Crise irano-américaine

Un pas de recul

Au lendemain de frappes inédites de Téhéran contre des cibles américaines en Irak, la tension a baissé d’un cran, mercredi. L’Iran « semble reculer », s’est réjoui Donald Trump lors d’une allocution. Devant l’absence de victimes et des dommages « minimes », le président des États-Unis a mis de côté sa rhétorique guerrière et s’est contenté d’annoncer de nouvelles sanctions économiques contre le régime islamique. Le conflit demeure entier, notent toutefois les experts.

Crise irano-américaine

Le spectre de la guerre s’éloigne

Le ton a baissé d’un cran hier au lendemain des frappes de Téhéran contre des cibles américaines en Irak

L’heure était à la désescalade mercredi entre l’Iran et les États-Unis au lendemain d’une attaque spectaculaire du régime islamique contre des bases irakiennes hébergeant de nombreux soldats américains.

Le président américain Donald Trump s’est félicité en matinée lors d’une allocution très attendue à la Maison-Blanche du fait qu’aucun soldat du pays n’avait été tué et que les dommages matériels s’avéraient « minimes ».

Il a affirmé par ailleurs que le régime iranien semblait « reculer » à la suite de l’attaque et s’est borné à annoncer de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran sans évoquer de nouvelle action militaire (voir onglet 4).

Plus d’une douzaine de missiles balistiques ont été lancés contre les bases par l’Iran, qui voulait venger l’assassinat ciblé de l’influent général iranien Qassem Soleimani, survenu en Irak vendredi sur ordre du chef d’État américain.

Ali Vaez, spécialiste de l’Iran rattaché à l’International Crisis Group, s’est dit convaincu mercredi que le régime islamique avait volontairement cherché à éviter de faire des victimes américaines, offrant du coup au président Trump une « porte de sortie » lui permettant d’écarter une nouvelle réplique militaire.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a « toujours cherché par le passé à calibrer attentivement ses confrontations avec les États-Unis de manière à ne pas amener le pays à utiliser sa pleine puissance militaire », relève l’analyste.

État d’alerte

Le gouvernement irakien a précisé mercredi que Téhéran l’avait avisé de l’imminence de frappes contre les bases, où se trouvaient notamment des soldats irakiens et américains, ce qui a pu donner du temps aux militaires pour se mettre à l’abri dans des bunkers.

Le chef d’État américain a plutôt évoqué mercredi l’efficacité des systèmes de détection en place pour expliquer l’absence de victimes parmi les soldats. Les bases étaient en état d’alerte, anticipant une attaque.

Thomas Juneau, un spécialiste du Moyen-Orient rattaché à l’Université d’Ottawa, estime que le régime iranien a choisi une approche réfléchie mais « risquée » pour rétorquer à la mort du général Soleimani, qui dirigeait une unité d’élite des Gardiens de la révolution islamique.

« L’un des missiles aurait pu mal fonctionner et tomber à un endroit indésirable ou des soldats américains auraient pu être frappés faute de s’être protégés correctement. »

— Thomas Juneau

L’administration américaine avait prévenu Téhéran à de multiples reprises au cours des derniers jours que toute nouvelle attaque faisant des morts américains entraînerait une réponse massive.

Malgré l’absence de victimes, l’Iran a envoyé un « message important » en montrant qu’il était disposé à cibler directement des intérêts américains avec ses forces militaires, relève M. Juneau, qui parle d’une première.

« Habituellement, ils agissent toujours indirectement par l’entremise de groupes armés affiliés », relève l’analyste, qui insiste sur le fait que la crise est loin d’être terminée.

« Il y a une désescalade par rapport à la crise aiguë qu’on connaissait depuis une dizaine de jours. On est revenu au climat de tension élevée qui régnait avant. Ce n’est pas une position agréable », souligne-t-il.

Preuve de « témérité »

Ali Vaez, de l’International Crisis Group, pense que l’attaque iranienne est symboliquement importante pour le régime islamique et devrait lui permettre de faire valoir « sa témérité » auprès de la population iranienne malgré l’absence de victimes.

Il estime qu’il y a de fortes chances que l’Iran poursuive les représailles contre les États-Unis, mais d’une manière moins directe. 

