LIVRES et CAFÉS

Pour savourer un livre

En sociologie urbaine, on appelle « troisième lieu » cet endroit qui n’est ni la maison ni le lieu de travail. Un lieu convivial où on peut échanger, discuter, boire et manger. En Europe comme aux États-Unis, des bibliothèques publiques s’inspirent de ce concept qui a vu le jour dans les années 80.

Cette idée de « troisième lieu » est l’un des principes qui guident la Grande Bibliothèque du Québec depuis plusieurs années. C’est dans ce contexte que l’institution vient d’ouvrir le Parva café au rez-de-chaussée de l’édifice du boulevard De Maisonneuve. « C’est vraiment un lieu pour socialiser, insiste la directrice générale de l’institution, Christiane Barbe. Nous voulons encourager les gens à venir à la bibliothèque. Tout notre rez-de-chaussée est pensé en termes d’espace citoyen. L’ajout du café permet la lecture dans un contexte décontracté. On peut y lire les journaux, on y vend des produits locaux et équitables. »

Prendre son temps

Les bibliothèques publiques ne sont pas les seules à vouloir créer des lieux où il fait bon lire.

Les librairies aussi souhaitent offrir un endroit accueillant à leur clientèle. C’est le cas de la Librairie de Verdun qui a déménagé dans de nouveaux locaux il y a moins d’un an, rue Wellington. Les propriétaires ont profité du nouvel espace – 7000 pieds carrés – pour y ouvrir la boutique Réunion et le Café de la Troisième.

« Ça faisait longtemps qu’on pensait ouvrir un café, c’était quelque chose que demandait notre clientèle. On n’a pas réinventé la roue, les anglophones y avaient pensé avant nous. »

— Philippe Sarrasin, propriétaire de la Librairie de Verdun

Pas question pour le libraire de s’associer à une grande chaîne de café. « On sert un excellent café d’un petit producteur et nos viennoiseries sont confectionnées par une pâtissière, assure-t-il. Les parents peuvent bouquiner pendant que les enfants regardent les livres dans le coin jeunesse. L’objectif est que les gens restent chez nous plus longtemps. »

Même réflexion à la Librairie du Vieux Bouc, boutique de livres usagés qui a pignon sur la rue Masson depuis plus de sept ans. La propriétaire, Ruth Stewart, se disait qu’il serait chouette d’ouvrir un café, mais n’y connaissait pas grand-chose. C’est Guylaine Bombardier qui a concrétisé son souhait. À la recherche de nouveaux projets, cette ancienne recherchiste et productrice télé s’intéressait au café et se cherchait un local pour ouvrir un commerce. Un partenariat d’affaires était né. Le coin café est ouvert depuis quelques mois et attire une nouvelle clientèle qui ne visitait pas nécessairement la librairie auparavant. Inspirées par le succès de leur soirée d’inauguration, et par les possibilités qu’offre un coin café, les deux femmes organisent une soirée poésie le troisième jeudi de chaque mois. Et elles ont d’autres projets d’animation en tête.

Démythifier l’édition

Caroline Fortin aussi rêvait d’ouvrir un café depuis des années. La patronne de Québec Amérique a enfin réalisé son rêve : le café L’éditeur ouvre ses portes demain matin. Pourtant, Québec Amérique n’est pas une bibliothèque, mais bien une maison d’édition. « J’ai longuement réfléchi à mon projet, explique-t-elle. J’avais été charmée par le petit coin-livres installé dans la réception de la maison d’édition Grasset, dans Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Et quand je vais à New York, je retourne toujours à la librairie Strand et à son charmant café. J’adore cet endroit qui m’a beaucoup inspirée. »

Ce n’est pas que l’amour du café qui a décidé Caroline Fortin à créer ce lieu. Il y avait aussi une volonté de la part de l’éditrice d’ouvrir la maison au public, de démythifier le milieu de l’édition. « Une maison d’édition, ça peut paraître impressionnant ou inaccessible, souligne-t-elle. La mécanique de notre travail n’est pas toujours comprise. Grâce au café, le public pourra voir nos bureaux qui sont de l’autre côté d’une vitre. Ils pourront croiser des auteurs à l’occasion. On y tiendra des évènements, j’offrirai l’espace aux autres éditeurs aussi. Je veux faire de ce café un lieu vivant. »

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