OPINION

Quand le CV d’un hassidique se retrouve sous la pile…

Parmi les sujets qui font coller au plafond les athées (et les Québécois en général, oserais-je avancer), il y a l’incommensurable léthargie des autorités du ministère de l’Éducation vis-à-vis des écoles privées à orientation fortement religieuse, à laquelle s’ajoute le scandale des subventions qu’elles leur accordent.

Des dizaines de millions de dollars sont versés à des écoles qui endoctrinent des centaines de Yonanan Lowenn tout en les transformant en espèces de handicapés sociaux.

Yonanan Lowenn est ce hassidique défroqué qui poursuit pour 1,2 million la DPJ, une commission scolaire et deux écoles juives. Il reproche à tous ces mis en cause « de l’avoir privé de l’éducation séculière de base à laquelle il avait droit, selon les lois québécoises. » Le pauvre diable a fréquenté l’Académie Yeshiva Toras Moshe, le poster boy des écoles juives illégales, un dossier que les ministres de l’Éducation laissent traîner depuis des années, jusqu’à l’entente ratifiée récemment par Yves Bolduc.

Selon cette entente risible – tellement son potentiel d’efficacité est nul –, il est prévu que tandis que l’Académie pourra continuer à dispenser l’enseignement religieux traditionnel, ce sera la tâche des parents de donner à la maison la formation requise par le programme du Ministère.

ON A OUBLIÉ ICI DEUX LÉGERS DÉTAILS 

 – Les parents eux-mêmes ont été formés (pratiquement tous) dans des écoles juives et sont par conséquent les personnes les moins compétentes qu’on puisse imaginer pour le job ;

 – Le curriculum d’une yeshiva exige tellement d’études et de travail des élèves qu’il est utopique de croire qu’ils ont la capacité d’assimiler de surcroît les matières de notre système d’éducation. C’est sur ce second point que je m’arrêterai.

Une « yeshiva » est littéralement un centre d’étude de la Torah et du Talmud. La Yeshiva Toras Moshe (ToMo) de Montréal est en quelque sorte une franchise de la ToMo originale, fondée en 1982 à Jérusalem, et dont la philosophie est centrée sur la maîtrise parfaite du Talmud. Sur 35 heures d’études par semaine, le « religieux » occupe entre 25 et 30 heures. Pour faire court, la Torah, c’est la loi de Dieu apportée à Moïse et ça recoupe les cinq premiers livres de notre Bible.

Dans le judaïsme, Dieu est prêt à pardonner n’importe quelle faute, mais négliger l’étude de la Torah, ça ne se pardonne pas.

En termes de contenu à couvrir, la Torah, c’est déjà du stock. Mais en plus, les versets prêtent à interprétation. On a donc eu une succession de rabbins qui ont développé sur la question. En gros, ce sont les enseignements de ces milliers de rabbins sur une multitude de sujets en lien avec la Torah. La concision n’étant pas une vertu rabbinique, cette « base de la Loi juive » s’étire sur 6 200 pages. J.K. Rowling peut aller se rhabiller !

En plus de se taper cette somme colossale de savoirs, les jeunes étudient le Musar, une littérature juive décrivant les vertus, les vices et la voie menant à la perfection et apprennent aussi les principes de la Halacha, un ensemble de lois religieuses incluant les célèbres 613 commandements disséminés ici et là dans la Torah. On s’entend, tout ça est plus demandant que de résumer Bonheur d’occasion.

Ajoutons à cela que ces enfants doivent apprendre l’hébreu ancien (car Dieu a promis que cette langue redeviendra la langue sacrée et commune à tous à la fin des temps), et vous comprendrez que d’imaginer qu’ils se taperont en plus le programme de notre ministère de l’Éducation tient de la pensée magique.

Tout bien considéré, une partie de moi applaudit l’introduction du recours de monsieur Lowenn. En dénonçant ainsi la vacuité et la parfaite inadéquation de l’enseignement de ces écoles juives, cet homme exprime ce que vous et moi ne pourrions dire tout haut sans passer pour antisémites.

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