L’ayatollah Ali Khamenei a indiqué sur Twitter que le régime iranien avait donné « une claque » aux États-Unis avec le tir de missiles, « mais de telles actions militaires ne sauraient suffire ».

Thomas Juneau pense que l’Iran va revenir à son modus operandi habituel et utiliser des groupes armés alliés pour mener de nouvelles actions contre les États-Unis sans se retrouver en première ligne. Encore mercredi, deux roquettes se sont abattues sur la Zone verte de Bagdad, où se trouve l’ambassade des États-Unis. Les tirs, une troisième attaque dans le secteur en cinq jours, n'ont pas été revendiqués. 

Le régime iranien aimerait particulièrement forcer le départ d’Irak des troupes américaines, un scénario écarté pour l’heure par l’administration Trump, qui a invité mercredi l’OTAN à jouer un rôle plus actif au Moyen-Orient.

Le président américain a profité de l’attention médiatique pour fustiger l’accord nucléaire iranien qu’avait négocié son prédécesseur, Barack Obama, et que sa propre administration a rejeté.

Washington suit depuis plusieurs mois une stratégie de « pression maximale » contre l’Iran afin d’amener notamment le pays à signer un nouvel accord et il a semblé vouloir renforcer cette approche mercredi avec l’annonce de nouvelles sanctions.

M. Vaez note que cette stratégie a contribué à l’escalade avec l’Iran et risque de mener à de nouveaux affrontements.

« S’ils continuent dans la même voie, tout ce qu’ils ont fait aujourd’hui, c’est gagner du temps jusqu’à la prochaine confrontation », souligne l’analyste.

Des soldats canadiens dans l’une des bases visées

Le premier ministre Justin Trudeau a confirmé mercredi, au cours d’une conférence de presse, que des soldats canadiens se trouvaient bel et bien dans l’une des bases visées par des missiles iraniens, à Erbil. On sait que 500 militaires du pays étaient déployés en Irak avant les événements récents pour contribuer au renforcement des capacités militaires irakiennes et défaire le groupe armé État islamique. Les autorités canadiennes ont indiqué que des troupes avaient été évacuées au Koweït, mais ont affirmé qu’il restait tout de même une présence militaire canadienne en Irak, sans préciser le nombre de soldats. Tous sont en sécurité. Interrogé pour savoir si son gouvernement allait répondre à l’appel du président américain Donald Trump, qui souhaite que l’OTAN soit plus présente dans la région, M. Trudeau a affirmé que le Canada en faisait déjà beaucoup. Il a indiqué par ailleurs qu’il continuait à prôner une « désescalade » de la situation avec l’Iran, y compris lors d’une conversation tenue avec le chef d’État américain mercredi.

— Philippe Mercure, La Presse

La continuité sans le charisme à la tête de la force Qods

Esmaïl Qaani, le nouveau chef de la force Qods désigné pour remplacer Qassem Soleimani, a un long parcours de gardien de la révolution et semble taillé pour assurer la continuité, mais sans le charisme de son prédécesseur éliminé par les Américains. « Après le martyr du glorieux général Qassem Soleimani, je nomme le brigadier général Esmaïl Qaani commandant de la force Qods » des Gardiens de la Révolution, a déclaré l’ayatollah Ali Khamenei dès vendredi dernier. M. Qaani était jusqu’ici chef-adjoint de la force Qods, chargée des opérations extérieures de l’Iran. L’ayatollah Khamenei l’a décrit comme « l’un des commandants les plus décorés » des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne, depuis la guerre Iran-Irak (1980-1988). Selon les éléments du chercheur Ali Alfoneh dans une note de l’Arab Gulf States Institute à Washington, M. Qaani a rejoint les Gardiens de la Révolution très peu de temps après l’instauration de la République islamique de 1979. Son parcours le conduira au Kurdistan iranien pour combattre les séparatistes kurdes, et il participera aux combats de la guerre Iran-Irak, au cours de laquelle il se liera d’amitié avec M. Soleimani. Si ce dernier « émerge rapidement comme un chef charismatique […], Qaani semble plus cantonné à des tâches quotidiennes administratives et bureaucratiques », selon M. Alfoneh. C’est une des différences clés : « Qaani n’a pas le charisme de Soleimani, ni sa compréhension du Levant », relève Annalisa Perteghella, chercheuse à l’institut italien ISPI. — Agence France-Presse

Allocution de Donald Trump

Entre l’autosatisfaction et la fermeté

NEW YORK — Pas de nouvelle action militaire contre l’Iran. Mais de nouvelles sanctions économiques. Et un appel à la diplomatie.

