura un nouveau d’ici 2026. S’il est rétractable, ce serait mieux, sinon, il faudrait trouver la solution pour mettre du gazon naturel. »

Luminothérapie ?

Par le passé, le Stade olympique a déjà troqué son tapis synthétique pour du gazon naturel lors d’un match amical entre l’Impact et l’AC Milan, en juin 2010. Dans le cas d’un toit fermé, la luminothérapie serait une bonne solution pour permettre à une pelouse naturelle d’être utilisée durant plusieurs matchs de Coupe du monde. « Si on regarde en Angleterre, beaucoup de stades n’ont pas beaucoup d’ensoleillement, mais ils s’en sortent avec de la lumière artificielle, a confirmé Sieber. Tout est possible, surtout qu’on est quasiment à 10 ans de l’échéance. Je ne vois pas de problèmes là. »

Pas au stade Saputo

Une chose est certaine au chapitre des infrastructures montréalaises, il est impensable que le stade Saputo soit rénové et agrandi pour respecter les critères de la FIFA. « Ici, avec l’espace qu’on a, c’est impossible d’agrandir au point d’en arriver à une capacité de 45 000 à 50 000 personnes », a tranché le vice-président de l’Impact, Richard Legendre. Actuellement, le stade Saputo peut accueillir 20 801 spectateurs.

Le centre d’entraînement, un atout

Montréal a cependant un autre atout à ne pas négliger : le centre d’entraînement de l’Impact qui, au cours des dernières années, avait accueilli Chelsea et le Real Madrid lors de leurs tournées estivales. Dans un mondial à 48 équipes, le Centre Nutrilait pourrait-il servir de camp de base à l’une des équipes qui joueraient dans l’est du continent ? « Ça dépend des demandes et des besoins, a répliqué Legendre. Le Centre Nutrilait est avant tout pour notre première équipe, et ce sera encore le cas en 2026. Maintenant, on a eu des équipes européennes qui sont venues l’été, et on a été capables de combiner les deux. Sauf que c’était durant une semaine ou dix jours seulement. C’est difficile de répondre en ce moment. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.