Chronique

La voix changera de tonalité

On a senti un essoufflement pendant la dernière saison de La voix, une sorte de lassitude, un sentiment de déjà vu.

Comme si le télé-crochet animé par Charles Lafortune nous surprenait moins, qu’on pouvait deviner facilement ce qui s’en venait à la prochaine ronde. C’est normal. Après six saisons en ondes, et deux autres en format junior, l’équipe de création manque peut-être de souffle et d’idées fraîches.

Voilà pourquoi les producteurs (Déferlantes) et TVA ont décidé de secouer leur lucrative franchise musicale en prévision du prochain chapitre, prévu à l’hiver 2019. L’équipe derrière la caméra changera complètement, ce qui marque le départ du vétéran Stéphane Laporte, lui qui a orchestré chacune des éditions de La voix depuis janvier 2013.

C’est un gros morceau qui se détache, quand on sait que Stéphane Laporte, grand manitou de Star Académie, se jette corps et âme dans son travail. Stéphane Laporte était aussi l’un des derniers membres de la garde rapprochée de Julie Snyder à œuvrer à TVA.

On se doute que Stéphane Laporte n’a pas dû exploser de joie en apprenant qu’il avait été tassé de la mégaproduction. Il n’a pas souhaité commenter davantage hier. Dans la même vague, ses proches collaborateurs à La voix ont tous été remerciés.

Pour « repartir » la machine de La voix, Déferlantes a mis sous contrat le réalisateur Jean-François Blais, derrière la caméra d’En direct de l’univers depuis sa mise à feu en 2009. En plus de réaliser, Jean-François Blais assurera la direction artistique des galas du dimanche et deviendra producteur associé de La voix. Il ne chômera pas.

À la mi-mai, Jean-François Blais a été le concepteur et le réalisateur du gala Artis de TVA, où le numéro d’ouverture à thématique d’amour ressemblait beaucoup à ceux qui rythment les émissions spéciales d’En direct de l’univers.

La façon d’enchaîner les chansons et de les fondre les unes dans les autres, ça sonnait comme un segment de la très bonne émission de France Beaudoin. Cette dernière craint-elle que son ancien complice ne reproduise la formule gagnante d’En direct de l’univers à TVA ?

« Je me fie à l’élégance et au professionnalisme de Jean-François Blais. Étant donné son talent, c’est certain qu’il va faire autre chose que du En direct de l’univers à TVA. Je ne suis pas inquiète. »

— France Beaudoin

Jean-François Blais a de longs états de service dans le showbiz. Il a réalisé Le Poing J, plusieurs galas (Artis, Les Olivier, les Gémeaux) et de nombreuses émissions de variétés, dont Belle et bum. C’est un pro. Il est tout à fait normal que TVA veuille l’avoir dans son giron pour construire une équipe avec les meilleurs éléments disponibles.

Il est aussi normal que l’équipe d’En direct de l’univers soit secouée par le départ inattendu de l’un de ses piliers. Selon des taupes bien informées, l’offre financière faite à Jean-François Blais par les Productions Déferlantes était impossible à refuser. Radio-Canada n’avait aucunement les moyens de surenchérir.

En direct de l’univers connaît une progression notable et constante depuis quelques années.

Les patronnes de Radio-Canada sont tellement satisfaites de l’émission du samedi soir qu’elles l’ont renouvelée pour les deux prochaines années, ce qui est très rare en télévision, où les décisions se prennent une saison à la fois.

Le succès d’En direct de l’univers, qui a même reçu Céline Dion à l’automne 2016, a évidemment intrigué TVA. La nouveauté Tout le monde aime, animée par Sonia Benezra, a des airs de famille avec En direct de l’univers et d’Ici on chante, d’après les détails qui ont filtré.

Hier soir, France Beaudoin a organisé une conférence téléphonique avec tous les membres d’En direct de l’univers pour leur communiquer les changements opérés dans l’émission.

Toujours à TVA, comme je l’écrivais récemment, les tournages de Face au mur prévus en août ont été annulés et aucune indication sur la suite des choses n’a été communiquée à l’équipe qui manufacture l’émission.

Pourtant, les contrats stipulaient que le grand jeu de Maripier Morin durerait au moins deux saisons.

En même temps, Maripier nous avait bien avertis cet hiver : le mur peut tout donner, mais le mur peut aussi tout reprendre. Le mur n’aura jamais si bien dit, finalement.

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