Au lendemain de la riposte de Téhéran à l’assassinat du général Qassem Soleimani, Donald Trump a joué l’apaisement, se félicitant du fait que les 22 missiles iraniens tirés sur deux bases américaines en Irak n’avaient fait aucune victime.

Il a également tenu pour acquis que le régime des ayatollahs s’en tiendrait à cette réplique.

« L’Iran semble avoir baissé les armes, ce qui est une bonne chose pour toutes les parties concernées et une très bonne chose pour le monde entier », a déclaré le président américain lors d’une allocution prononcée depuis le hall d’entrée de la Maison-Blanche.

Entouré des plus hauts responsables civils et militaires de son administration, Donald Trump a de nouveau promis de ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, annoncé de nouvelles sanctions économiques à l’encontre du régime et appelé les pays de l’OTAN à s’engager davantage au Moyen-Orient.

« Les États-Unis sont prêts à embrasser la paix avec tous ceux qui la recherchent », a-t-il déclaré pendant son allocution, qui a duré près de 10 minutes, et au cours de laquelle il a eu du mal à articuler certains mots.

Les républicains du Congrès ont unanimement salué le discours du président, vantant notamment sa patience et sa prudence. Les démocrates ont exprimé de leur côté un scepticisme renouvelé concernant les motifs allégués par l’administration Trump pour justifier une opération – l’assassinat ciblé d’un haut responsable iranien – qui a rapproché les États-Unis d’une autre guerre au Moyen-Orient.

Et certains experts de la région ont dénoncé le triomphalisme du chef de la Maison-Blanche.

Un discours « présomptueux »

« Je pense qu’il a prononcé un discours autosatisfait et présomptueux », a déclaré Aaron David Miller, ancien négociateur américain au Moyen-Orient. « Je collabore à l’occasion avec CNN et je ne parviens pas à comprendre comment tant de commentateurs ont choisi de voir ce discours comme une sorte d’approche modérée vis-à-vis de l’Iran. Je ne vois rien de la sorte. Le dossier de l’assassinat de Soleimani n’est pas clos. »

M. Miller craint que Téhéran ne fasse payer aux États-Unis la mort du numéro deux de son régime en faisant appel à ses alliés et clients de la région, et notamment aux milices chiites pro-iraniennes de l’Irak. Il souligne par ailleurs que la décision de l’Iran de s’affranchir de toute limite sur ses centrifugeuses représente un recul pour la région et les États-Unis. Et il doute que la menace du président américain d’imposer de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran ait des conséquences réelles.

« J’ai consulté des gens bien informés de ce dossier et ils disent que le puits est à sec. Il n’y a plus de sanctions significatives qui puissent être imposées. »

— Aaron David Miller, rattaché au Carnegie Endowment for International Peace

Il reste que la réaction de Donald Trump à la riposte iranienne tranche avec les menaces qu’il a formulées dans un gazouillis, le 5 janvier. Il avait alors promis une réplique militaire dévastatrice « si l’Iran attaque une base militaire ou tout Américain ».

Cette réaction lui a valu des éloges au sein de son propre camp.

« Je suis reconnaissant de sa patience et de sa prudence », a déclaré Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat. « En tant que superpuissance, nous avons la capacité d’exercer de la retenue et de répondre en temps et lieu, si c’est nécessaire. »

Un breffage « insultant »

Le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a pour sa part salué un discours « mesuré et ferme ». « Le président a présenté une voie à suivre pour la paix et la prospérité. J’espère que vous l’emprunterez », a-t-il tweeté en s’adressant au peuple iranien.

