Biblio

Derrière Sonic Youth

Girl in a Band

Kim Gordon

Traduction de Suzy Borello

Le mot et le reste, 368 pages

3 étoiles et demie

Pendant près de trois décennies, Sonic Youth a tenu une place de choix dans le mouvement musical underground américain, avec une aura d’intégrité assurée par le couple formé de Kim Gordon et de Thurston Moore. Puis, en 2011, le mariage éclate, suivi du groupe. C’est justement sur la dernière performance de Sonic Youth que s’ouvre la biographie de Kim Gordon, avec toute la rancœur et la tristesse d’une trahison maritale. À travers ses souvenirs de jeunesse dans un Los Angeles hanté par Charles Manson et ses premières excursions qui l’ont menée à New York, la musicienne et artiste, maintenant dans la soixantaine, revient sur les événements qui l’ont façonnée. Elle y parle avec émotion de sa relation trouble avec son frère, tout comme du rôle de « grande sœur » qu’elle a brièvement tenu auprès de Kurt Cobain, mais y tient aussi des mots durs, particulièrement envers Billy Corgan et Courtney Love, sans oublier son ex, Thurston Moore. La douleur reste sous-jacente, une blessure étalée avec sobriété et franchise dans les derniers chapitres de cet ouvrage qui offre une incursion toute personnelle dans une riche histoire artistique.

— Jean-François Villeneuve, La Presse

Extrait

Girl in a Band, de Kim Gordon

« Ce soir-là, si j’ai tenu, c’est grâce à la scène, à la libération presque viscérale du concert ; le bruit extrême et les dissonances ont le don de vous purifier de l’intérieur. D’habitude, quand on jouait en live, je m’inquiétais de savoir si mon ampli était trop fort, s’il gênait, ou si les autres membres du groupe étaient de mauvaise humeur. Mais, cette semaine-là, je me fichais pas mal de l’ampleur de mon son ou de savoir si j’éclipsais Thurston sur scène. J’ai agi comme bon me semblait, et c’était à la fois libérateur et douloureux. Douloureux, parce que la fin de mon mariage était une affaire privée, et que voir Thurston afficher sa nouvelle indépendance au public me faisait l’effet d’une blessure ouverte qu’on frottait de gravillons [...]. »

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