Chronique

Quand Guy A. décroche le téléphone !

À 7 h 45 dimanche matin, Guy A. Lepage a composé le numéro de cellulaire de sa grande patronne à la télé de Radio-Canada, Dominique Chaloult, qui attendait à l’aéroport de Toronto son vol pour la Barbade.

« Dominique, il faudrait faire du direct ce soir, on n’a pas le choix », a annoncé le grand timonier de Tout le monde en parle. « Tu veux rajouter un segment sur les attentats de Paris ? », a demandé Dominique Chaloult. « Non, j’aimerais présenter toute l’émission en direct », a répliqué l’animateur.

Une chaîne d’appels s’est ensuite déclenchée. Le studio 42, où s’enregistre habituellement Tout le monde en parle, le plus vaste de la tour du boulevard René-Lévesque, était occupé par la troupe de l’émission à sketchs Le nouveau show. Il fallait donc remonter le décor blanc de Guy A. dans le studio 48, beaucoup plus étroit. Merde, les colonnes n’y entraient pas. L’escalier d’où descendent les convives a aussi dû être sacrifié, faute d’espace.

Il fallait également réunir les équipes techniques nécessaires à la mise en ondes de cette édition spéciale. Il fallait alerter l’équipe de recherche, le coproducteur Guillaume Lespérance et le script-éditeur André Ducharme. Il fallait dresser une liste d’invités potentiels. Et il fallait s’assurer que l’émission habituelle, tournée jeudi soir, soit prête au cas où la retransmission en direct déraillerait.

À 11 h et des poussières, la SRC allumait le feu vert : pour la première fois en 12 saisons à l’antenne, Tout le monde en parle passerait en direct dans les chaumières du Québec. Ce bon coup a été plus ou moins payant aux audimètres : 1 188 000 téléspectateurs ont fait le point sur l’horreur à Paris, contre 1 732 000 qui ont opté pour Le banquier à TVA où les beautés portaient, en plus d’une valise, leur animal de compagnie.

« Ç’a été un tour de force », indique Dominique Chaloult, qui profite présentement de ses vacances au soleil. « J’aurais dû appeler en haut bien avant », constate, avec du recul, Guy A. Lepage.

« Guy ne voyait pas comment on pourrait éviter le sujet des attaques terroristes. Et voir des gens rigoler autour de la table aurait été déplacé, je pense », concède le coproducteur Guillaume Lespérance.

Le plateau de dimanche soir a rassemblé deux fois plus d’intervenants que lors d’un chapitre ordinaire. 

Fait à noter : aucun imam montréalais contacté par l’équipe de Tout le monde en parle n’a accepté de se joindre à la discussion.

Et qu’en est-il des commentateurs québécois plus associés à la droite, ceux qui ont vivement déversé leur colère sur Twitter depuis les déflagrations du vendredi 13 ? Ont-ils été considérés dans la construction de ce programme spécial ?

« On voulait une émission sobre et respectueuse. L’heure était plus au recueillement et à la réflexion qu’à la confrontation. On ne voulait pas que quelqu’un arrive et écrase les autres invités. On assume ce choix-là », explique Guillaume Lespérance.

Pour Guy A. Lepage, inviter ces grandes gueules connues équivalait à accorder trop d’importance à « des gens qui ne maîtrisent pas très bien leur sujet ». « Ce n’était pas le moment de partir une guéguerre entre les bien-pensants et ceux qui règlent leurs comptes avec des tweets », note Guy A. Lepage.

La production a aussi décidé de ne pas présenter le vin (français) qui allait être bu afin de rester dans cet état de simplicité et de dépouillement. Le toast a été porté à la toute fin, plus discrètement.

« J’étais trop dedans. Je n’ai pas eu le temps d’être nerveux, détaille Guy A. Lepage. Deux heures et quart en direct, c’est deux fois moins long qu’un enregistrement normal de Tout le monde en parle. J’ai trouvé que ça a passé vite. »

Pour l’instant, pas question de répéter l’expérience du direct dans un avenir rapproché. « Je ne suis pas certain qu’une émission régulière de Tout le monde en parle soit bien servie par le direct », pense Guy A. Lepage, qui retranche, heureusement, les moments moins croustillants.

VÉRO ET LOUIS AUX FRANCS-TIREURS

Un des deux couples royaux du Québec, Véronique Cloutier et Louis Morissette, passe au salon des Francs-tireurs demain soir (21 h) sur les ondes de Télé-Québec. En entrevue avec Benoît Dutrizac, les Morissette abordent une palette de sujets sans gêne ni censure : les réseaux sociaux, l’argent, les valeurs qu’ils inculquent à leurs trois enfants, la future chaîne de télé Véro que Louis veut lancer, le projet de comédie romantique à la Jennifer Aniston que Véro souhaite tourner, l’association de Véro avec Disney, tout y passe. Un bon moment de télé. Programmez vos enregistreurs.

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