arts de la scène

Nos meilleurs coups de théâtre

Parce que c’est Lepage !

« Ce que nous devons à Robert Lepage ? L’impossible », a résumé l’auteur Michel Tremblay dans La Presse en avril. Et l’impossible est venu à nous ! Le globe-trotter n’aura jamais joué autant sur ses terres qu’en 2016 : quatre productions en neuf mois, sans parler de son travail à La Caserne. D’abord, Lepage a lancé la saison du Trident à Québec, dans la peau du marquis de Sade, avec Quills. Cette pièce, qu’il a (co)mise en scène avec Jean-Pierre Cloutier, a ensuite pris l’affiche à l’Usine C, en mars et en avril. Puis, Robert Lepage est revenu en grande forme avec 887, bouleversant solo autobiographique présenté au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal, puis à Québec. Enfin, Lepage a offert un « prolongement impressionniste et poétique » de 887 : un livre publié chez Québec Amérique, illustré par Steve Blanchet. Pour ceux qui l’ont ratée, 887 sera reprise au TNM… à l’automne 2018. Lepage ne peut pas être toujours sur le sol québécois ! 

— Luc Boulanger, La Presse

Les solos magiques

Sophie Cadieux, Sylvie Drapeau, Macha Limonchik et Micheline Bernard ont triomphé en jouant, seules, de grands textes. Dans 4.48 psychose de la Britannique Sarah Kane, Sophie Cadieux passait d’un état névrotique à une détresse profonde dans la même réplique. Macha Limonchik a joué de façon spectaculaire le mal d’aimer issu des textes d’Ovide et d’Evelyne de la Chenelière dans Les lettres d’amour. C’était toujours d’amour ou de son manque qu’il était question avec Sylvie Drapeau, qui a encore une fois montré l’étendue de son savoir-faire dans Délivrance, de Jennifer Tremblay. Enfin, celle qu’on ne voit pas assez sur scène, Micheline Bernard, nous a rappelé son immense talent dans Des promesses, des promesses de Douglas Maxwell.

— Mario Cloutier, La Presse

Le tandem inspiré

Elles l’avouent : elles sont folles, comme dans folie créatrice, évidemment. Ensemble, la metteuse en scène Angela Konrad et la comédienne Dominique Quesnel sculptent le visage de la scène montréalaise depuis quelques années. Il y a d’abord eu Variations pour une déchéance annoncée, remix de La cerisaie de Tchekov, puis Auditions Me, Myself and I, inspirée de Richard III, et Macbeth, reprise jusqu’à ce soir à l’Usine C. Elles ont adapté en québécois Le royaume des animaux au Quat’sous cet automne, même si Dominique Quesnel n’y jouait pas. Comme celle-ci dit de son amie : « Elle nous laisse énormément de liberté. On peut créer parce qu’on sait qu’au final, elle tient le fil. »

— Mario Cloutier, La Presse

L’impact du théâtre documentaire

À l’époque où les faits se diluent dans l’instantanéité des médias sociaux, le théâtre sonne un rappel à l’ordre. Annabel Soutar est à l’origine de deux projets exemplaires qui ont occupé nos scènes en 2016 : Fredy  – un collectif issu de la diversité racontant la vie et la mort de Fredy Villanueva avec pertinence et respect – et J’aime Hydro, avec la merveilleuse Christine Beaulieu, qui a été présentée au FTA et à La Licorne. Le théâtre documentaire n’est pas qu’une mode québécoise, comme on a pu le constater en mai au FTA avec les Italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, qui nous ont présenté Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni, une pièce dépouillée et émouvante sur la crise grecque.

— Mario Cloutier, La Presse

Emmanuel Schwartz

Emmanuel Schwartz a donné non pas une, mais deux performances de haute voltige en 2016. D’abord avec En attendant Godot, de Samuel Beckett, au TNM l’hiver dernier. Dans le rôle de Lucky, l’homme de peine du tyrannique Pozzo (Pierre Lebeau, aussi en grande forme !), Schwartz a une fois de plus repoussé les limites de la métamorphose physique pour illuminer l’âme de son personnage. Puis, cet automne, Schwartz a joué le rôle de Tartuffe dans la célèbre comédie de Molière. Et il a livré à nouveau une performance électrisante ! Cet acteur ne fait pas que bien interpréter un rôle : il apporte un supplément d’âme à la partition qu’il joue. Polyvalent, l’acteur excelle aussi au cinéma. Entre deux pièces de théâtre en 2016, il a tourné deux films : Hochelaga de François Girard, où il joue un coureur des bois, et Dérive de David Uloth. 

— Luc Boulanger, La Presse

Danse

Les mouvements qui nous ont chamboulés

La compagnie des francs-tireurs de la danse contemporaine, Nederlands Dans Theater, n’était pas venue à Montréal depuis 21 ans. Son passage à l’invitation de Danse Danse ne sera pas passé inaperçu. La compagnie a offert un des plus beaux spectacles de la saison, tout particulièrement les deux œuvres des chorégraphes Paul Lightfoot et Sol León, mettant en lumière la polyvalence de danseurs de talent originaires des quatre coins du monde. Fidèle de Danse Danse, María Pagés a quant à elle offert sa version féministe de Carmen de Bizet aux côtés de sept danseuses, de deux chanteuses et de musiciens live sur scène. Avec Yo, Carmen, l’interprète et chorégraphe andalouse est au sommet de son art et redonne une voix au personnage de Prosper Mérimée.

— Stéphanie Vallet, La Presse

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