Librairie de Verdun

Livres, café et cuisine sous le même toit

Plus le temps passait, plus la Librairie de Verdun se trouvait à l’étroit dans ses locaux. Les livres s’empilaient et s’empilaient dans le commerce de la rue Wellington où chaque pied carré était occupé. Quand le propriétaire des lieux a eu l’occasion de déménager à un jet de pierre de là, il l’a saisie. Et tant qu’à bouger, Philippe Sarrasin a décidé de faire les choses en grand.

Le nouveau local a ouvert ses portes le 31 mai, de l’autre côté de la rue Wellington. Il abrite non seulement la librairie – dans un nombre non négligeable de pieds carrés supplémentaires –, mais aussi un petit café et un magasin d’accessoires de cuisine. 

« Pour diminuer le risque de prendre un gros local, ma conjointe [Joanne Méthé] et moi voulions diversifier l’offre. C’est pour ça qu’on a pensé à un coin cuisinerie », explique le libraire, précisant que ce type de commerce manquait dans le quartier. 

Quant au café, il complétait l’offre tout naturellement.

« On n’a pas inventé la roue. Ça fait longtemps que les anglophones ont des cafés-librairies. Nous, on avait cette idée-là avant, mais on n’avait pas la place. »

— Philippe Sarrasin, copropriétaire

C’est ainsi que sa conjointe et lui sont partis à la recherche de partenaires. Philippe a rallié au projet son amie Catherine Rousseau, qui venait de quitter son emploi après 16 ans chez Bell Canada. Derrière son comptoir rose pêche, c’est elle qui s’occupe de la Boutique Réunion, qui vend toutes sortes d’accessoires liés aux plaisirs de la table.

Pour le Café de la Troisième, Philippe Sarrasin a recruté Simon Defoy, propriétaire d’un autre troquet à Verdun. « J’allais souvent à son café, la Station W, et Simon parlait d’en ouvrir un autre. Un moment donné, je lui ai demandé : ‟est-ce que ça te tente ?” Et il a dit oui. »

C’est ainsi que trois commerces cohabitent sous le même toit, dans un immeuble dont c’est l’ultime réincarnation après avoir vécu sous forme d’église baptiste, d’épicerie et même de concessionnaire automobile !

Pour réaliser l’aménagement des lieux, Philippe Sarrasin a fait appel à Zébulon Perron, qui signe ici sa première librairie. Coup du destin peut-être, le local était déjà rempli de certains matériaux fétiches du designer. « On partait avec une coquille de béton et un plancher en terrazzo, j’étais quand même assez content de ça », lance Zébulon Perron, joint en Russie, où il prend quelques jours de repos. « J’aime beaucoup le terrazzo et c’est rendu hors de prix, donc c’était sûr qu’on gardait le plancher tel quel. De toute façon, j’ai un réflexe de préservation ; ça donne du cachet d’emblée et ça règle une partie du projet », résume-t-il.

ZOOM SUR LES LIVRES

Le décor se veut effacé pour laisser toute la place aux livres. « C’est un peu le contraire de ce qu’on ferait dans un restaurant, par exemple », soutient M. Perron.

« Ici, il faut que le décor soit assez neutre pour servir de toile de fond et faire en sorte que les livres prennent de l’importance. »

— Zébulon Perron, designer

C’est ainsi que l’éclairage se concentre non pas au plafond, mais plutôt dans les rayonnages pour se rapprocher le plus possible des livres, explique le designer. « On a installé beaucoup d’éclairage dans les tablettes pour illuminer les bouquins. Cet aspect a été travaillé pour qu’il y ait un peu de théâtralité dans l’expérience. »

Aussi, plutôt que d’être perpendiculaires aux murs, les rayons sont disposés en diagonale pour diriger la circulation. Tous les coins de la librairie sont ainsi facilement accessibles. Le plan suit une forme de X où chaque diagonale mène à un point d’intérêt : l’espace-causerie, le café, la cuisine et le coin des enfants, surmonté de lampes en forme d’arbre.

L’espace pour tout-petits est situé au fond de la librairie. « Il y a un signe de design distinctif : le luminaire représente un arbre pour que les gens aient le goût d’y aller, qu’ils s’approprient tout l’espace », explique Philippe Sarrasin.

UN PROJET POUR TOUS

Il s’agit d’un projet audacieux dans un quartier en pleine mutation. Le but des partenaires est toutefois de s’adresser à toute la palette de clients qui y passent. « Verdun, c’est comme un petit village urbain », énonce Philippe Sarrasin, copropriétaire de la librairie avec sa conjointe depuis 10 ans. « On a une belle relation avec notre clientèle, on est chanceux. Ils ont adopté la librairie. Ce qu’on veut, c’est en faire un lieu vivant et accessible. »

Ils se sont donc laissé beaucoup de place pour tenir des causeries, des conférences et des lancements. Kim Thúy et Marc Séguin étaient d’ailleurs de passage tout récemment…

« On ne veut absolument pas que ce soit un lieu élitiste, au contraire », dit M. Sarrasin en s’interrompant pour saluer par son prénom un client qui entre dans la librairie, comme pour lui donner raison.

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