Chanel Alepin

Une avocate passionnée de l’entrepreneuriat

Talentueux, engagés, audacieux : La Presse Affaires présente le portrait de jeunes entrepreneurs, gestionnaires et professionnels, qui forment la relève de demain.

Lors de sa première année de pratique au cabinet d’avocats Alepin Gauthier appartenant à ses parents, Chanel Alepin, avocate en droit fiscal, a eu l’audace d’accepter un dossier d’un ami de son père, cadre dans le domaine financier.

Revenu Québec réclamait une somme à l’institution financière et l’avocat à l’interne disait de payer. Chanel a appelé à Revenu Québec pour avoir une copie du dossier. L’avocat d’expérience au gouvernement lui a conseillé de ne pas s’humilier à travailler sur ce dossier perdu d’avance. Elle ne s’est pas laissé intimider. Elle a insisté. Et elle a eu raison. Elle a découvert une grande faille dans le dossier, puis elle a réussi à négocier un « giga deal » pour l’institution financière.

Chanel Alepin, 26 ans, n’a pas les deux pieds dans la même bottine. Elle a su très jeune qu’elle allait se diriger en droit, comme ses parents. Parce que leur travail avait l’air passionnant. Elle les voyait répondre à des urgences souvent en plein milieu de la soirée. Elle voulait, elle aussi, être dans le feu de l’action, avec son frère, Maxime. Ils sont inséparables. Ils ont fait toutes leurs études ensemble et font maintenant équipe dans le quotidien.

Pourquoi le droit fiscal ? « Parce que c’est complexe, parce que cela fait peur à bien des avocats et parce qu’on n’en avait pas au cabinet », dit-elle avec assurance. Chanel Alepin est également présidente du comité Relève d’affaires de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, membre du comité fondateur de la division Laval de la Fondation canadienne de fiscalité, membre du jury du Concours québécois en entrepreneuriat, cofondatrice du groupe La Relève, en famille, en affaires et secrétaire du Jeune Barreau de Laval. « Je ne peux pas me retenir ! Je suis une avocate, mais aussi une entrepreneure. »

Quel est votre plus grand défi chez Alepin Gauthier ?

Je suis jeune. Je demande à des clients, souvent des entrepreneurs, de me faire confiance pour gérer un enjeu avec Revenu Québec ou avec Revenu Canada qu’ils ne comprennent souvent pas. Un m’a déjà demandé de voir mon diplôme ! J’ai commencé à 22 ans, alors c’était pire. Aussi, beaucoup de clients pensent qu’on aura la réponse en une seconde. Mais, il faut toujours faire une recherche, parce que la partie adverse la fera ! Il faut aussi expliquer la loi au client, même si, parfois, elle l’écœure. Puis, je cherche toujours à avoir une bonne vision d’affaires. La cour n’est plus très à la mode. Très peu de dossiers se règlent en procès. Il faut garder une vue d’ensemble de l’intérêt de son client pour négocier et trouver des solutions créatives.

Quel a été votre pire échec duquel vous avez appris ?

Je n’étais jamais allée à la cour lors de mon stage en planification fiscale. Lorsque j’ai commencé à travailler, mes parents m’y ont envoyée contre un client du cabinet qui avait un compte impayé. Il n’était même pas représenté par un avocat. Toutes les chances étaient de mon côté. Mais, j’ai perdu sur un vice de procédure, c’est-à-dire sur la façon dont la requête avait été envoyée. C’est une erreur que j’aurais dû voir. Quelqu’un dans le milieu a ensuite écrit un billet de blogue là-dessus. La honte. Cela m’a appris l’humilité. Puis, je me suis dit que plus jamais, je ne laisserais passer un vice de procédure. Et que plus jamais, je ne sous-estimerais quelqu’un.

Où vous voyez-vous dans 10 ans ?

À la tête du cabinet avec mon frère et mes parents. Actuellement, mon frère et moi sommes des salariés comme tous les autres. Bien des avocats au bureau m’ont vue en couches ! Il faut aller chercher sa légitimité. Dans 10 ans, je me vois aussi avec des enfants. Je suis fiancée, je me marie dans deux ans. Je veux que la conciliation travail-famille ne soit pas seulement un thème utilisé dans des articles pour mousser la réputation du cabinet. Je veux vraiment qu’on la vive. Lorsque j’aurai des enfants, je voudrai souper avec eux. J’aurai un bureau à la maison pour y travailler le soir en cas d’urgence.

Nommez-moi une personne qui vous inspire.

Ma mère, Brigitte Gauthier, une référence partout au Québec en droit matrimonial et de la famille. On dit souvent que la moitié du Québec l’aime et que l’autre moitié la déteste ! J’étais très fière d’emmener ma mère à l’école lors de la journée carrière. Aussi, mon père, François Alepin. Il est nommé dans le Best Lawyers in Canada depuis de nombreuses années en droit de la franchise et en droit commercial. Puis, Brigitte Alepin, auteure de Ces riches qui ne paient pas d’impôt et de La crise fiscale qui s’en vient. C’est aussi la cousine de mon père et mon modèle en fiscalité. C’est quelqu’un qui ose parler des vraies questions.

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