Composition du gouvernement fédéral

Steven Guilbeault entre au Cabinet, mais pas de lieutenant politique pour le Québec

Ottawa — À peine élu, l’écologiste bien connu Steven Guilbeault devrait gravir rapidement les échelons du pouvoir à Ottawa en accédant au Cabinet. Le candidat vedette des libéraux dans la région de Montréal au dernier scrutin fédéral devrait se voir confier le ministère du Patrimoine mercredi lorsque le premier ministre Justin Trudeau annoncera la composition de son cabinet.

Selon des informations obtenues par La Presse, lundi soir, le premier ministre devrait aussi écarter l’idée de s’adjoindre les services d’un lieutenant politique au Québec, même s’il avait entrepris une réflexion à ce sujet depuis les résultats des élections fédérales qui ont vu le Bloc québécois remporter 32 des 78 sièges de la province. «  Le premier ministre ne veut rien savoir d’avoir un lieutenant politique au Québec  », a laissé tomber lundi soir une source libérale qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’avait pas l’autorisation de parler publiquement du jeu de chaises musicales à venir.

M. Trudeau devrait confier à l’actuel titulaire du ministère du Patrimoine, Pablo Rodriguez, le poste de leader du gouvernement en Chambre – un poste des plus névralgiques alors que les libéraux sont désormais minoritaires à la Chambre des communes, toujours selon nos informations. Ayant déjà servi comme whip du caucus libéral, M. Rodriguez sera donc l’homme de confiance pour diriger les travaux parlementaires et négocier les compromis nécessaires qui permettront au gouvernement Trudeau d’obtenir l’appui de l’un des partis de l’opposition et ainsi de se maintenir au pouvoir aux Communes.

Parmi les changements envisagés par le premier ministre au sein de son équipe de proches collaborateurs, Justin Trudeau tenterait de convaincre l’actuel ambassadeur du Canada à l’ONU, Marc-André Blanchard, de rejoindre son équipe à Ottawa. Selon nos informations, M. Blanchard avait songé un moment à briguer les suffrages durant la dernière campagne en portant les couleurs du Parti libéral, mais M. Trudeau lui-même l’en aurait dissuadé étant donné que le Canada mène depuis des mois une campagne pour décrocher un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Joly et Duclos promus

Les ministres du Québec Mélanie Joly (Tourisme, Langues officielles et Francophonie) et François-Philippe Champagne (Infrastructures et Collectivités) devraient obtenir «  des promotions importantes  », selon des sources libérales, tandis que Jean-Yves Duclos, qui est ministre du Développement social, de la Famille et des Enfants, pourrait obtenir le Conseil du Trésor.

La ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, demeurera au sein du Cabinet et devrait conserver les mêmes responsabilités, tout comme le ministre des Transports, Marc Garneau.

Au cours des derniers jours, des médias anglophones ont rapporté que l’actuelle ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, se verrait confier le ministère des Affaires intergouvernementales afin de prendre en main le délicat dossier de l’unité nationale.

Les élections fédérales ont mis en relief de vives tensions régionales alors que les libéraux ont été rayés de la carte électorale en Alberta et en Saskatchewan, deux provinces vivement opposées à la taxe fédérale sur le carbone et aux politiques en matière de développement des ressources naturelles du gouvernement Trudeau.

Tout indique que le ministre des Finances, Bill Morneau, conservera aussi les mêmes responsabilités, Justin Trudeau jugeant essentiel de maintenir une stabilité à un ministère d’une telle importance. Il est aussi plutôt rare qu’un premier ministre décide de nommer un nouveau grand argentier du pays en cours de route, à moins d’y être forcé par des circonstances politiques extraordinaires, comme ce fut le cas lorsque Jean Chrétien a congédié Paul Martin en 2002 parce qu’il refusait de mettre en sourdine ses ambitions politiques de diriger le Parti libéral du Canada.

Ajouts de feux piétons aux intersections

Une mesure jugée insuffisante

Une mesure intéressante, mais insuffisante pour atteindre l’objectif Vision zéro : zéro mort et blessé dans les rues de Montréal.

Ainsi ont réagi lundi matin le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Direction de santé publique de Montréal à l’annonce de la Ville de Montréal d’ajouter des feux piétons à toutes les intersections dotées de feux de circulation et d’allonger de quatre à six secondes le temps de traverse pour assurer la sécurité des piétons sur son territoire d’ici huit ans.

