Conférence New Cities Summit Chronique

La fille aux balançoires

Vous ne connaissez pas son nom, mais vous connaissez probablement ses balançoires. Melissa Mongiat les a conçues en 2011, avec sa partenaire d’affaires et amie Mouna Andraos.

Ce sont des balançoires spéciales qu’on retrouve avec bonheur chaque printemps, depuis six ans, sur la promenade des Artistes, derrière la Place des Arts.

Quand on se balance, elles déclenchent des notes de musique. Et quand les balançoires bougent toutes ensemble, ça crée une mélodie qui ne pourrait pas exister sans la « coopération des participants ».

Vous me voyez venir ?

Ce ne sont pas vraiment des balançoires.

Du moins, pas au sens où on l’entend habituellement.

C’est une œuvre d’art public qui porte un message : « On gagne ensemble plutôt que tout seul ». Et c’est ce message, celui de la coopération, que Melissa Mongiat livrera aujourd’hui aux participants du New Cities Summit, qui se tient à Montréal jusqu’à jeudi.

« Les balançoires, c’est un outil de démocratie », m’a-t-elle dit hier dans les locaux encombrés qu’elle occupe au quatrième étage d’un immeuble rempli d’artistes, Avenue De Gaspé, dans le Mile End. Des locaux de 3000 pieds carrés baignés de lumière et non climatisés…

« La réalité, c’est qu’il y a de plus en plus de gens qui déménagent dans les villes. Et que ça crée plein de problèmes complexes. Il faut qu’on comprenne qu’on est mieux à plusieurs que seuls. »

« Les balançoires, par exemple, ça enlève toutes les tensions dans l’environnement. Ça fait en sorte que les gens se parlent. Ça crée un sentiment de familiarité. C’est cette idée qu’on essaie de pousser dans tous nos projets. Ultimement, l’idée que tout est possible. »

— Melissa Mongiat

Vous voyez : on est loin du simple jeu.

Mais ce jeu qui n’en est pas vraiment un suscite énormément de demandes partout dans le monde.

Les balançoires ont été présentées à San Jose, à New York, à Detroit, au Colorado… Une tournée américaine a lieu cet été. Une autre se dessine en Europe.

« Plein de gens nous appellent. Du coup, on a fait un kit qui voyage ! On aurait pu prendre la décision de faire une compagnie axée uniquement sur ce produit. On le fait en parallèle, mais on préfère pousser l’idée de l’espace public, de la coopération, de la collaboration, des expériences collectives. »

Ainsi, au fil des ans, sont nées de nombreuses œuvres d’art interactives : le Mesa Musical Shadows en Arizona, le Big Sing Along dans une foire agricole de Minneapolis, le Musée des possibles à Montréal, le Kit opérette à Paris, la Machine à turlute qui a fait le tour du Québec…

Et jusqu’à la fin du mois de juillet, à la Gaîté lyrique, à Paris, Daily tous les jours, l’entreprise de design numérique qu’elle a fondée avec Mouna Andraos en 2010, présente l’exposition Extra Fantômes « sur la technologie qui nous hante ».

Mais plus près de nous, de 14 h 15 à 15 h 30 aujourd’hui, au New Cities Summit, Melissa va donner un atelier sur le processus de création. Après une courte présentation, elle va inviter les participants à aller dehors. Elle aura ciblé un lieu qui manque d’amour : l’esplanade Clark, le stationnement derrière le Gesù ou un autre endroit à proximité. Puis, elle divisera les participants en trois équipes. Il y aura une équipe « histoire », une équipe « site » et une équipe « gens ».

« Les gens vont étudier le site, comprendre le contexte d’un projet et après, on va les inviter à faire des séances d’idéation. On va poser des questions pour essayer de stimuler les idées, voir de nouveaux scénarios urbains. Le but est d’améliorer le facteur de coopération dans un lieu public.

 – Et ça marche ?

 – Oui, ça marche quand même assez bien ! »

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