Technologies

« Un dragon qui n’est pas à la télé »

Martin Ouellet, cofondateur de Taleo, vendue 1,9 milliard en 2012, lance une appli de gestion de ligues de garage.

Martin Ouellet est probablement le plus discret des multimillionnaires québécois. Mais ce n’est pas parce qu’il a pris sa retraite depuis qu’il a vendu Taleo, une entreprise québécoise techno spécialisée en gestion des ressources humaines, pour la modique somme de 1,9 milliard en 2012.

L’entrepreneur de Québec a plutôt investi dans une douzaine de start-up, loin des projecteurs, et a lancé il y a trois ans un concept inédit alliant yoga et mise en forme, Yoga Fitness. Une troisième succursale a été inaugurée en août dernier. Sa plus récente aventure, une application permettant la gestion automatisée d’équipes sportives, Sporteo, est arrivée sur le marché la semaine dernière.

« Je ne m’ennuie pas », résume M. Ouellet. Au bout du fil, il confie en riant n’avoir jamais eu le temps de réaliser son fantasme après la vente de Taleo, soit d’acheter un bateau pour gérer ses affaires à partir des Caraïbes.

« Je suis vraiment un entrepreneur. Ce que j’aime, c’est créer de nouvelles choses, de nouveaux produits. »

— Martin Ouellet

Talents recherchés

Les fortunes de cette ampleur ne sont pas légion au Québec, mais on ne trouve qu’une poignée de reportages sur Martin Ouellet. Lorsqu’on s’étonne de sa discrétion, il se décrit comme « un dragon qui n’est pas à la télé ». « Il n’y a pas de raison spécifique, je pense que je suis pas mal occupé avec mes projets. Je ne suis pas quelqu’un de relations publiques, bien que je ne refuse jamais une entrevue. » Il fait partie du réseau Anges Québec, qui regroupe quelque 180 investisseurs qui ont financé une centaine de projets.

Avec une douzaine d’investissements à son actif, Martin Ouellet est probablement un des déclencheurs de l’effervescence techno qui touche la Vieille Capitale depuis quelques années. « Je suis fier d’y avoir participé. Il y a une ébullition à Québec et les gens réalisent qu’ils sont capables de réussir des choses. On a pavé la voie avec Taleo et je suis encore plus fier qu’on ait pris les sous et réinvesti ici, à Québec, et ailleurs dans la province. »

Un gestionnaire dans la poche

Sa dernière trouvaille, Sporteo, lui a été inspirée par sa propre expérience de gestionnaire d’équipe de hockey dans une ligue de garage.

« Ça fait une quinzaine d’années que je fais ça et je passe une heure, une heure et demie chaque semaine à écrire aux joueurs, attendre les réponses, trouver des remplaçants. Ça n’a l’air de rien, mais Sporteo règle tout ça. »

— Martin Ouellet

D’abord, le gestionnaire d’équipe choisit son sport ; il y en a une vingtaine, du hockey au baseball en passant par le flag football… le quidditch et l’ultimate Frisbee. « On peut également choisir un sport générique pour organiser, par exemple, des parties de cartes entre amis », précise M. Ouellet. On envoie ensuite des invitations à tous les joueurs, qui sont secrètement classés par le gestionnaire d'une à trois étoiles.

Quand un match est prévu, l’application envoie automatiquement des notifications aux meilleurs joueurs. Si certains ne peuvent être présents, Sporteo sollicite les meilleurs remplaçants disponibles, jusqu’à ce que l’équipe soit complète.

Observer… puis monétiser

Une semaine après son lancement, l’application est utilisée par « des centaines d’équipes », dit l’entrepreneur. « Ça va très bien et il y a une viralité puisqu’un utilisateur amène d’autres personnes à la télécharger. »

Gratuite, l’application ne contient pour le moment aucune publicité. D’où viendra la rentabilité ? « Actuellement, on ne fait aucune monétisation. On va observer le comportement des utilisateurs, c’est sûr que ça peut devenir un véhicule publicitaire intéressant. Disons que financièrement, je peux me permettre de faire quelques essais. »

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