Depuis le début de l’année, 19 piétons ont perdu la vie à Montréal, dont 15 avaient plus de 65 ans. En 2018, le bilan routier faisait état de 18 morts et de 87 blessés graves chez les piétons.

« La sécurité routière, c’est un cocktail », a expliqué André Durocher, inspecteur au SPVM, en marge de la conférence de presse de l’administration Plante.

L’ajout de feux piétons à toutes les intersections est une « bonne initiative ».

« Cela étant dit, c’est une mesure et non pas LA mesure. La mesure ultime, je crois, c’est que chaque personne qui se lève le matin a une partie de responsabilité. […] L’éducation est la clé. »

2000 intersections visées

Patrick Morency, médecin-conseil à la Direction de santé publique de Montréal, estime lui aussi que la Ville devra prendre d’autres mesures pour assurer la sécurité des piétons et éliminer les accidents causant la mort ou des blessures graves.

« Il va falloir donner plus d’espace, éventuellement, peut-être des terre-pleins », a-t-il suggéré.

« Et il y a beaucoup d’intersections où il n’y a pas de feux de circulation. Donc ce n’est pas la fin du projet pour assurer la sécurité des piétons, mais le message est quand même clair. Cette mesure va certainement faciliter la vie des piétons et augmenter le respect du Code de la sécurité routière. »

Plus de secondes

Comme l’a rapporté La Presse dans son numéro de lundi, la Ville va ajouter des feux piétons aux 2300 intersections de la ville munies de feux de circulation. Les feux existants seront aussi reprogrammés pour accorder de quatre à six secondes supplémentaires aux piétons qui traversent aux intersections.

« Il y a en déjà 300 où la job est faite, mais il en reste 2000 », a précisé Éric Alan Caldwell, responsable de l’urbanisme et du transport au comité exécutif de la Ville. « On va passer à chaque intersection, revoir l’ensemble des facteurs et reprogrammer les feux pour améliorer la sécurité. Et quand il n’y aura pas de feux piétons, on va en poser. »

Huit ans

Mais ces mesures ne seront pas en vigueur du jour au lendemain. L’administration Plante se donne de cinq à huit ans pour réaliser son plan d’action, à raison de 250 intersections par année. Les intersections prioritaires seront celles où des collisions mortelles sont survenues et celles qui se trouvent à proximité des écoles.

« On se donne entre cinq et huit ans, mais ce qu’on veut, c’est plus le cinq que le huit. Pour faire cette tâche colossale, on a décidé d’investir entre autres dans les ressources humaines, dont plus d’ingénieurs, a souligné la mairesse Valérie Plante. Le plus tôt, le mieux. »

Un échéancier beaucoup trop long, selon l’opposition à l’hôtel de ville.

« Projet Montréal est au pouvoir depuis deux ans et n’a quasiment rien fait pour assurer la sécurité des piétons, a dénoncé Lionel Perez, chef de l’opposition officielle. Et là, tout d’un coup, à la suite d’un nombre record de décès à Montréal, dont deux la semaine dernière, on voit un changement. Pour nous, c’est un aveu d’échec. Mais le pire, c’est que l’administration veut pelleter en avant pendant huit ans. »

Enveloppe bonifiée

La Ville a bonifié l’enveloppe consacrée aux feux piétons de 43 % par rapport à celle prévue dans les programmes triennaux d’immobilisations précédents. Cela représente un investissement de 58,5 millions sur trois ans, de 2020 à 2022, donc 19,5 millions annuellement.

Capitales Médias

Québec opte pour le modèle coop

Québec — Principal créancier de Groupe Capitales Médias, le gouvernement Legault choisit le modèle des coopératives de travailleurs pour relancer les six quotidiens du groupe.

Il en fera l’annonce mardi, 24 heures avant que le syndic ne soumette ce modèle au tribunal, a confirmé une source gouvernementale.

La Presse avait révélé le 7 novembre que le regroupement de coopératives de travailleurs avait une nette longueur d’avance parmi les groupes ayant fait une offre. C’est le modèle qui a été appuyé par les 350 travailleurs des six quotidiens : Le Soleil à Québec, La Tribune à Sherbrooke, Le Quotidien à Saguenay, La Voix de l’Est à Granby, Le Droit à Ottawa/Gatineau et Le Nouvelliste à Trois-Rivières.

Une « coopérative de producteurs » assurerait les services communs comme les abonnements, l’administration, les services numériques et la paie. Elle chapeauterait les coopératives des six quotidiens.

