Politique

Barrette utilise la voie légale pour réduire l’attente aux urgences

QUÉBEC — Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, se donne les moyens légaux de forcer les hôpitaux à ne plus faire attendre un patient au-delà de 24 heures aux urgences. Les gestionnaires du réseau risquent, comme « conséquence ultime », de perdre leur poste s’ils n’obtempèrent pas, prévient-il.

En décembre dernier, Gaétan Barrette a injecté 100 millions de dollars pour améliorer la situation dans les urgences, mais l’investissement n’a pas donné les résultats escomptés. Il n’a pas eu beaucoup plus de succès lorsqu’il a envoyé une directive ministérielle aux dirigeants du réseau leur demandant de réduire les délais et d’éliminer l’attente dépassant 48 heures.

Le ministre en vient maintenant à utiliser la voie légale. Il a déposé en commission parlementaire, hier, un amendement à son projet de loi 130 sur la gestion des établissements de santé.

Cet amendement prévoit qu’« un centre hospitalier doit limiter à 24 heures la durée du séjour d’un bénéficiaire au service d’urgence ». On exclut les cas, exceptionnels, de patients qui doivent être placés en isolement « pour des raisons de santé publique ou de santé mentale ».

Cette disposition mettra de la pression sur les gestionnaires du réseau pour améliorer leur performance aux urgences, a expliqué Gaétan Barrette à La Presse. Il déplore que des médecins préfèrent utiliser les lits de courte durée pour leurs patients, les cas électifs, plutôt que pour ceux venant des urgences. Des gestionnaires tolèrent cette situation ou hésitent à intervenir pour la corriger afin de ne pas créer de « tensions » à l’interne, a soutenu le ministre. « Il y a des personnes en autorité qui ne mettent peut-être pas l’énergie suffisante pour arriver à un résultat. »

L’amendement vient, selon lui, « donner un levier à l’administration » pour, notamment, assurer le transfert plus efficace des patients aux étages. Il sera possible d’utiliser cette disposition légale, selon lui, pour « se plaindre et poursuivre ». « Et ça peut avoir des conséquences disciplinaires. » Il n’est pas allé dans les détails.

« La conséquence ultime, a-t-il ajouté, c’est pour la direction. Ces gens-là sont nommés et s’ils veulent être reconduits, peu importe la position dans la hiérarchie, c’est un des facteurs qui pourraient être pris en compte. » Il dit néanmoins que l’objectif derrière l’amendement « n’est pas punitif ».

Loin de la cible

Hier, selon les données du ministère de la Santé, 45 hôpitaux comptaient des séjours sur civière de plus de 24 heures – voire 48 – aux urgences.

Les plus récentes statistiques montrent que 20,7 % des patients attendent plus de 24 heures ; 5 %, plus de 48 heures. Le délai d’attente moyen pour les patients sur civière aux urgences était de 15,6 heures en 2016-2017. C’est encore loin de la cible du gouvernement, qui est de 12 heures. Le Québec affiche la pire performance en Occident, résumait le Commissaire à la santé et au bien-être l’an dernier.

L’amendement du ministre vient plus précisément remplacer l’article 27 du Règlement sur l’organisation et l’administration des établissements de santé. Cet article, en vigueur depuis des années, stipule qu’« un centre doit, en toutes circonstances, limiter à 48 heures la durée du séjour d’un bénéficiaire au service d’urgence ». Or, il y a encore aujourd’hui des patients qui attendent au-delà de cette limite (5 %).

Plus de 30 millions pour la santé des hommes

Le ministre Gaétan Barrette a dévoilé hier un plan d’action spécifiquement pour la santé des hommes, lequel est accompagné d’un financement additionnel de 31 millions sur cinq ans. Un peu plus de 25 millions iront aux organismes communautaires, qui doivent changer leurs façons de faire, selon le ministre, pour mieux rejoindre la clientèle masculine. Les hommes ont tendance à « consulter tardivement » et sont davantage touchés par certains problèmes tels que divers types de dépendance, le suicide, la dépression en situation de perte, la criminalité, l’itinérance et la violence conjugale, indique un communiqué du Ministère. Les mesures doivent permettre de prévenir ces problèmes et « favoriser leur mieux-être, de même que celui de leur famille et de l’ensemble de la société ».

— La Presse canadienne

L’écart de salaire entre omnipraticiens et spécialistes dans le viseur

Québec s’attaque à l’écart de rémunération entre les médecins omnipraticiens et leurs collègues spécialistes. Gaétan Barrette a fait savoir hier qu’il y avait lieu d’aborder cet enjeu. Les médecins omnipraticiens gagnent en moyenne près de 250 000 $ par an, tandis que les spécialistes touchent plus de 400 000 $ par an en moyenne. La Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) avait réclamé une hausse de la rémunération de ses membres l’hiver dernier pour réduire l’écart, mais M. Barrette y avait vu une tactique de négociation, tandis que le premier ministre Philippe Couillard avait déclaré qu’il y avait d’autres priorités en matière de santé.

— La Presse canadienne

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.