Opinions  Hydroélectricité

La rentabilité des exportations d’hydroélectricité a récemment été remise en question. Les auteurs de ces trois textes croient plutôt qu’il s’agit d’une voie prometteuse.

Opinion : Hydroélectricité

Des exportations payantes et éminemment vendables

On s'interroge parfois au Québec sur la rentabilité des exportations d’Hydro-Québec. Un récent panel convoqué par Nature Québec a par exemple invoqué divers arguments pour semer le doute dans l’esprit des Québécois : « il y a beaucoup de concurrence des autres énergies renouvelables (solaire et éolien) », « nos voisins préfèrent produire chez eux », « la Romaine coûte trop cher », « les nouvelles lignes de transmission coûtent cher et sont rejetées »…

Une série d’arguments qui ont chacun leur part de vérité, mais qui cachent deux réalités extrêmement solides. La première, c’est que les exportations d’électricité sont aujourd’hui très payantes. La seconde, c’est qu’il existe un potentiel important pour qu’elles le soient encore plus pour le Québec – et ce, en faisant réaliser des gains économiques et environnementaux ici et ailleurs.

Ce débat est d’une grande importance pour le Québec, et pour nos voisins, parce qu’il n’existe pas beaucoup d’occasions de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en créant de la richesse. Nos exportations d’électricité sont une de ces rares possibilités.

Voyons pourquoi aujourd’hui comme demain ces exportations seront payantes.

Quarante-trois pour cent des profits d’Hydro-Québec Production en 2016 ont été réalisés avec seulement 17 % des ventes d’électricité, à l’exportation.

Cela permet à la société d’État de verser un dividende au gouvernement de plus de 2 milliards année après année. Ces exportations ne sont pas non plus réalisées aux dépens des Québécois, qui continuent de payer les tarifs d’électricité parmi les plus bas en Amérique du Nord. De plus, Hydro-Québec continue d’être extrêmement bien notée par les agences de notation de crédit comme Moody’s et Standard & Poor’s, ce qui indique qu’il y a une réelle reconnaissance externe de la solidité financière de l'entreprise.

Si Hydro-Québec devait arrêter d’exporter demain matin « parce qu’exporter n’est pas payant », les conséquences seraient financièrement catastrophiques (plusieurs centaines de millions de profits perdus) et nos voisins devraient mettre en marche des centrales au gaz naturel (de schiste, en grande partie), ce qui ferait augmenter les émissions de GES.

Tout le monde y gagne aujourd’hui. Pourquoi ne pas continuer dans cette voie ?

Le Québec a la chance d’être entouré de voisins pour qui la lutte contre les changements climatiques est importante.

Autant l’Ontario que New York et la Nouvelle-Angleterre ont adopté un marché du carbone avec des plafonds d’émissions décroissants et contraignants. Ils visent tous des réductions majeures de leurs émissions de GES d’ici 2030. N’ayant pas le potentiel hydroélectrique du Québec, leurs secteurs de l’électricité sont une source d’émission de GES importante.

À New York et en Nouvelle-Angleterre, des centrales nucléaires et thermiques (fonctionnant au charbon et au pétrole) sont encore en fonction. S’il est possible, jusqu’à un certain point, de les remplacer par des éoliennes, des panneaux solaires, du stockage d’énergie et de l’efficacité énergétique, l’hydroélectricité québécoise permettra d’offrir bien des services à coût concurrentiel : fiabilité, disponibilité, simplicité et faibles émissions de GES. Il faut évidemment regarder toutes ces composantes de la valeur, et non pas seulement le prix du kWh actuel sur le marché de court terme pour comprendre notre avantage comparatif.

UNE SOLUTION NATURELLE

Si effectivement un certain protectionnisme existe aux États-Unis, quand on réalise que les clients résidentiels paient plus de 15 ¢US/kWh (contre 8 ¢ CAN/kWh au Québec), il n’est pas difficile de voir qu’il y a des limites à vouloir payer encore plus cher pour de l’électricité locale. New York et la Nouvelle-Angleterre importent déjà tout leur pétrole et leur gaz naturel. Augmenter leurs importations d’électricité, pour réduire leur facture et leurs émissions de GES, a toute les chances de s’imposer comme une solution naturelle.

Les exportations d’électricité québécoises ne sont pas une solution miracle à tout. Tout le monde devra être plus efficace, consommer moins d’énergie et produire davantage d’énergie renouvelable. Mais devant l’ampleur de la transition énergétique à réaliser, il serait irresponsable de s’opposer à une solution éprouvée qui combine tant d’avantages.

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