Selon le plan d’affaires, 21 millions de dollars seraient injectés dans la nouvelle structure. Le Fonds de solidarité FTQ et le Mouvement Desjardins investiraient 4,5 millions ; le fonds de travailleurs Fondaction de la CSN, 1,5 million.

Investissement Québec accorderait un prêt remboursable de 5 millions. Il a déjà contribué pour 15 millions dans Groupe Capitales Médias, et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a déjà déclaré que le gouvernement ne s’attendait pas à revoir la couleur de cet argent.

Campagne de dons

Les coopératives espèrent obtenir 5 millions grâce à une campagne de dons auprès des lecteurs et des gens d’affaires locaux. Le plan d’affaires prévoit 5 millions en subventions, dont les crédits d’impôt déjà annoncés par Québec et Ottawa. Québec serait également appelé à investir dans la nouvelle structure.

Il n’y aurait pas de pertes d’emplois chez les journalistes, qui subiraient toutefois un gel salarial. Il y aurait des licenciements dans la production, alors que l’on envisageait déjà de fermer une imprimerie à Sherbrooke avant la faillite.

L’offre faite par un autre groupe, Métro Média, n’impliquait pas d’injection de fonds supplémentaire de Québec, mais prévoyait des licenciements importants, a signalé une source proche du dossier.

Comme dans les autres offres qui ont été soumises, les coopératives ne prendraient pas en charge les régimes de retraite à prestations déterminées existants. Conséquence : les retraités pourraient perdre environ 30 % de leurs rentes. Les six quotidiens seraient dotés de régimes de retraite à cotisations déterminées, moins risqués pour l’entreprise.

Mercredi, le syndic devrait demander un délai supplémentaire à la cour pour terminer le montage financier.

Sous la nouvelle structure, un déficit de 7 millions est prévu en 2020, mais un profit de 8 millions est attendu en 2022, comme La Presse l’a déjà indiqué. Il y aurait un virage au tout-numérique à moyen terme, alors que les éditions papier seraient limitées au samedi.

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal

Les mesures de sécurité seront révisées

Dans une note de service envoyée à tous ses employés lundi, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal admet que la clientèle dans les hôpitaux a changé et annonce du même coup qu’il révisera les mesures de sécurité dans ses établissements. Ce message envoyé par le président-directeur général de l’organisation fait suite à une lettre ouverte, publiée dans La Presse le même jour, dénonçant le manque de sécurité dans les milieux hospitaliers.

Dans sa note de service, Frédéric Abergel avance, sans être complètement affirmatif, que « des incidents menaçant la sécurité de notre personnel seraient de plus en plus fréquents dans toutes nos installations ». En entrevue téléphonique, le PDG affirme toutefois qu’il n’y a pas de hausse de cas « très violents », comme l’agression d’un patient contre son psychiatre, survenue le 29 octobre dernier au pavillon Albert-Prévost. Le patient a été accusé de tentative de meurtre contre son médecin, qui a survécu à l’attaque.

« Quand je fais mes tournées de personnel, tous les quelques mois, [la sécurité] n’est pas un enjeu qui m’est rapporté. Pourtant, je rencontre des centaines d’employés chaque fois », souligne M. Abergel qui a fait sa plus récente « tournée » l’été dernier.

Dans son message, le grand patron du CIUSSS annonce qu’il embauchera un expert externe pour qu’il se penche sur la sécurité dans les hôpitaux. Il affirme également qu’un comité révisera le code blanc, l’alerte lancée lorsqu’un patient est violent.

« D’ici l’embauche de cet expert, nous ne serons pas inactifs. Des changements seront très bientôt initiés pour agir immédiatement », écrit le PDG dans sa note. Questionné au sujet de ces changements, M. Abergel a dit attendre entre autres les conclusions de l’enquête interne à propos de l’agression du 29 octobre dernier.

Il a mentionné que la révision du code blanc ne se faisait d’ailleurs pas en réaction à la tentative de meurtre contre un psychiatre. Après quelques années, « on révise les codes. Il faut s’assurer qu’on les met à jour. Ça a adonné comme ça qu’on devait amorcer la révision du code blanc », a-t-il indiqué.

Des inquiétudes à court terme

Louis-Martin Reid-Gaudet, membre du comité de négociation de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), affirme que le CIUSSS est déjà au fait des correctifs à apporter dans les hôpitaux. Selon lui, plusieurs comités se sont penchés sur la question de la sécurité dans les dernières années.

