Opinion

Les relations modernes

De nombreux couples d'aujourd'hui vivent peu d'intimité réelle

Les couples d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient. On se sépare facilement à la moindre contrainte, alors qu’avant on restait ensemble pour le meilleur et pour le pire.

Dans le temps, quand quelque chose était brisé, on le réparait. Aujourd’hui, on le change. Avant, on ne se quittait pas car on n’osait pas compte tenu de la pression sociale (religion, jugement de la famille, possessions matérielles, argent, enfants, etc.). Mais qui a raison, le vieux couple ou le plus jeune ? Ni un ni l’autre car dans les deux cas, l’intimité est défaillante.

Dans l’équation de la vie et du bonheur qu’on en retire, la variable « couple » ne peut pas prendre une place équivalente aux variables « travail, loisir et enfant ». On dit souvent qu’on a des horaires de fou et que notre couple en souffre.

Mais en réalité, on devrait plutôt dire que c’est parce que notre couple souffre qu’on a des horaires de fou.

Or, sans intimité véritable, les gens ont tendance à compulser dans le travail, les sorties, le magasinage ou leur rôle parental. Ces « agirs » apaisent momentanément le sentiment de détresse rattaché au manque d’intimité.

Telle une toupie qui tourne sur elle-même, l’adulte en manque d’intimité ne peut s’arrêter de s’étourdir dans le mouvement. En tournant ainsi, rien ne colle, surtout pas les mauvais sentiments et les pensées anxieuses. Comme si compulser apportait un certain sentiment d’équilibre car si son rythme effréné ralentit, l’adulte ressent le sentiment de perdre pied, risque de tomber et de sombrer dans la dépression.

Dévoilement réciproque

Il est difficile d’être intime. Aujourd’hui, un couple sur deux se sépare et la moitié de ceux qui restent ensemble vivent peu d’intimité réelle. Être intime en couple permet de ressentir ce sentiment apaisant de pouvoir être soi-même (avec ses forces et faiblesses). Pouvoir tout dire et ressentir en se sentant accepté, compris et valorisé par l’autre. On parle alors d’une relation dans laquelle il y a un dévoilement réciproque et sincère de son identité (forces, limites, peurs envies, etc.).

Bref, la matière première de l’intimité dans le couple est l’identité des partenaires, la connaissance qu’ils ont d’eux-mêmes.

Sans identité bien définie, il devient difficile de partager, de se dévoiler à l’autre.

C’est pourquoi les adultes dont l’identité est diffuse auront plus de difficulté à prendre des initiatives dans leur couple. Comme ils ne savent pas qui ils sont et quels sont leurs réels besoins, ils auront alors tendance à acquiescer à tout, à être d’accord avec ce qui est proposé, à ne pas prendre position en apportant leur « grain de sel » à la relation. Devant ce manque d’initiative, l’autre partenaire mieux défini se sentira de plus en plus seul, seul avec l’autre en manque d’intimité.

Non, les couples d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient. Avant, on était dans le déni d’une relation vide et aujourd’hui, on ne parle plus de manque d’intimité mais de relation moderne.

Mais au fond, peu importe les nouvelles appellations données au couple d’aujourd’hui, un couple qui dure et qui est assouvissant pour les deux partenaires en est un construit sur les bases solides de l’identité et du dévoilement. Travaillons donc sur ces réels déterminants au lieu de perdre notre énergie à essayer de trouver de nouveaux termes à une vieille histoire qui dure depuis la nuit des temps.

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