PME Innovation

Heddoko

Qui  Mazen Elbawab, Alexandre Fainberg et une vingtaine d’employés

L’idée   Une combinaison en deux morceaux pour suivre tous les mouvements du corps

L’ambition  Devenir l’entreprise numéro 1 en solutions de détection de mouvements de précision, devenir l’Apple de l’électronique portative

Ils y croient et y ont investi de l’argent   Les deux cofondateurs

PME INNOVATION HEDDOKO

À l’affût du moindre mouvement

Il y a mille et une façons, pas toutes bonnes, de réaliser un redressement assis ou, pour un boxeur, de décocher un crochet de gauche. Mais analyser le mouvement en détail nécessite de lourds équipements. Voilà le problème auquel veut s’attaquer Heddoko avec une combinaison qui capte les mouvements.

C’est en février dernier que Mazem Elbawab, adepte des arts martiaux, ingénieur en logiciel et ancien spécialiste de jeux basés sur le mouvement chez Ubisoft, a eu l’idée de créer un vêtement qui serait capable d’identifier tous les mouvements du corps.

« Ça combine parfaitement mon amour des technologies et ma passion pour le sport », raconte M. Elbawab.

Heddoko, dont le nom est un dérivé d’un mot japonais pour « entraîneur », souhaite créer une combinaison qui servira autant aux sportifs professionnels qu’aux amateurs.

« Usain Bolt a pu utiliser des équipements très sophistiqués pour analyser tous ses mouvements et gagner en vitesse, explique le fondateur. Mais ça ne se fait pour l’instant que dans des environnements très contrôlés. Nous voulons prendre tout cela et le mettre dans la garde-robe de la personne qui s’entraîne. »

En corrigeant les mouvements, la combinaison permettrait à la fois d’améliorer la performance et de réduire les risques de blessures.

PROGRÈS RAPIDES

Le projet a décollé rapidement. Dès avril, Heddoko entrait au Founder Institute, un incubateur, pour un programme intensif de 13 semaines au terme duquel elle s’est classée parmi les deux ou trois meilleures jeunes entreprises de sa cohorte.

Puis, en juillet, elle profitait du Startup Festival de Montréal pour faire la démonstration de son premier prototype, qui ne captait que les mouvements d’un bras.

« Les investisseurs ont été impressionnés et nous ont invités à participer au concours pour leur faire notre présentation et courir la chance de gagner un investissement. » — Mazem Elbawab, fondateur

Heddoko s’est encore là bien classée, sans gagner, et a remporté au passage un cofondateur, Alexandre Fainberg. Ami de Mazem depuis six ans et diplômé en commerce et en administration, il a entendu parler de Heddoko d’une drôle de façon.

« Je recevais des courriels de Heddoko, c’était identifié comme venant de Mazem, mais ça commençait par “Cher M. Fainberg…”. Je me disais qu’il ne m’écrit pas comme ça et je pensais que c’étaient des pourriels. Jusqu’à ce qu’on se rencontre dans un dîner et que je lui demande s’il avait été piraté parce que je recevais des pourriels en son nom ! »

M. Fainberg a commencé à prodiguer quelques conseils d’affaires à son ami avant de finir par abandonner ses activités de consultation et s’impliquer à temps plein avec lui.

Au fil de l’été, Heddoko a livré un deuxième prototype, un peu plus étendu. Il met en ce moment même la touche finale au troisième, qui couvre tout le haut du corps.

« Nous en sommes rendus au point où le prototype est reproductible, mais pas nécessairement encore manufacturable, explique M. Elbawab. C’est ce sur quoi nous allons nous concentrer pour le quatrième prototype. »

Les deux associés espèrent y parvenir d’ici le printemps, puis lancer une campagne de prévente en utilisant le site de financement collaboratif KickStarter.

« Plusieurs le font trop tôt, justement avant que leur produit soit manufacturable, ce qui cause des délais et de la frustration chez les clients, juge M. Elbawab. C’est ce que nous voulons éviter. »

DES HAUTS ET DES BAS

D’ici ce moment, il reste encore probablement beaucoup de hauts et de bas à traverser pour les deux entrepreneurs, qui affirment avoir vraiment tout misé dans leur projet. Le moment est particulièrement éreintant pour M. Fainberg, dont l’épouse sera mise à pied au retour de son congé de maternité, chez Bombardier.

« Les hauts sont très hauts et les bas, très bas, témoigne M. Elbawab, mais ça fait partie de l’aventure de lancer une entreprise. Et il n’y a personne à qui nous avons montré le produit qui n’a pas embarqué. »

Ils bénéficient aussi de l’appui de District3, l’incubateur de l’Université Concordia, qui leur fournit de l’espace et un accès à ses étudiants pour la recherche.

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