Selon M. Reid-Gaudet, les portes donnant accès à l’unité où se trouvent des patients judiciarisés devraient être verrouillées et une formation devrait être offerte aux employés travaillant à cet endroit.

« Les comités se butent systématiquement au même enjeu lorsqu’on arrive aux recommandations. Elles coûtent des sous, donc ce sont des comités dans lesquels les recommandations meurent au feuilleton. »

Kathleen Bertrand, présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Nord-de-l’Île-de-Montréal (FIQ), voit quant à elle d’un bon œil l’arrivée prochaine d’un expert externe. Elle déplore toutefois que la sécurité n’ait pas été rehaussée depuis octobre.

« On fait face à une clientèle de plus en plus hypothéquée, de plus en plus malade. On parle de toxicomanie et d’alcoolisme mêlés à des problèmes de santé mentale. Ces patients se retrouvent dans des unités où il manque d’effectifs et où la sécurité est déficiente », dit Mme Bertrand.

David Routhier, président de l’exécutif local de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, croit aussi que l’embauche d’un expert externe est un pas dans la bonne direction, mais il affirme que la sécurité doit être améliorée à court terme.

« Trois semaines après l’agression, ce que les gens me rapportent, c’est qu’ils n’ont pas vu de changement. Si la direction dit qu’il y a des changements, on ne les voit pas », explique M. Routhier. Le CIUSSS affirme qu’un troisième agent de sécurité a été embauché depuis l’attaque.

« Demain matin, déplore-t-il, il pourrait arriver la même agression que celle du 29 octobre. »

Grande soirée « 2019 vue par La Presse »

Envoyez-nous vos questions !

Envoyez-nous vos questions ! La grande soirée « 2019 vue par La Presse » aura lieu le 5 décembre au MTELUS. Vous mourez d’envie de poser une question à nos journalistes ? Consultez les thématiques qui seront abordées et la liste de nos panélistes et faites-nous parvenir votre question à l’adresse communication@lapresse.ca avant le jeudi 28 novembre. Nous vous demandons de mentionner votre nom, votre ville d’origine, votre âge, ainsi que de nous indiquer depuis combien de temps vous êtes un lecteur de La Presse. L’animateur de la soirée, Patrick Lagacé, posera les meilleures questions en direct lors de l’évènement.

Politique

Rizqy renonce à la direction du PLQ

Marwah Rizqy ne briguera pas la direction du Parti libéral. La députée de Saint-Laurent a confirmé lundi qu’elle renonçait à se lancer dans la course et qu’elle appuierait plutôt Alexandre Cusson. Dans une publication Facebook en fin de journée, elle confirme avoir mené une « réflexion sérieuse » sur la meilleure manière de renouveler le PLQ après sa défaite électorale cinglante l’an dernier. « J’en suis venue à la conclusion que ce n’était pas à titre de cheffe que je pourrais le mieux le faire à ce moment-ci », a-t-elle écrit. « Je compte tout de même participer activement à la course à la chefferie qui s’amorce sous peu à titre de militante et de députée libérale, a-t-elle ajouté. Je désire m’investir sur le plan des idées et joindre une nouvelle génération de libéraux progressistes. » Elle appuiera Alexandre Cusson, qu’elle a rencontré vendredi dernier.

— Martin Croteau, La Presse

Actualités

Un cône orange suspendu à Montréal

Été comme hiver, les Montréalais sont habitués à voir une multitude de cônes orange joncher les routes et les chantiers de la métropole québécoise. Ils sont moins habitués à apercevoir l’un de ces cônes flotter dans les airs. C’est pourtant la vue qui s’offrait aux passants de la rue des Carrières, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie. Suspendu par un fil, le cône trône entre les deux cheminées de l’ancien incinérateur des Carrières depuis dimanche. Lundi matin, les curieux s’arrêtaient le temps d’immortaliser l’énigmatique tableau. Leur air perplexe laissait deviner la question qu’ils se posaient tous : qui a bien pu grimper pour suspendre l’objet emblématique ? — La Presse

Rectificatif

Pierre Guimond

Dans un texte portant sur le 30e anniversaire de la « Révolution de velours » en Tchécoslovaquie, publié dimanche, nous avons présenté Pierre Guimond comme un ex-ambassadeur du Canada à Prague. Il exerçait plutôt les fonctions d’attaché politique. Nos excuses.

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