CINÉMA

Paul remporte un prix... à Québec

Le long métrage Paul à Québec a remporté mercredi soir le Prix du public au Festival de cinéma de la ville de Québec. « Nous avons reçu la vague d’amour des journalistes pour ce film avec fierté, mais savoir que le public offre à Paul à Québec un accueil aussi chaleureux est la récompense ultime pour ce projet ! », ont indiqué les producteurs Karine Vanasse, Nathalie Brigitte Bustos, André Rouleau et Valérie d’Auteuil.

La Presse

Théâtre Critique

Incandescent

Sauvageau Sauvageau

D’après l’œuvre d’Yves Sauvageau. 

Adaptation et mise en scène de Christian Lapointe. 

Avec Paul Savoie et Gabriel Szabo.

Au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 10 octobre.

4 étoiles

Un coup de poing dans la gueule du conformisme. L’Yves Sauvageau adapté et mis en scène par Christian Lapointe garde toute sa pertinence 45 ans après sa mort.

Certaines scènes définissent des spectacles. Par leur contenu et leur esthétique, elles comprennent tout, des intentions de départ jusqu’au rendu final.

C’est le cas du très long monologue livré de façon époustouflante par le jeune Gabriel Szabo aux deux tiers du spectacle Sauvageau Sauvageau, conçu et mis en scène par Christian Lapointe.

Le jeune acteur nous rappelle justement par sa dégaine le Lapointe vu l’été dernier au Festival TransAmériques lors de son marathon Artaud. Gabriel Szabo habite les mots du jeune Sauvageau et les rend dans leur brute incandescence. Sans s’arrêter, à bout de souffle, en transe presque.

Sur fond de projections d’écrits de Sauvageau et de dessins frôlant le surréalisme. Avec un piano mécanique sur scène et un immense rectangle mobile qui remplit diverses fonctions au gré de la pièce.

Dans cette prestation renversante de Szabo, il y a toute l’exaltation et la désespérance du poète qui veut « élever le monde, l’univers ». Son enthousiasme adolescent pour l’amour et sa détresse impuissante de simple mortel.

UNE PAROLE VIVANTE

Christian Lapointe a réussi un condensé de Sauvageau, montrant que le propos du suicidé reste d’une grande actualité : l’omniprésence de la télévision et de la publicité, le pouvoir de l’argent, la fatigue de la jeunesse étudiante, la faim et la soif sans fin d’un homme qui cherche l’amour, Dieu ou une œuvre d’art libre.

Il y a un mal-être chez ce jeune artiste entier, qui ne connaît ni sacrifice ni compromis – « j’ai pas coutume de perdre mon temps à rire » –, mais qui vit surtout « un voyage pas long, mais profond ».

La construction du spectacle est impeccable. On entre dans l’univers de Sauvageau en écoutant les voix de ceux qui l’ont connu (Ronfard, Roux, Millette, etc.). Un brillant dialogue s’installe ensuite entre le jeune Sauvageau et le vieux (Paul Savoie), celui-là plus indulgent pour la vie qu’il n’a pas vécue.

Mais la plus belle réussite de ce merveilleux spectacle est encore de nous faire voir que Sauvageau est vivant, que sa parole peut encore faire sourire, émouvoir, déranger.

Cet homme précoce dans toutes les fibres de son être parlait de mort et de vie comme il respirait. On comprend, à entendre sa parole, qu’il aura finalement vécu toute sa vie, qu’il aura connu la pleine mesure de la vie qu’il pouvait vivre.

Comme il l’écrivait lui-même : « Même mort, je sourirai. »

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