ARTS VISUELS  Chih-Chien Wang

La grandeur de la délicatesse

Les nouvelles œuvres de Chih-Chien Wang présentées chez PFO art contemporain, sous le titre D’ici à la mer, sont empreintes de toute la sensibilité attentive de l’artiste originaire de Taïwan, mais il y a plus encore.

Wang en est à l’étape de sa pratique où il s’expose de plus en plus en créant également des liens pertinents dans sa pratique photographique.

La volonté de l’artiste est de comprendre ce qui fait ou défait ces liens entre lui et le spectateur, bien entendu, entre lui et ses sujets – surtout son fils –, entre son travail et la galerie qui le présente (par une incrustation dans le mur notamment) et entre les œuvres elles-mêmes. 

UN RAPPORT COMPLICE

La présence de sa vie familiale et de la nature représente toujours la ligne de force de sa démarche, mais il y ajoute un jeu plus ludique sur la perception, la perte de repères.

Chih-Chien Wang multiplie les soleils à travers les branches d’arbre dans un fascinant diptyque, Sunny Afternoon 2014. Sur le mur d’en face, une photo tout aussi magnifique de sa femme et son fils, Sleep Under Trees 2014, se mêle aux reflets des arbres à travers la glace d’une voiture.

L’artiste nous plonge dans des univers plus abstraits avec la même finesse. Il s’agit d’éléments de son quotidien aussi, d’une beauté toute simple : un mince rayon de lumière entrevu entre des rideaux, un plafond faisant angle avec le mur – on pense ici aux travaux de Pierre Dorion ou de Stéphane La Rue –, des gouttes d’eau, une rivière, etc. 

Puis il nous invite à retourner d’autres photos du quotidien, dont quelques-unes de son fils omniprésent, installées sur une table couverte de papier sablé. Chih-Chien Wang nous tend la main en nous rendant complices du travail créatif. L’artiste est conscient du temps qui passe, des traces qu’on laisse, de la sienne aussi, portée par la grandeur de sa délicatesse.

Ce travail de maturité s’avère souvent touchant dans sa volonté de s’inscrire dans la durée, dans la fidélité aux événements et aux gens de sa vie.

Chez Pierre-François Ouellette art contemporain jusqu’au 1er novembre.

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