Journée internationale des femmes

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Danielle est née à Victoriaville. À l’âge de 11 ans, elle a déménagé à Montréal. Au début de la vingtaine, elle est partie vivre dans l’Ouest, à Edmonton et Vancouver. Après avoir été victime de violence conjugale, elle a connu les maisons d’hébergement canadiennes. Au bout d’un moment, elle est revenue s’installer à Montréal. Elle avait 48 ans, pas d’argent, pas de références, pas d’amis. C’est comme ça qu’elle s’est retrouvée à la rue.

« Je n’ai pas trouvé d’emploi, j’ai vite épuisé mes économies, j’ai habité chez une amie au début, mais je ne pouvais pas rester. C’est à ce moment-là que j’ai vécu dans la rue, je me suis rendue à la place Émilie-Gamelin et je peux vous dire que ce n’est pas évident, puis j’ai commencé à aller dans des refuges, j’en ai fait beaucoup, jusqu’à ce que je rentre ici… »

« La pauvreté est le catalyseur qui mène les femmes à la rue, nous dit la directrice générale de la maison d’hébergement Auberge Madeleine, Micheline Cyr. Lorsqu’il y a des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale, ça vient évidemment compliquer les choses. Mais parfois, on reçoit des femmes qui ont simplement perdu leur emploi et qui n’ont plus aucune ressource, comme Danielle… »

Danielle, qui a eu des problèmes de santé (elle souffre d’arthrose et a dû soigner une tumeur), a fait trois séjours chez Madeleine. 

« Ils m’ont aidée à retrouver un logement, mais j’ai gardé un lien avec l’équipe ici, j’ai commencé à donner un coup de main dans la cuisine, à faire du bénévolat. J’ai aimé leur attitude et leur façon de traiter les gens, ils étaient tellement respectueux de nous. »

— Danielle

De fil en aiguille, elle est devenue membre du conseil d’administration (C.A.) de la maison d’hébergement. À 60 ans, elle termine bientôt son deuxième mandat de trois ans. « J’ai pas la langue dans ma poche, donc je dis ce que je pense, nous dit Danielle, mais les membres du CA ont à cœur de bien faire. Ils ont de bonnes idées. Après mon mandat, je vais continuer de venir les voir… »

Pour Micheline Cyr, Danielle est la preuve que pour s’en sortir, les femmes ont parfois besoin de s’y prendre à plusieurs reprises. « Danielle est une bonne alliée pour partager cette vision-là. Il y a des ateliers qui les aident à cheminer, à faire un travail sur soi. Petit à petit, les résidentes échangent et retrouvent leur confiance. »

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