Journée internationale des femmes

Retrouver la confiance en soi

Fatoumatu* n’avait aucune raison de penser qu’un jour, elle se retrouverait à la rue. C’est pourtant ce qui lui est arrivé l’automne dernier. Cette femme d’origine sénégalaise, établie au Québec depuis 10 ans, vivait « normalement » avec son mari et ses cinq garçons. Le hic : elle subissait la violence croissante de son mari. Une violence psychologique d’abord, puis une violence physique.

« Il y avait beaucoup de chicanes, raconte-t-elle. Il me reprochait toutes sortes de choses, il me disait que je dépensais mal l’argent, que j’étais incapable. Puis, il a commencé à être violent physiquement. À force de m’absenter, j’ai perdu mon emploi et puis j’ai fait une dépression. »

Après plusieurs disputes où la police a dû intervenir, son mari l’a chassée de la maison avec ses enfants. Fatoumatu s’est fait guider vers un centre d’hébergement d’urgence. Les enfants ont dû changer d’école. Elle a eu besoin d’aide psychologique.

« J’étais à terre, raconte-t-elle. J’avais un problème d’estime. J’avais besoin d’une oreille attentive, j’avais besoin de retrouver un peu de paix. De prendre le temps de réfléchir à tout ça pour me relever. »  — Fatoumatu

Son intervenante psychosociale, Claudia, l’a aidée à stabiliser son revenu à court terme, à faire une demande d’aide sociale et à porter plainte contre son mari. Elle a également dû entamer une procédure civile pour la garde de ses enfants.

« Ç'a été dur la première semaine, nous dit l’aîné de ses garçons, qui a tenté [en vain] une médiation avec son père. Psychologiquement, je n’étais pas correct. J’ai interrompu mes études au cégep et je suis resté pour aider ma mère qui ne voulait plus sortir de la maison. On s’est fait des amis avec d’autres familles, on a participé aux activités et aux repas avec mes frères, donc les choses se sont placées. »

Fatoumatu a jusqu’au 1er mai pour se trouver un logement, sa priorité actuellement. « Maintenant qu’elle a un petit revenu, on l’aide à trouver un toit, nous dit Claudia, mais ce n’est pas facile de loger une famille de six. »

« Aujourd’hui, je vais mieux, nous dit Fatoumatu. On passe beaucoup de temps avec les enfants, il y a des sorties et des activités, il y a tout un programme qui nous empêche de rester assis à ne rien faire. Je commence à retrouver mes ambitions. J’aimerais reprendre mes études, apprendre l’anglais. Avant, j’étais sous l’emprise de mon mari, il me décourageait tout le temps. Maintenant, je me sens plus libre. Heureusement, on a de bons amis autour de nous, mais l’aide du refuge a été précieuse. »

* Prénom fictif. Pour se confier en toute liberté, Fatoumatu a requis l’anonymat.

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