activités estivales

Pluie, froid… les Québécois mettent le cap sur le Sud

Un printemps pluvieux, des inondations et un début d’été moche. Il n’en faut pas davantage pour que de plus en plus de Québécois envisagent un plan B pour les vacances estivales : se pousser vers le sud, plutôt que de fréquenter les festivals et les parcs aquatiques locaux.

Chez Transat, les réservations de séjours à Cuba et au Mexique sont en forte hausse, indique Pierre Tessier, porte-parole du voyagiste. « La différence comparativement à l’année dernière, et même aux années précédentes, est substantielle », dit-il.

Pour des raisons de concurrence, Transat ne veut pas donner de chiffres. Mais il est évident que le transporteur profite des conditions météo actuelles pour attirer les vacanciers. « Oubliez le camping sous la pluie ! dit son offre spéciale pour les vacances de la construction. Partez en famille ou entre amis dans un hôtel tout inclus ! »

Mais ceux qui pensent trouver un forfait pas cher vers le soleil garanti seront déçus : la semaine en tout-inclus cet été coûte aussi cher qu’en hiver, parce que la demande est forte et l’offre de sièges, limitée. Au printemps, les transporteurs comme Transat redirigent leurs avions vers l’Europe.

Les parcs aquatiques moins fréquentés

Il y en a qui partiront, mais il y en a quand même qui resteront, espère Charles Désourdy, président-directeur général de Bromont, dont le parc aquatique peine à attirer les clients cette année. Le début de la saison n’est pas terrible, affirme-t-il, avec des journées où le taux d’occupation ne dépasse pas 20 %. « Même aujourd’hui [hier], il fait beau, il fait chaud, et c’est probablement 30 %. »

Charles Désourdy explique que dès que la météo indique des risques d’orage, ce qui est le cas à peu près tous les jours ces temps-ci, « ça effraie les gens et ils remettent les glissades d’eau à plus tard ».

Comme à Bromont, le parc aquatique de Saint-Sauveur souffre cette année. « C’est difficile en ce moment, on ne se le cachera pas », affirme sa porte-parole, Patricia Bergeron. L’entreprise compte sur les vacances de la construction pour faire le plein de clients. « Il ne faut pas lancer la serviette. L’été n’est pas fini. »

L’été commence à peine, s’encourage lui aussi Charles Désourdy. « À Bromont, le parc aquatique fait 80 % de ses revenus annuels après le 15 juillet. »

Le déluge

Montréal a reçu 124 millimètres de pluie en mai, alors que la moyenne pour ce mois est de 81. En juin, il est tombé 135 millimètres de pluie, alors que la moyenne est de 87.

L’an dernier, Montréal avait reçu 33 millimètres de pluie en mai et 67 en juin.

Jardineries

Si les centres de jardinage ont encore un grand choix de plantes à cette période-ci de l’année, c’est parce que les consommateurs ont retardé leurs achats à cause du mauvais temps, indique Alain Desjourdy, de la Fédération de l’horticulture ornementale du Québec. Les jardineries avaient aussi augmenté leurs stocks, parce qu’elles en avaient manqué l’an dernier, une année exceptionnelle pour l’industrie, explique-t-il. « C’est en retard, mais ce n’est pas catastrophique. » Il ne prévoit pas de faillites ou de fermetures en série en raison des conditions météorologiques. « Dès que le soleil se pointe, il y a du rattrapage, les gens achètent plus. »

Piscines et meubles de jardin

Le printemps désastreux a nui aux affaires de Club Piscine, selon son président, Martin Ratté, et pas seulement aux ventes. L’entreprise a accumulé des retards dans l’installation des piscines vendues à l’avance. « En mai, on n’a pas été capables d’installer parce que les terrains étaient détrempés, mais à partir de la semaine prochaine, on peut installer en 48 heures », dit-il. Mais les acheteurs impulsifs, ceux qui décident d’acheter une piscine parce qu’ils en ont assez d’avoir chaud, ne sont évidemment pas au rendez-vous. L’entreprise a réagi en offrant de meilleurs prix. « Il y a de bons deals parce que tu ne veux pas rester pris avec ton inventaire. »

Terrasses et restaurants

Les restaurants n’ont pas fait des affaires d’or avec la clientèle locale en mai et en juin, estime Martin Vézina, de l’Association des restaurateurs du Québec. « C’est sûr qu’il y a un impact, surtout pour les terrasses. » Les terrasses ont ouvert beaucoup plus tardivement que l’année dernière, et quand le temps est maussade, la clientèle locale reste chez elle, ajoute-t-il. Les touristes, eux, n’ont pas le choix et fréquentent les restaurants beau temps, mauvais temps. Comme c’est une bonne année pour le tourisme, l’ARQ avance que les revenus des restaurants sont stables par rapport à la même période l’an dernier. « C’est le tourisme qui nous a maintenus. »

Fêtes et festivals

Pierre-Paul Leduc, directeur général de Festivals et évènements Québec et de la Société des attractions touristiques du Québec, le sait mieux que quiconque : pour la clientèle québécoise, l’impact de la météo sur le choix de sorties est énorme. Les petits festivals, qui se tiennent entre les mois de juin et d’août, souffrent donc du mauvais temps. « C’est pas si mal jusqu’à maintenant, tempère-t-il. Le mauvais temps, ça fait partie des risques du métier. » La saison s’annonce néanmoins moins bonne que celle de l’an dernier, qui a été parfaite sur le plan météorologique. Selon M. Leduc, il faut que les gens soient plus critiques vis-à-vis des prévisions météorologiques. « On ne devrait pas s’empêcher de sortir quand on annonce 30 ou 40 % de probabilités de précipitations. »

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