Hockey

Profession : préparateur physique

Pour la moitié des joueurs de la Ligue nationale, la saison de hockey dure sept mois. Les plus chanceux – et talentueux – la prolongeront à huit, voire neuf mois. Ce qui ne veut pas dire que les vacances durent trois mois…

C’est ici qu’entrent en jeu les préparateurs physiques, ceux qui s’assurent que les vétérans maintiennent la forme, que les espoirs gagnent du coffre et que tout ce beau monde reste en santé.

« On gère le quart de l’année des joueurs de la Ligue nationale, et c’est la partie sans compétition en plus, donc c’est plus difficile. Il faut aussi qu’ils aient du plaisir, qu’il y ait une ambiance de famille, pour que les gars aient le goût de venir tous les jours », rappelle Jean-Philippe Hamel, qui entraîne des joueurs sur glace à Candiac avec son partenaire, Alexandre Tessier.

DES PARCOURS VARIÉS

Plusieurs chemins mènent au métier de préparateur physique. Hamel et Tessier, par exemple, ont joué dans la LHJMQ, mais ont ensuite acquis des connaissances à l’université, avant de tisser un réseau de contacts qui leur a permis de fonder Hamel Tessier Performance. Leur notoriété dans le milieu leur a permis d’entraîner plusieurs joueurs du Canadien pendant le lock-out de 2012.

Stéphane Dubé est lui aussi passé par les bancs d’école. C’est au cours d’un projet d’université que tout a débloqué, un chemin qui l’a mené, dans le sillage de Michel Therrien, chez le Canadien de Montréal et les Penguins de Pittsburgh. Aujourd’hui, il accueille notamment dans son gymnase Alexandre Burrows, Jonathan Bernier, Pascal Dupuis et Dainius Zubrus.

« J’ai recruté 10 joueurs, je leur ai demandé s’ils voulaient embarquer pour un an, parce que je n’avais pas le choix, raconte Dubé, préparateur physique en chef au Centre performe +, à Boisbriand. À la base, je ne voulais pas concevoir un programme, je voulais juste valider des choses. Ils étaient tous midget AAA. Dans les 10 premiers joueurs, il y avait Joël Bouchard, Ian Laperrière et Patrick Boileau [NDLR : tous repêchés dans la LNH]. C’est ce qui a fait que ça a parti en malade ! Le Titan de Laval en a entendu parler et ça a pris son envol. »

Jonathan Chaimberg vient quant à lui du milieu de la lutte amateur, mais des commotions cérébrales l’ont forcé à interrompre sa carrière. C’est ce qui explique que Kristopher Letang, Jakub Voracek et Éric Gélinas ne sont pas les seuls athlètes dans son gymnase de l’ouest de Montréal.

« J’ai entraîné Martine Dugrenier, qui a été championne du monde. J’ai entraîné Georges St-Pierre, ça m’a mené à Rashad Evans et plusieurs autres athlètes de l’UFC. J’ai eu Kris [Letang] il y a trois ans, Jakub Voracek et Jiri Hudler. Jean Pascal. Vasek Pospisil. Russell Martin. J’ai eu la chance d’avoir des athlètes de haut niveau dans plusieurs sports. »

APPUYER SUR LES BONS BOUTONS

Peu à peu, ces groupes de joueurs en viennent pratiquement à former une équipe.

« Au début, j’étais avec André Roy et Ian Laperrière, c’était des clowns, se rappelle Burrows. Ils n’avaient pas peur de nous piquer si on ne poussait pas assez à leur goût. Maintenant, c’est à nous de pousser les jeunes. »

« Les gars se poussent entre eux. Et ça amène un aspect qui n’est pas banal : l’assiduité. Tu manques l’entraînement du mercredi, tu arrives le jeudi, les gars te regardent et te demandent où tu étais. »

— Jean-Philippe Hamel

Les joueurs se motivent les uns les autres, mais les entraîneurs ont aussi le mandat de pousser les athlètes.

« La façon de pousser Letang, c’est de lui dire que quelqu’un a fait un meilleur temps, a levé plus de poids que lui, soutient Chaimberg. Ça fonctionne, car il est très compétitif et il a un ego. Mais les joueurs tchèques s’en foutent. Je leur dis : “Kris a fait ceci.” Ils répondent : “Tant mieux pour lui. Va te faire foutre.” Ils sont comme ça. »

« Antoine Roussel est un des pires, il veut être le meilleur dans tous les départements, ajoute Dubé. Pascal Dupuis est probablement le meilleur athlète en matière de force et de vitesse, c’est le plus complet et Antoine essaie de se pousser par rapport à lui. Cet été, Pascal se remettait d’une blessure à un genou. On faisait des temps de passage à la course, Pascal était le plus vite et Antoine ne le prenait pas ! Ça rend ma tâche beaucoup plus facile. »

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