HOCKEY  FLAMES

Le caractère avant le talent

Les Flames de Calgary n’avaient pourtant pas assez de talent pour lutter pour une participation aux séries, clamait une majorité d’observateurs en début de saison.

L’entraîneur-chef Bob Hartley, lui, a fait la sourde d’oreille.

« J’ai toujours dit à mes boss : amenez-moi de bonnes personnes, je vais en faire de bons joueurs, confiait-il hier au téléphone. Le talent va te permettre de parcourir une partie de la route, mais le caractère de l’être humain va te mener au bout du chemin. Je répète souvent à mes joueurs que ce ne sont pas les bons joueurs qui font les bonnes équipes, mais les bonnes personnes. »

Avant les matchs d’hier, les Flames, avec une fiche de 42-28-7, détenaient une avance de trois points sur les Kings de Los Angeles et d’un point sur les Jets de Winnipeg, les deux clubs qui les talonnent dans la course aux séries pour les deux dernières places disponibles.

« On dirige une bonne gang. Des gars qui veulent travailler, apprendre. Qui sont consciencieux. Ça change tout. Pour certains, passer 10 minutes sur le vélo, c’est travailler fort ; pour d’autres, trois ou quatre heures au gymnase chaque jour, c’est travailler fort. Nos joueurs se sont présentés au camp en grande forme. »

« Notre conditionnement physique nous permet d’ouvrir la machine en troisième période. Dans l’Ouest, on voyage beaucoup plus, alors avoir des athlètes en bonne condition est une priorité. »

— Bob Hartley, entraîneur-chef des Flames 

Fin renard, Bob Hartley a découpé la saison en 11 segments de sept matchs pour motiver ses joueurs, chaque segment représentant une ronde de séries éliminatoires.

« Nos leaders Giordano, Stajan et Glencross, n’ont presque jamais joué en séries. Je voulais les stimuler, et aussi mettre notre jeune équipe dans un contexte de séries éliminatoires. J’ai dit à mes joueurs que si on avait du succès dans chacun de nos segments, on allait être encore dans la course pour nos cinq derniers matchs de la saison. Et finalement, on a connu un seul mauvais segment, où on a amassé un point sur une possibilité de 14. »

JOHNNY GAUDREAU SURPREND

Parmi les belles surprises chez les Flames, l’étonnant Johnny Gaudreau, 5 pieds 9 pouces et 158 livres, sérieux candidat au trophée Calder remis à la recrue par excellence. Modeste choix de quatrième ronde en 2011, Gaudreau a déjà 60 points en 76 matchs.

Jiri Hudler a 71 points, Mark Giordano occupait le premier rang des compteurs chez les défenseurs de la LNH avant de se blesser, tandis que Sean Monahan, 20 ans, a 29 buts après un départ pourtant difficile.

« Les gens pensent peut-être que Johnny s’attarde à sa fiche personnelle, mais c’est un professionnel dans tous les sens du mot. Il est tellement complet que c’est l’un des deux ailiers gauches que j’utilise pour les mises en jeu en zone défensive. Son désir d’apprendre est phénoménal. À 158 livres, il n’a pas un réservoir à essence de 40 gallons, mais il ne ralentit pas… »

Hartley connaissait bien le jeune homme avant de l’accueillir au camp d’entraînement. « Il travaillait à mon école de hockey d’été, en Pennsylvanie, depuis deux ans. Son père est directeur d’aréna et le directeur du programme de hockey dans son coin. Dès son jeune âge, Johnny a été coaché de la bonne façon par son père. Tu le vois en repli défensif ou lors des changements de trio. Johnny, c’est pas un Cookie Monster. J’ai rarement vu un jeune avec d’aussi bonnes habitudes de travail. »

MONAHAN, LE JOYAU

Monahan s’est replacé après avoir obtenu seulement deux points à ses huit derniers matchs.

« Il a eu à s’ajuster à une meilleure opposition, dit Hartley. Je ne me souviens pas qu’il ait eu à jouer une seule fois contre les deux premiers trios adverses l’an dernier. C’était notre joyau et on voulait le protéger. Il jouait contre les troisièmes et quatrièmes trios, contre les cinquièmes ou sixièmes défenseurs. »

« Dès le premier match cette année, j’ai eu assez confiance pour l’opposer à de meilleurs joueurs. Le moment était venu, malgré ses 20 ans, de jouer contre les Crosby, Seguin, Getzlaf et compagnie. »

— Bob Hartley, à propos de Sean Monahan

Monahan a cependant péché par excès de perfectionnisme.

« Il a trop mis l’accent sur sa défense. J’ai eu une rencontre avec lui et je lui ai fait savoir que je ne voulais pas faire de lui un centre défensif, que je voulais l’utiliser de la manière dont j’avais utilisé Joe Sakic au Colorado et Marc Savard à Atlanta. C’était un peu la même chose avec Johnny. Il forçait trop au début de l’année. Il essayait de pousser un mur de roches. Je l’ai rayé de la formation après le cinquième match et il s’est replacé. »

Ce club n’aura rien à perdre s’il accède aux séries.

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