CARNET D’ENDORPHINES

Comment réussir sa rentrée sportive en sept étapes faciles

Les vacances, c’est formidable : la canicule apocalyptique, les cigales qui enterrent Osheaga, le pichet d’ouzo à portée de main (quasi Santorini dans le Centre-Sud) et la pile de romans au pied du hamac (le Pivot de Marie-Eve Cotton, le Sans Terre de Marie-Ève Sévigny et les Murailles d’Erika Soucy). Tout baigne dans une langueur au parfum de Coppertone.

L’effort ? Oh, si peu… ou alors le « lever du pichet plein » et le transport du sac de glaçons façon musculation de biceps. Avant de replonger avec délice dans Étincelles de Michèle Plomer (oui, c’est une chronique de sport).

Et puis, sans prévenir, un abruti zélé sonne la cloche qui annonce la fin de la récréation. Il faut se lever du hamac, poser des étiquettes sur du matériel scolaire, et reprendre « sa place dans le trafic » comme chante Cabrel.

Devant tant de pression, une seule solution : la fuite !

Sauf que pour fuir, ça prend des jambes. De l’endurance. Et du souffle.

Par ici la rentrée.

1. D’abord régler la question du temps. Le temps, personne n’en a. On le prend, on le maximise, on le rentabilise. Des parents font le tour du quartier à la course pendant les parties de hockey/leçons de violoncelle des enfants (non, on n’est pas obligés de rester à toutes les pratiques pour les encourager). Des workaholics qui sauvent des vies pratiquent le transport actif – en running ou à vélo – avec assiduité, matin et soir. Des insomniaques se disent que tant qu’à tourner d’un bord pis de l’autre, autant aller au gym (coucou Chrystine Brouillet) ! J’ai déjà vu des hommes d’affaires chinois en costume-cravate pratiquer leur taï-chi sur le tarmac d’un aéroport. Quand bouger fait partie intégrante de ta vie, l’imagination trouve des solutions.

2. Ensuite, régler la question de la maudite motivation. Ça non plus, personne n’en a, et c’est comme la crème 35 %, si tu ne la fouettes pas à bras, ça ne monte pas. Donc, tu sors ton attirail de dominatrice de l’inertie et tu découvres le plaisir de dominer le monde, un coup de fouet à la fois. Shlack ! 

3. Ah ! et puis tant qu’à être dans les questions à régler pour la rentrée, réglons celle de la crainte d’avoir l’air ridicule.

On va rire de toi si tu cours lentement ? Si t’as pas le « profil » ou le « body » du champion olympique ? Hum, voyons voir…

Pendant que tu t’inquiètes des jugements d’autrui, dans la voiture juste à côté de toi, il y a un gars pas du tout gêné qui fait des fouilles archéologiques dans sa cavité nasale. Dans la catégorie « avoir l’air fou », avouons que ça relativise. 

4. « Slacker ». On le sait qu’on gosse sur des détails du quotidien. Que tout n’a pas besoin « d’être fait à la perfection ». Que ça a juste besoin d’être fait. Ou pas. Pourtant, on s’enfarge dans le ciment d’une organisation psychorigide totalitaire qui rend tout le monde stressé et qui justifie le fait qu’on ne prenne pas le temps d’aller faire rugir les moteurs de cette merveilleuse machine qu’est notre corps. Slack le superflu, slack la motivation, bingo, t’es en business. 

5. Balayer la culpabilité de prendre ce temps-là pour bouger. Faire du sport permet de gérer le stress, d’envisager des solutions plus créatives, de mieux travailler, de réguler la glycémie, la pression artérielle, le cholestérol, de réduire les récidives de certains cancers et, en prime, ça te shoote de la bonne humeur et de l’optimisme dans le cerveau au moment pile où t’en as le plus besoin. En bref, si ta machine tombe en panne, t’es utile à personne. Tu veux rendre service à l’humanité ? Va courir. 

6. Faire de nos enfants des tyrans. Leur confier le cahier des intervalles, un sifflet, le chronomètre et leur donner l’entière permission de nous crier après façon Yvan Ponton dans Lance et compte. Voyez-les s’épanouir dans la dictature et l’époumonage. 

7. Profiter de son sport pour doubler ses objectifs. Apprendre une langue étrangère en marchant, se faire lire Marguerite Duras par Fanny Ardant en pédalant, parfaire sa connaissance des opéras de Verdi sur le rameur, planifier une stratégie d’affaires avec un partenaire de longue course : qui a dit qu’on ne pouvait pas faire deux choses en même temps ? En plus, quand tu répètes « Wo shì yīgè zhànshì* » à voix haute devant le regard perplexe d’un passant, tu comptes triple dans le département de la victoire sur le ridicule.

Voilà, vous êtes maintenant équipé pour fuir à toutes jambes le stress de la rentrée. Ah ! et n’oubliez pas de vous hydrater en lisant.

* « Je suis un soldat », en mandarin.

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