Hockey

« Claude est un grand coach »

Steve Bégin l’admet, il s’est inquiété pour son ancien entraîneur Claude Julien en début de saison.

« Plusieurs étaient convaincus qu’il serait le premier à perdre son poste, confie-t-il à La Presse au téléphone. J’espérais que non, mais il y a eu des décisions douteuses chez les Bruins cet été. Il devait lui-même se demander ce qui se passait. Boston n’a certainement pas amélioré son club à court terme. Quand il y a beaucoup de changements, tu ne sais jamais ce qui peut se produire. Au moins, ils n’ont pas paniqué au début. »

Les Bruins ont perdu leurs trois premiers matchs de la saison. Mais malgré les départs de Milan Lucic et Dougie Hamilton, malgré la blessure au défenseur Dennis Seidenberg et malgré une défense douteuse, Julien a su redresser la barre. Boston n’a pas perdu en temps règlementaire à ses cinq derniers matchs.

LE MOTIVATEUR

Bégin connaît bien Claude Julien. Celui-ci dirigeait le Canadien lorsque l’organisation montréalaise a réclamé Bégin au ballottage, des Sabres, en 2003. C’est aussi Julien qui a réclamé son embauche comme joueur autonome avec les Bruins de Boston en 2009. Il a connu ses meilleures années en carrière sous ses ordres, autant à Montréal qu’à Boston.

« Claude est un grand coach. Il a deux grandes forces : ses talents de motivateur et sa capacité à lire le jeu pendant un match. Il est capable de tirer le meilleur de chaque joueur parce que le dialogue est toujours ouvert. Tu peux aller le voir et il va te parler. Certains entraîneurs refusent de parler à leurs joueurs. On ne nommera personne ici, mais quand on ne sait pas ce que le coach te reproche, c’est dur de s’améliorer. Claude va te l’expliquer et te garder en confiance. Un joueur qui est tassé aura toujours la chance de se reprendre. »

« Il peut aussi vite déceler une stratégie adverse et ajuster son plan de match pendant la partie. Il a toujours un plan B. Si la trappe ne fonctionne pas en première période, il va s’ajuster et nous communiquera ses changements. »

« Il y a pourtant des entraîneurs qui ne peuvent pas s’ajuster. Ils sont incapables de lire le jeu. J’ai joué pour certains comme ça et ils n’ont pas duré. »

— Steve Bégin

« D’autres, qui ne m’ont pas dirigé, mais dont j’ai entendu parler, ont eu une longue carrière et sont toujours dans le hockey même s’ils sont incapables de faire une lecture du jeu de l’adversaire. Ils durent parce qu’ils sont entourés de bons adjoints. »

KREJCI DANS L'OMBRE

Claude Julien n’a pas trop changé les bases de son système entre Montréal, le New Jersey et Boston, estime Bégin. « Par contre, il pouvait s’en permettre davantage offensivement avec les Bruins parce qu’il avait de grandes équipes. À Montréal, on n’était pas une puissance. »

Les Bruins ont marqué 26 buts à leurs 5 derniers matchs. David Krejci s’est levé de façon impressionnante. Il a 14 points en 8 matchs et forme un trio redoutable avec Loui Eriksson et David Pastrnak. Patrice Bergeron a neuf points. Il semble relancer la carrière de Brett Connolly, premier choix du Lightning, sixième au total, en 2010. Le costaud Jimmy Hayes, obtenu des Panthers contre Reilly Smith, a huit points en autant de rencontres.

Le joueur le plus sous-estimé des Bruins, selon Bégin ? « Patrice Bergeron n’entre plus dans cette catégorie parce qu’il gagne toujours des trophées maintenant. Mais ç’a pris du temps avant qu’il soit reconnu. La première fois qu’on l’a choisi pour l’équipe du Canada, les gens se posaient des questions. Il ne doit pas avoir si mal fait, car on l’a repris une deuxième fois. »

« Sinon, c’est Krejci qui m’avait surpris quand j’étais là. Quand on a perdu après avoir mené trois à zéro contre Philadelphie en séries 2010, tout s’est écroulé quand on l’a perdu. C’était notre meilleur joueur. Il est bon dans toutes les situations et il se mettait le nez dans le trafic. »

Claude Julien demeure évidemment parmi ses entraîneurs favoris. « Bob Hartley et lui, dit Bégin. J’ai croisé Dave Tippett pendant deux mois à Dallas et je l’ai adoré. Mes deux tops demeurent Julien et Hartley. Ils ont un style agressif et si tu leur en donnes, ils vont t’en donner. »

Retraité depuis 2013, l’ancienne coqueluche des partisans du Canadien s’affaire à la construction de sa maison, ces temps-ci. Il s’implique aussi activement au sein de sa fondation, B3, en compagnie de Francis Bouillon et Étienne Boulay, pour offrir un soutien financier aux jeunes sportifs dans le besoin.

« J’aimerais travailler dans le hockey comme entraîneur ou assistant éventuellement, mais pas pour l’instant, car mes enfants sont encore jeunes. J’ai été parti tellement souvent. Je veux en donner à ma famille. Quand elles grandiront, c’est sûr que vous allez me revoir. J’avais adoré mon expérience en séries à Val-d’Or. »

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