Bois d’œuvre

Une première manche pour le Canada

Alors que l’industrie forestière canadienne se prépare au choc de l’imposition de droits compensateurs par les États-Unis, à la fin du mois, elle peut célébrer une petite victoire : l’industrie américaine renonce à taxer l’importation de produits semi-finis.

En effet, dans sa demande originale au département du Commerce, la U.S. Lumber Coalition voulait inclure des éléments finis ou semi-finis comme les cadres de fenêtre, les poutrelles, les pièces de sommier et les palettes d’expédition dans sa demande de droits compensateurs.

Dans une lettre datée du 3 avril et adressée au secrétaire au Commerce Wilbur Ross, le comité regroupant l’industrie américaine du bois d’œuvre a laissé tomber ces prétentions.

C’est un grand soulagement, particulièrement au Québec, où l’industrie a développé plusieurs produits transformés. « On a fait beaucoup de représentations pour exclure ces produits et la Coalition américaine a accepté de les retirer de leur demande, affirme Michel Vincent, économiste au Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ). C’est beaucoup le Québec qui a réussi ça, c’est un enjeu important pour nous. Nos tiges sont plus petites, mais le bois est de haute qualité, très dense. On utilise une partie de ce bois pour faire par exemple des poutrelles en "I". »

Le soulagement était aussi palpable chez Palettes BB, à Saint-Eustache, qui consomme chaque année 40 millions de pieds linéaires de bois pour fabriquer des palettes et des pièces pour sommier.

L’entreprise emploie environ 50 personnes en plus de 40 sous-traitants. « Nous avons eu jusqu’à 75 % de notre production qui allait aux États-Unis, puis c’est descendu à 25 %, affirme Israël Kraus, vice-président de l’entreprise, en entrevue avec La Presse. Maintenant, c’est remonté à 40 % ou 50 %. »

Aide du fédéral

Mais le principal reste à venir et le temps presse, surtout du côté du gouvernement fédéral affirme M. Vincent. La décision américaine sur l’imposition de droits compensateurs est attendue le 24 avril.

Hier, M. Vincent était aux côtés du ministre québécois des Forêts, Luc Blanchette, pour une conférence de presse conjointe.

« Il est urgent, vital, crucial, primordial que le gouvernement fédéral s’engage. »

— Luc Blanchette

Québec tient à obtenir du gouvernement Trudeau l’assurance que l’industrie forestière pourra compter sur son soutien financier. Les entreprises canadiennes devront verser, sous peu, des sommes équivalentes à 30 % de la valeur de leurs exportations au gouvernement américain.

L’argent sera remboursé si le Canada gagne sa cause devant les instances américaines.

Questionné à la Chambre des communes hier, le ministre fédéral des Transports Marc Garneau n’a pas fourni de détails sur le rôle que le gouvernement Trudeau entend jouer. « On va attendre de voir, mais vous pouvez être sûrs, j’ai parlé avec M. Couillard moi-même sur la question du bois d’œuvre, a-t-il déclaré. On sait que c’est important pour le Québec. »

De son côté, l’ambassadeur du Canada à Washington, David MacNaughton, de passage à Ottawa, a reconnu que le bois d’oeuvre est un « dossier difficile ». Il a souligné que « la hausse des mises en chantier aux États-Unis, et du fait que la construction de maisons représente 18 % du PIB américain ».

« Si les maisons coûtent plus cher (à construire), il y aura moins de mises en chantier, cela va ralentir l’économie américaine et coûter des emplois aux États-Unis. Le président des États-Unis a dit qu’il voulait davantage d’emplois, la meilleure façon d’en créer est de faire grimper les mises en chantier, et le bois d’oeuvre canadien, à bon prix, fait partie de l’équation. »

— Avec La Presse canadienne

ALENA

Mulroney à la rescousse 

Les pourparlers sur la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ne sont pas encore officiellement commencés, mais Ottawa se dit prêt. Les ministres membres du comité sur les relations canado-américaines se sont réunis hier, une rencontre à laquelle a aussi participé Brian Mulroney. L’ancien premier ministre conservateur, qui agit à titre de conseiller spécial dans ce dossier, a dit s’attendre à une négociation corsée avec Washington.

ALENA

Un bon choix ? 

Les nombreux contacts de Brian Mulroney à Washington – incluant dans l’administration Trump – ont déjà été utilisés à bon escient dans le cadre des pourparlers à venir, selon plusieurs sources. Son long curriculum vitæ ne convainc cependant pas tout le monde à Ottawa. Avant-hier, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a remis en question sa nomination. François-Philippe Champagne, ministre du Commerce international, s’est au contraire montré emballé, hier midi, après sa rencontre avec l’ancien premier ministre.

ALENA

Processus non partisan 

L’ambassadeur du Canada aux États-Unis, David MacNaughton, était lui aussi de passage à Ottawa hier. Questionné sur la pertinence de Brian Mulroney dans ce dossier, il a lui aussi pris la défense de l’ancien premier ministre, qui aurait déjà été « d’une très grande aide ». Pendant un point de presse au parlement, le diplomate a également souligné à quel point la défense des intérêts canadiens dans le cadre de l’ALENA transcende tous les partis et toutes les orientations politiques.

ALENA

Priorités de Washington 

La liste des priorités de la Maison-Blanche dans le cadre de la renégociation de l’ALENA, qui a fait l’objet d’une fuite dans les médias, n’a pas inquiété David MacNaughton outre mesure. Les points de discussion seront nombreux de part et d’autre, a-t-il résumé. « Toute taxe aux importations qui serait imposée serait une très mauvaise chose. Mais comme le ministre Morneau l’a dit il y a quelques jours, je ne pense pas que cela va arriver, car ce serait pire pour eux que pour nous. »

ALENA

Relation saine 

Washington n’a pas encore donné son avis de 90 jours pour lancer formellement la renégociation de l’ALENA, a souligné l’ambassadeur. « On continue de me dire que c’est imminent, mais cela commence à prendre du temps. Nous ne pouvons pas contrôler les processus américains, mais dès que les Américains seront prêts à discuter, nous serons bien préparés. » Le diplomate a salué la relation « extrêmement bonne » avec la Maison-Blanche. 

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