Le président a eu moins de succès auprès des démocrates du Congrès. Ceux-ci sont sortis frustrés d’un breffage de 75 minutes au cours duquel des responsables de l’administration républicaine ont tenté de démontrer que le général Soleimani préparait des attaques « imminentes » contre des Américains avant d’être assassiné.

« Nous n’avons reçu aucune preuve d’une menace imminente », a tweeté le sénateur démocrate du New Jersey Cory Booker. 

« Je demeure profondément sceptique par rapport au fait que [le président Trump] avait une justification pour cette attaque. »

— Cory Booker

Au moins un républicain – le sénateur de l’Utah Mike Lee – a exprimé la même frustration que les démocrates.

« C’est probablement le pire breffage auquel j’ai assisté, du moins sur une question militaire », a-t-il dit, tout en qualifiant d’« insultant » l’argument des responsables de l’administration Trump selon lequel les élus ne devraient pas remettre en question le bien-fondé d’une opération militaire.

Quelques heures plus tard, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a annoncé la tenue d’un vote jeudi sur une résolution limitant les pouvoirs de Donald Trump de lancer une guerre contre l’Iran. Selon un des textes proposés, le président ne pourrait pas engager les hostilités sans le consentement explicite du Congrès.

« L’Amérique et le monde ne peuvent pas se permettre une guerre », a déclaré la représentante de Californie, qui a critiqué l’administration Trump pour son « manque de stratégie » à l’égard de l’Iran.

Questions de nos lecteurs

« Personne ne veut d’une guerre régionale au Moyen-Orient »

La crise entre les États-Unis et l’Iran pourrait-elle s’envenimer ? Que faut-il comprendre de la réaction du président Trump à l’attaque de bases américaines en Irak ? Nous avons invité le président de l’Observatoire sur les États-Unis, Charles-Philippe David, à venir répondre aux questions soumises par des lecteurs lors d’un clavardage en direct, mercredi midi. Voici un compte rendu de cette conversation.

Quelles sont vos impressions à la suite de la conférence de presse du président Donald Trump ?

Il n’y a pas de déclaration de guerre, donc au moins, on peut être rassuré. C’est un discours dur envers l’Iran pour deux raisons. Premièrement, il a annoncé que les sanctions contre le pays seraient maintenues et durcies. Deuxièmement, il a appelé les capitales européennes à sortir de l’entente sur le nucléaire iranien. Enfin, il y a peut-être une ouverture, parce qu’il a conclu son discours en disant aux Iraniens qu’il était ouvert à la paix en leur tendant une branche d’olivier. Par contre, on remet à plus tard le problème, parce qu’on n’a pas eu affaire à Trump dans ce discours, on a eu affaire aux conseillers de Trump.

Donc, le risque de guerre est écarté ?

Le conflit demeure entier, on ne peut pas s’imaginer que c’est réglé. Mais il y a une petite ouverture pour la négociation et il n’y a pas d’annonce de représailles militaires américaines.

Plusieurs questions des lecteurs portent sur l’appel à l’OTAN d’en faire davantage. De quelle façon l’OTAN, dont le Canada fait partie, pourrait-elle être impliquée dans la suite des événements ?

Donald Trump a clairement demandé aux alliés de l’OTAN un effort accru pour aider les États-Unis à empêcher les Iraniens d’obtenir l’arme nucléaire. Ça peut vouloir dire un plus grand alignement des alliés – dont le Canada – sur la position de Washington. C’est plus un engagement diplomatique que militaire qui est demandé par M. Trump. Il leur demande d’abandonner tout espoir de sauver l’accord de 2015 et de plutôt travailler sur un autre accord.

Une lectrice vous demande si vous croyez que ce conflit « est le résultat d’une tentative de diversion de la part de la Maison-Blanche afin de retarder le début du procès au Sénat du président ».

On ne peut pas nier que les électrons libres dans la tête de Donald Trump puissent agir sur sa prise de décision. Mais ceux-ci l’encouragent à la fois à faire des gestes d’éclat – comme l’assassinat du général iranien Soleimani – mais aussi à éviter des guerres coûteuses et incertaines à l’étranger. Par ailleurs, vous remarquerez qu’on ne parle pas de destitution ces jours-ci…

Comment interpréter le silence radio de la Russie et de la Chine, autant sur la mort du général iranien que sur les propos de Trump ?

