Je me souviens de MusiquePlus
VJ de 1986 à 1991
MusiquePlus c’était...
« Mon tremplin. La toute première téléréalité, alors que le terme n’existait même pas. Rien n’était scripté. Tout était authentique. »
Meilleur souvenir
« La toute première émission au Spectrum, live, pendant quatre heures, c’était inoubliable. Ma première rencontre avec Paul McCartney, pour moi, a été très marquante. Quand on vit un moment comme ça, puis que l’artiste nous demande de venir à New York pour l’interviewer, c’est… wow ! »
Meilleure entrevue
« Il y en a tellement : Sting, Céline, qui a fait sa déclaration d’amour à René publiquement, mes 24 heures avec Roch Voisine, on en a vécu des choses ! J’ai chanté en duo au Forum avec Eddie Money, on a eu des moments inoubliables ! »
Pire moment
« J’ai reçu Soundgarden en studio, et ils se sont endormis pendant la traduction. On entendait un des membres ronfler. C’était hilarant. »
VJ de 1990 à 1996
MusiquePlus c’était...
« La plus belle job, la plus grande liberté, une occasion unique de fréquenter au quotidien une passion, la musique, et dans un plus large spectre, me plonger dans la culture en général. Et croiser ceux et celles qui la font. »
Si MusiquePlus n’avait pas existé
« Je me demande souvent ce que j’aurais fait ! MP a complètement reviré ma vie de bord. J’ai lâché une carrière d’avocat pour MusiquePlus ! »
Meilleur souvenir
« Très nombreux. Mais pour faire du name-dropping : deux jours à New York avec Sting. Les virées à Paris, Londres, New York. Le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire. Bashung et Jacques Higelin à Paris, David Bowie. »
La fin de MusiquePlus, c’était à prévoir ?
« MusiquePlus avait cessé de briller depuis longtemps ! V et compagnie en avaient fait un ramassis de n’importe quoi en gardant un branding, une marque de commerce, qui a longtemps permis à la chaîne de survivre, mais dépourvue de son identité. […] Personnellement, je suis content de la voir disparaître dans son état actuel. »
VJ de 1992 à 2000
MusiquePlus c’était...
« Un lieu de grande créativité, de grande liberté artistique, l’endroit où tout était possible. »
Si MusiquePlus n’avait pas existé
« Je n’aurais pas rencontré toutes mes idoles, Madonna, Peter Murphy, quelques semaines après que je suis arrivée, Phil Collins, les Rolling Stones, David Bowie. Le paysage québécois aurait été privé de quelque chose de très audacieux. »
Pire entrevue
« La période grunge nous a amené plusieurs groupes un peu rebelles. Ils boudaient leur plaisir par rapport au succès commercial. Ils ne se prêtaient pas au jeu [de l’entrevue]. Ils regardaient à terre. Répondaient : yeah, no, I don’t know ! [rires] »
Ce qui va le plus nous manquer
« La spontanéité, la magie, la liberté créative […]. Tout le monde pouvait faire ce qu’il voulait, c’est extrêmement rare ! »
VJ de 2000 à 2005
MusiquePlus c’était...
« Un rêve devenu réalité. Je savais à l’âge de 10 ans que je voulais être chef d’antenne, donc c’était la combinaison de mes deux passions à l’époque. Je n’étais pas VJ, j’étais rock journalist sur le terrain. (Oui, je me prenais déjà au sérieux !) C’était un immense terrain de jeu, une excellente école où j’ai appris l’autonomie, comment composer avec le direct, les artistes et leurs humeurs, un public désobéissant. Ça reste à ce jour le job le plus fun que j’ai eu. »
Meilleure entrevue
« Trent Reznor de Nine Inch Nails à son grand retour de désintox et de faillite en 2005. Red Hot Chili Peppers quand Flea a fait pipi dans sa bouteille d’eau au Chateau Marmont. Kanye West au tout début de sa carrière, dans sa limousine à Toronto, alors qu’il était tout sauf imbuvable. »
Ce qui va le plus nous manquer
« Les concerts intimes gratuits. Être en studio et voir Radiohead ou David Bowie de trèèèèès près. Et les archives ! […] Il y a là un patrimoine impressionnant et pertinent. Les débuts de plusieurs artistes et animateurs. L’histoire avec un petit h. De grands et petits moments qui méritent leur propre version des Enfants de la télé. »
VJ de 1987 à 2014
MusiquePlus c’était...
« La plus belle partie de ma carrière. On venait de découvrir une nouvelle planète ! »
Si MusiquePlus n’avait pas existé
« On aurait attendu YouTube ! [rires] On serait passés à côté de la track et on aurait été pognés à regarder MTV ou MuchMusic. »
Meilleur souvenir
« Ma rencontre avec Robert Plant. Une heure. C’était l’idole de mon adolescence. Le gars le plus sympathique, alors qu’il est une mégavedette et qu’il pourrait avoir un ego large comme ça… »
Pire moment en ondes
« Milli Vanilli. Un fiasco total. Je les détestais d’avance. Mais quand vient le moment d’interviewer, je suis quand même professionnel… Un des deux ne voulait pas se pencher vers le micro (!). Et puis ils avaient installé derrière des pitounes qui devaient venir de Chez Parée… »
VJ de 1987 à 1989
Si MusiquePlus n’avait pas existé
« Ce qu’il faut savoir, c’est que MusiquePlus a changé complètement la façon de faire de la télé. Ç’a été le début de la téléréalité telle qu’on la connaît aujourd’hui. […] Et puis ç’a été très important pour la musique québécoise. Les vidéos ont permis à des réalisateurs connus aujourd’hui de développer leur carrière : Érik Canuel, François Girard, etc. Ils faisaient des miracles avec très peu de budget. »
Meilleur souvenir
« Londres, pour interviewer Indochine. On était des amis. On a vraiment connecté. Il y a aussi eu la première entrevue de Roch Voisine. Il était animateur à l’époque. Quand il s’est assis et qu’il a chanté Hélène, acoustique, on s’est dit : “Oh my God, quel artiste !” Et puis mon souvenir cocasse, c’est Jean Leloup, qui est arrivé en costume de clown au studio. C’était pour son premier album, Menteur. Il n’était pas d’accord avec la direction artistique de l’album. Alors il est arrivé en clown [rires] ! »
Pire souvenir
« Je me souviens que j’avais fait une émission de 20 h à minuit et je n’avais plus de voix. Je me souviens que j’avais fait quatre heures, sans voix. C’est le pire moment de ma vie ! »
Ce qui va le plus nous manquer
« C’était la première chaîne qui s’adressait aux jeunes, avant le web, avant l’internet, avant Facebook. C’était leur télé. Et aujourd’hui, il n’y a plus rien pour cette génération. Ç’a été tellement important pour eux, dans l’histoire, et c’est un peu oublié… »