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Édition du 21 avril 2017,
section ACTUALITÉS, écran 2
Stade de baseball à Montréal, équipe de hockey à Québec ou Grand Prix de Formule 1 : diriger l’argent des contribuables vers les sports professionnels n’a pas la cote, selon le coup de sonde. Dans tous ces cas, les répondants sont plus nombreux à rejeter l’éventualité d’un soutien financier public qu’à l’appuyer. Un stade de baseball, « notre maire Coderre va avoir un peu de travail à faire pour vendre ça », a analysé le président de CROP, Alain Giguère. Ce projet est même boudé par les répondants montréalais (62 % défavorables), tout comme l’utilisation d’argent public pour l’achat d’une équipe de hockey pour Québec est rejetée par la majorité des répondants de la Vieille Capitale (58 % défavorables). Les maires Coderre et Labeaume n’ont pas rappelé La Presse, hier.
Au contraire, les projets d’infrastructure liés aux transports méritent des fonds publics, croient les répondants de l’étude CROP. C’est ainsi que le train électrique de la Caisse de dépôt et la construction d’un nouveau pont ou tunnel entre Québec et Lévis figurent en tête de liste des projets les plus populaires, aux côtés d’un programme de subventions à l’achat pour les voitures électriques. « Il me semble que les gens ont eu le discernement d’essayer de favoriser des domaines dans lesquels une grande partie de la population est gagnante. Vous avez un train électrique sur l’île de Montréal, c’est la moitié du Québec qui va en profiter », a commenté Alain Giguère, de CROP, qui parle de « projets structurants » pour la société.
Échaudés par la controverse sur la rémunération des hauts dirigeants de l’entreprise, les Québécois ne veulent plus voir leurs taxes et impôts se diriger vers les coffres de Bombardier, semble indiquer l’étude de CROP. « Le timing n’est pas bon » pour l’avionneur, observe M. Giguère. « J’aurais pensé que jusqu’à tout dernièrement, Bombardier aurait eu une image suffisamment positive » pour mieux se classer, a-t-il ajouté. Même si la question faisait référence à un « sauvetage », seulement 37 % des répondants se sont dits favorables à un investissement de fonds publics. Toujours sur le plan économique, « une cimenterie en région (ou d’autres projets industriels en région) » obtient pour sa part l’appui de 58 % des répondants.
Les répondants sont plus divisés sur les projets culturels. Les films québécois méritent d’être financés par l’État, selon le sondage, mais pas le projet d’illumination du pont Jacques-Cartier – prévu pour le 375e anniversaire de Montréal –, arrivé en toute fin de classement. La Société des ponts fédéraux n’a pas voulu commenter ce résultat. Les répondants sont divisés presque à parts égales (47 % pour, 53 % contre, dans les deux cas) quant à l’investissement public dans la construction de salles de spectacle et la création d’art public.
Alain Giguère dit être encore une fois étonné par les résultats très polarisés obtenus auprès des répondants habitant à Québec et dans les environs. « La région de Québec, à part leur équipe de hockey et leur pont [3e lien], ils sont contre tout. Ils sont systématiquement contre tout, ils sont systématiquement à la baisse sur la subvention de quoi que ce soit », a-t-il dit, alors que Régis Labeaume annonçait l’abandon de son projet actuel de service rapide par bus. « Ils sont significativement plus bas que les autres. » Selon le sondeur, il s’agit d’un paradoxe « formidable » : la ville abritant le plus de fonctionnaires travaillant chaque jour pour l’État est aussi la plus défavorable aux interventions de l’État dans l’économie.
Les 18-34 ans approuvent des investissements publics beaucoup plus généreux que leurs aînés, montre aussi le coup de sonde. La différence est significative pour la grande majorité des propositions. « Je ne crois pas qu’ils sont conscients autant que les plus âgés des enjeux financiers des gouvernements », a tenté d’expliquer Alain Giguère de CROP. « Ils veulent une qualité de vie dans leur société, ils veulent que le gouvernement investisse. » Seule exception : les jeunes répondants sont un peu moins nombreux que les 35-54 ans ou les 55 ans et plus à accepter que l’État injecte des fonds dans le cinéma québécois, avec respectivement 63, 67 et 66 % d’appuis à la proposition.