Bonne question. Les Russes et les Chinois font eux aussi face au terrorisme, donc ils se disent peut-être que si la méthode employée pour assassiner Soleimani est bonne pour Washington, elle sera bonne pour eux aussi dans le futur. Personne ne veut d’une guerre régionale au Moyen-Orient, ce serait terrible pour tout le monde. Les Chinois, par exemple, importent du pétrole de la région, donc une guerre leur ferait très mal. Les Russes ont beaucoup de clients au Moyen-Orient, et l’implication de leurs alliés syriens et iraniens dans un conflit leur coûterait cher. Ce n’est d’ailleurs pas exclu que des émissaires se soient parlé pour gérer la crise mardi soir.

Comment les récents événements devraient-ils être perçus par la population iranienne ?

La population iranienne doit être aussi soulagée que la population américaine de ce relatif retour au calme. Autant l’assassinat de Soleimani a raffermi l’unité nationale derrière le régime, autant les Iraniens savent très bien que ce sont eux qui paieraient le prix d’une guerre. Personne ne veut aller se coucher le soir en se demandant si une bombe lui tombera dessus. Je pense que la décision de Téhéran – répliquer sans faire de victime – était sage. Ils ont sauvé leur réputation sans risquer l’escalade.

Un lecteur demande : « Quel est l’intérêt réel des États-Unis pour cette région du globe ? Est-ce purement économique ? »

Il y a plusieurs raisons qui expliquent la présence américaine au Moyen-Orient.

Première raison : le pétrole. Bien que la dépendance américaine au pétrole arabe ait diminué, elle n’est pas encore nulle. Les États-Unis ont encore la responsabilité de sécuriser les routes maritimes pour les navires qui exportent le pétrole vers le Japon et l’Europe.

Deuxième raison : Israël, Israël, Israël. Les États-Unis ont un allié très proche au Moyen-Orient, et ç’a toujours été clair entre eux que Washington ne laisserait jamais tomber Tel-Aviv. L’Arabie saoudite est aussi un allié important dans la région.

Troisième raison : le Moyen-Orient est l’épicentre de la géopolitique internationale, de l’énergie au nucléaire en passant par le terrorisme. Les grandes puissances savent que c’est une région incontournable. Chaque puissance sait que si elle se retire, c’est un adversaire qui va en profiter.

Plusieurs lecteurs s’interrogent sur la possibilité du déclenchement d’une guerre mondiale... Quelle est la possibilité que le conflit s’étende à d’autres territoires, jusque sur le sol américain, par exemple ?

L’Iran n’a pas la capacité d’attaquer le territoire américain par des missiles de longue portée, à l’instar de la Corée du Nord. Par ailleurs, l’Iran n’a pas comme mode opératoire les attentats terroristes en territoire américain. Une telle attaque aurait des coûts tellement lourds pour le peuple iranien et son régime que ce n’est pas envisageable. Et il y a bien assez de cibles américaines au Moyen-Orient pour ne pas être obligé d’attaquer aux États-Unis.

Dans la tête d’un enfant

« Le président américain a-t-il le “droit” d’ordonner l’assassinat d’une personne, comme il l’a fait pour le général Soleimani ? »

— Un élève de 5e année dont l’enseignante participait au clavardage

C’est compliqué. Le droit international indique qu’un tel assassinat est légal si un gouvernement prouve qu’il a agi par « légitime défense », pour se défendre d’une attaque « imminente » – c’est d’ailleurs la raison invoquée par le président Trump, en l’associant à la « lutte contre le terrorisme ». Mais quelles étaient ces attaques considérées comme imminentes par les Américains ? Washington a donné peu de détails à ce sujet. Dans une analyse publiée mercredi, la rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Agnès Callamard, considère que c’est au gouvernement de l’Irak, où a été perpétré l’assassinat, de demander à l’ONU de mener une enquête internationale sur les événements qui ont conduit à cet assassinat politique. À noter que ni le Congrès américain ni le Conseil de sécurité de l’ONU n’ont été formellement informés des intentions du président Trump avant que le général ne soit assassiné.

— Judith Lachapelle, La Presse

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