Hommes et fausses couches

La fausse couche

« J’avais du mal à comprendre ce qui se passait. Je ne trouvais plus mes repères. Mais quand j’ai finalement réalisé que je ne verrais jamais notre enfant, ç’a été comme si une grosse vague m’engloutissait. Tout s’est arrêté d’un coup sec. »

— MATHIEU

« J’avais hâte à la première échographie. Comme pour notre premier enfant, je m’attendais à voir la petite silhouette du bébé et à entendre son cœur. Quand j’ai vu l’inquiétude sur le visage de la technicienne, j’ai compris… Et quand le médecin nous a officiellement annoncé que le bébé n’était pas viable, ç’a été un choc. »

— DAVID

« On a appris à la première échographie que notre enfant était mort depuis deux semaines. C’est un effet coup-de-poing. Je ne pouvais rien faire. Je me sentais menotté. Je pensais sortir de là en sachant le sexe et, finalement, je me suis rendu compte que j’avais préparé la chambre d’enfant pour rien. »

— MICHAËL

Hommes et fausses couches

L’entourage

« Personne n’a été là pour moi. "Reviens-en ! Passe à autre chose", me disait-on. Un de mes amis a même osé blaguer sur la fausse couche. »

— MATHIEU

« C’est avec réticence que mon patron m’a donné quelques jours de congé – qui n’en étaient pas vraiment puisque je devais travailler de la maison. Ça m’a vraiment blessé de voir que mon deuil n’était pas légitime aux yeux de mon employeur. »

— DAVID

« Mes proches et mes collègues m’ont bien soutenu. C’est en parlant avec eux que j’ai réalisé que plusieurs personnes de mon entourage étaient déjà passées par là. »

— RENAUD

Hommes et fausses couches

Le soutien en deuil périnatal

« Une infirmière clinicienne en deuil périnatal nous a visités à domicile à quelques reprises. J’ai beaucoup apprécié. Elle agissait comme une intermédiaire entre ma conjointe et moi. Je pense m’être plus confiée à elle qu’à mes proches. »

— DAVID

« Je n’avais pas besoin d’un groupe de soutien pour m’en sortir. N’empêche, ça m’a fait du bien d’y assister. J’ai constaté que je n’étais pas le seul à vivre ça. »

— MICHAËL

« La psychologue en deuil périnatal est la seule qui m’ait compris. Je ne l’ai vue qu’une fois, mais ça m’a fait un bien énorme. »

— MATHIEU

* Les prénoms ont été modifiés.

Hommes et fausses couches

Le personnel soignant

« Le corps médical se fout des pères jusqu’à ce qu’on coupe le cordon ombilical, alors imaginez comment ils vous traitent quand vous perdez votre enfant à 12 semaines de grossesse ! Personne ne m’a jamais demandé comment j’allais. L’infirmière spécialisée en deuil périnatal m’a seulement dit : "Occupe-toi de ta femme !" »

— MATHIEU

« À l’hôpital, le personnel s’attardait davantage aux besoins de ma conjointe. C’est compréhensible. Je ne me suis jamais senti exclu. Nous avons été pris en charge de façon très humaine. Par exemple, l’infirmière a toujours eu la délicatesse de parler de notre "enfant" et non du "fœtus". »

— RENAUD

« J’ai été traité comme un spectateur. Personne n’a eu un mot de réconfort pour moi. Après nous avoir annoncé la nouvelle, le médecin nous a plantés là. On ne savait pas quoi faire ! J’ai dû m’enquérir auprès d’une infirmière pour en savoir davantage. »

— MICHAËL

Hommes et fausses couches

La parole aux pères

Ils rêvaient de prénoms et d’une chambre d’enfant, mais le sort leur a joué un tour cruel. Quatre papas témoignent : David*, 32 ans, Mathieu, 39 ans, Michaël, 33 ans, et Renaud, 39 ans.

Hommes et fausses couches

Le deuil

« J’étais si occupé à la maison que je n’avais pas vraiment le temps d’y penser. Ma tristesse et ma déception se manifestaient ailleurs, quand j’étais seul : au travail, dans l’autobus… »

— RENAUD

« Je suis un gars très sportif et j’ai géré ma peine en partie à travers l’entraînement. Il le fallait, sinon je me mettais à faire de l’anxiété et ma pression sanguine augmentait. »

— MATHIEU

« Ça a remis certaines choses en question. Par exemple, auparavant, quand je réfléchissais au droit à la vie, je me disais qu’avant trois mois de grossesse, on était en présence d’un fœtus, d’une forme qui n’est pas encore vraiment humaine. Mais quand c’est TON enfant, tu ne penses plus ainsi. »

— MICHAËL

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