Opinion

Montréal a déjà un stade de baseball

Toute la stratégie du maire de Montréal est basée sur une fausse prémisse : le Stade olympique ne serait pas un bon stade de baseball.

Mais comment un maire de sa génération peut-il être ignorant de l’histoire de l’emblème international de sa ville, le Stade olympique ?

Comment peut-il ignorer que ce stade a été conçu, dès son origine, par l’architecte français Roger Taillibert et par l’ingénieur montréalais Claude Phaneuf, comme stade omnisport devant servir principalement au baseball après la tenue des Jeux olympiques de 1976 ?

Ignore-t-il pourquoi le stade est construit penché de façon à avoir plus de spectateurs derrière le marbre que derrière le champ centre ? Ignore-t-il que l’architecture de ce stade, unique au monde, a résolu la quadrature du cercle en permettant une excellente vue à la fois pour le losange du baseball que pour les rectangles du football canadien, américain et européen.

Charles Bronfman, ce grand Montréalais, propriétaire des Expos, était ébloui et enthousiaste de voir ses Expos dotés d’un tel stade. Dès l’arrivée des Expos au stade, le baseball montréalais a gagné en popularité. Les années 80 ont été fantastiques et il a fallu l’arrivée à Montréal d’hommes d’affaires américains et d’un Québécois, Claude Brochu, ainsi que d’un contexte économique défavorable, pour réussir à entrer dans la tête des Montréalais que le problème du baseball à Montréal était le Stade olympique.

Le Stade olympique est un stade absolument parfait pour le baseball. La vue y est parfaite de tous les points de vue.

On pourrait, même, le rendre comparable aux plus grands stades de baseball américains en rendant toutes les estrades du champ centre complètement mobiles, ce qui permettrait, en les approchant toutes sur la clôture pour le baseball, d’avoir une plus grande foule compacte derrière le champ centre, ce qui n’est même pas le cas de la plupart des stades de baseball.

STADE SANS TOIT

Au lieu de vendre notre stade au commissaire du baseball, Denis Coderre le confirme dans son erreur et souhaite construire un nouveau stade de baseball, de 35 000 personnes, sans toit, dont le seul mérite serait d’être situé au centre-ville. Mais veut-on vraiment d’un stade qui sera toujours plein lors des bons matchs avec un prix des billets en conséquence pour les familles montréalaises ? Veut-on d’un stade qui sera fort désagréable lorsqu’il fera le moindrement froid ? Veut-on d’un stade où des matchs seront annulés à cause de la pluie avec l’incertitude associée au match quand ce sera le moindrement pluvieux ? Où sont les vrais intérêts de Denis Coderre : les hommes d’affaires du centre-ville ou les familles montréalaises ?

C’est ici que le maire Coderre fait mal, non seulement au retour des Expos, car un retour des Expos exigeant la construction d’un nouveau stade sera beaucoup plus difficile à réaliser que s’il se contentait de suivre la voie du gros bon sens en ramenant les Expos au Stade olympique. Mais en dirigeant des investissements publics, non pas vers le symbole de sa ville, le Stade olympique, pour y installer le seul véritable toit amovible possible, celui de Taillibert ; mais plutôt vers la construction inutile d’un nouveau stade de baseball au centre-ville de Montréal. Denis Coderre vient nuire aussi aux autres sports, comme le soccer, qui profiteraient d’un toit amovible pour la présentation de grands matchs sur pelouse naturelle, beaucoup moins chère à réaliser si le soleil se rend sur la pelouse, donc avec un toit ouvert durant l’été.

Il nuit finalement à tout Montréal en ne mettant pas d’énergie sur le véritable investissement qui est nécessaire en infrastructure sportive à Montréal, investissement réclamé par le comité dirigé par Lise Bissonnette et par tout le monde sportif montréalais : l’installation d’une toiture amovible sur le Stade olympique.

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