Santé

Le projet de loi 20 adopté

Le controversé projet de loi 20 visant à améliorer l’accès aux médecins de famille et révisant l’accès aux services de procréation assistée a été adopté hier à Québec, à 63 voix contre 48.

Les réactions n’ont pas tardé à fuser à propos de cette nouvelle loi, qui vient notamment encadrer les frais accessoires.

Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, a affirmé qu’« au Québec, on veut la gratuité des soins ». « Sans débat public, le ministre déchire cette entente-là. »

« En normalisant les frais accessoires, on vient encore piger dans les poches des patients », a déploré François Paradis, porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière de santé.

Pour le ministre de la Santé Gaétan Barrette, les frais accessoires « existaient déjà et la population était révoltée des abus ». « Je viens mettre fin à ces abus. Le projet de loi 20 est bénéfique pour les patients », estime le ministre.

UNE LOI INUTILE, SELON LES OMNIPRATICIENS

Le ministre Barrette avait présenté le projet de loi 20 en novembre 2014. À l’époque, le principal objectif était d’améliorer l’accès aux médecins de famille, notamment en leur imposant des quotas de patients.

Farouchement opposée au projet, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a signé une entente avec Québec en mai. Les médecins de famille se sont engagés à améliorer l’accès aux soins d’ici 2018, sous peine de voir le projet de loi 20 s’appliquer.

Hier, la FMOQ a déclaré que le projet de loi 20 demeurera « toujours synonyme d’acrimonie et d’improvisation malheureuse ». « Les débats politiques entourant ce projet de loi digne de l’ère soviétique ont donné lieu à beaucoup de déclarations calomnieuses teintées de préjugés non fondés à l’égard des médecins de famille », estime le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin.

Depuis la signature de l’entente, plus de 160 000 Québécois supplémentaires ont été pris en charge par un médecin de famille. « Cela témoigne du fait que la voie de la collaboration est beaucoup plus prometteuse que celle de la coercition et que la présentation du projet de loi 20 était carrément inutile », dit le Dr Godin.

Le ministre Barrette estime quant à lui que la nouvelle loi est « le levier pour que les choses changent ». « La balle est maintenant dans le camp des omnipraticiens. Les choses vont changer et ont déjà commencé à changer », affirme le ministre.

FIN DU PROGRAMME DE PROCRÉATION ASSISTÉE

La nouvelle loi vient aussi mettre fin au programme public de procréation assistée, qui avait été lancé en 2010 par les libéraux. Les femmes en cours de traitement seront les dernières à bénéficier de la gratuité. Dorénavant, toute nouvelle patiente devra se tourner vers un programme de crédits d’impôt.

Céline Braun, présidente de l’Association des couples infertiles du Québec, estime que cette loi est « aberrante » et représente un « recul majeur » pour les couples infertiles du Québec.

À ce sujet, la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), la Dre Diane Francoeur, estime que le gouvernement a « encore une fois agi de façon strictement comptable, sans égard aux écueils que cette nouvelle pièce législative imposera aux familles ».

En ce qui concerne les dispositions de la loi touchant les médecins spécialistes, la FMSQ n’a pas voulu se prononcer, hier. La FMSQ a convoqué ses instances demain soir à ce sujet.

« Nous avons toujours insisté sur le fait que l’amélioration de l’accessibilité aux soins pour la population ne peut résulter de l’application d’une loi coercitive et pénalisante, mais requiert plutôt le recours à la collaboration et à l’expertise des professionnels qui soignent les patients tous les jours. Seule la conclusion d’une entente pourra produire des résultats véritables et nous poursuivons nos efforts en ce sens », affirme la Dre Francoeur.

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