chocolat de pâques

Le flair divin des Pères Trappistes

DOLBEAU-MISTASSINI — La Chocolaterie des Pères Trappistes a produit plus de 2,6 millions de petites poules en chocolat pour Pâques cette année. Malgré une moyenne d’âge de 76 ans, les moines ont conservé leur esprit entrepreneurial. En investissant dans la modernisation des équipements, ils ont fait croître les ventes de 20 % cette année. Incursion dans le monde du savoir-faire chocolatier monastique qui a pris racine en 1944 dans le nord du Lac-Saint-Jean.

La frénésie de Pâques

À la Chocolaterie des Pères Trappistes de Mistassini, le régime tourne au ralenti pour remplir les dernières commandes de chocolats de Pâques en cette fin du mois de mars, après avoir complété une période de production effrénée qui a commencé en octobre dernier. Pour combler la demande pascale, qui représente 50 % du chiffre d’affaires, jusqu’à 50 employés, répartis sur trois quarts de travail, ont trimé 24 heures sur 24 pour produire les 17 figurines animales de 25 à 1600 g. On y retrouve des ours, des lapins, des écureuils et plusieurs autres animaux en grand format, mais la petite poule demeure celle qui se vend le plus avec plus de 2,6 millions d’unités écoulées cette année.

L’entrepreneuriat monastique

L’entrepreneuriat fait partie de l’ADN des moines trappistes réputés pour la production de bière en Belgique ou encore pour le fromage d’Oka. À l’abbaye Notre-Dame de Mistassini, fondée en 1892 lorsqu’un groupe de moines d’Oka se sont implantés au Lac-Saint-Jean pour favoriser la colonisation, les pères ont d’abord brassé des affaires en foresterie et en agriculture, avant de devenir partenaires dans la confiserie Bonbons Saguenay en 1941. Lorsqu’ils en deviennent propriétaires uniques en 1944, ils décident de lancer une gamme de chocolats de Pâques. Aujourd’hui, la chocolaterie couvre 50 % des frais de la communauté des trappistes.

Transmettre le savoir-faire

Jusqu’en 2009, c’était un père trappiste qui était le directeur général de l’usine et tout le travail était ancré dans la tête des artisans. Il n’y avait qu’un employé qui connaissait la recette de guimauve, un autre qui savait quelle était la bonne température pour couler le chocolat, en touchant la cuve. « Les gens aiment beaucoup les produits artisanaux, mais ils aiment aussi quand ça goûte toujours pareil », soutient Dominique Genest, qui, en devenant le premier directeur général laïque de la chocolaterie, a géré la normalisation des procédés et la mise à niveau des installations. Ce changement de cap était rendu nécessaire, car les moines, qui ont aujourd’hui une moyenne d’âge de 76 ans, ont réduit leur implication directe dans l’usine. N’empêche que le père Augustin travaille encore presque tous les jours à la boutique du haut de ses 85 ans !

Une croissance soutenue

Depuis 2013, 2,3 millions de dollars ont ainsi été investis pour mettre les équipements aux normes et pour automatiser certaines tâches, « afin d’assurer la pérennité de l’entreprise », explique le père Clément, président du conseil d’administration, exclusivement composé de moines. De plus, la chocolaterie a récemment refait son image de marque en mettant en vedette quatre moines sympathiques. L’an dernier, les pères ont ajouté la petite poule en chocolat noir à leur offre, et déjà, 25 % des clients choisissent cette option pour Pâques. Résultat : l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires depuis six ans. « Nous n’avons pas d’ambitions de devenir une multinationale, ajoute le père Clément. Nous voulons croître à l’échelle humaine et générer des retombées dans notre milieu. »

Artisanat automatisé

La chocolaterie a notamment investi dans une « tourneuse », qui pivote et vibre, pour que le chocolat soit réparti uniformément dans les petites poules. « Le procédé paraît simple, mais tout est une question de précision, explique Dominique Genest. Il faut préchauffer les moules, couler le chocolat à la bonne température, trouver les bonnes vitesses de rotation et de vibration, puis démouler les chocolats au bon moment, tout ça, pour éviter que le chocolat ne colle aux moules. Et il faut le faire le plus rapidement possible pour produire jusqu’à 100 000 poules par jour ». Malgré l’automatisation, ce sont les artisans chocolatiers et les travailleurs qui réalisent plusieurs tâches clés, comme la préparation de la guimauve, le démoulage et l’emballage.

Bleuets au chocolat et autres gâteries

La chocolaterie est aussi reconnue pour ses bleuets frais enrobés de chocolat, car elle tire 25 % de ses revenus de ce produit qui n’est offert que six semaines par année, soit pendant la période de récolte du petit fruit. Le reste de l’année, la chocolaterie produit des fondants de fruits, des guimauves et des canneberges enrobés de chocolat, ainsi que des rosettes.

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