Théâtre

Le Diamant se dévoile

Hier, les médias ont pu visiter le Diamant, nouveau théâtre de la place D’Youville. L’architecte Marie-Chantal Croft a mis en lumière les manières dont le passé et l’actuel se côtoient dans le bâtiment lumineux, tout en lignes et prêt à accueillir des spectacles.

Le concept architectural a été imaginé par le consortium Coarchitecture/Atelier in situ/Jacques Plante architecte. « Nous nous sommes beaucoup inspirés de la théâtralité, des illusions, de la lumière, de la réflexion et de la transparence tout au long du parcours architectural », indique Mme Croft. S’inspirant de la mémoire des lieux, les architectes ont voulu rendre hommage à l’histoire de la ville de Québec et à l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy, qui avait imaginé l’ancien YMCA, dont la façade a été conservée. On lui doit pas moins de 37 édifices à Québec, dont l’église Saint-Jean-Baptiste.

Une grande diagonale divise l’avant du bâtiment, qui donne place D’Youville, et l’arrière, où sont logés la salle de spectacle à géométrie variable et le studio de création. « Dans les années 50, la place D’Youville et la côte d’Abraham étaient reliées », rappelle-t-elle. La toiture-mansarde a été refaite en ardoise et en cuivre étamé.

Dans le hall d’entrée, des murs noirs produisent un jeu de réflexion à l’infini. « Ceux qui ont fréquenté le cinéma de Paris se souviendront qu’à l’origine, il y avait des miroirs face à face qui créaient cet effet, qu’on appelle en théâtre une mise en abyme », souligne l’architecte. Les grands cadres dorés des anciennes vitrines du cinéma ont été récupérés pour faire des écrans de signalisation.

On accède à l’étage de la salle de spectacle, qui peut accueillir 642 spectateurs dans une configuration à l’italienne (quand scène et gradins de spectateurs se font face), par un escalier monumental en bois clair. Une passerelle permet d’entrer dans la salle, où des parois en bois gravé, teintes en noir, reprennent le motif de la façade de l’édifice.

Des colonnes, qui portent les traces des différentes patines qui les ont couvertes, ont été retrouvées pendant l’excavation et intégrées au foyer principal. Le visiteur y retrouve aussi une partie de la charpente de bois (poutres et arches) qui tenait encore debout lorsque le futur Diamant était occupé par des expositions éphémères, avant le grand chantier. Les murs de briques n’ont pas pu être conservés, mais des murs de béton creusés par des arches rappellent leur emplacement. Au plancher et au plafond, des carrés rappellent les anciennes divisions du YMCA. 

« On ne voulait pas faire un lieu anonyme, trop moderne, mais vraiment un lien entre l’ancien et le nouveau. »

— Marie-Chantal Croft, architecte

Le mur de béton qui donne sur la rue des Glacis et où s’appuient les salles de spectacle et de création représentait un défi, puisqu’on ne pouvait y percer de fenêtres. Des pyrogravures représentant des dessins de M. Peachy se révèlent, ou se dérobent au regard, selon les moments de la journée.

Le dernier étage accueillera surtout les créateurs, le public y aura rarement accès. La salle de création, qui reprend les dimensions de celle de la Caserne Dalhousie, où ont été créés les spectacles d’Ex Machina, a été baptisé Studio Beaulieu Lepage. Des photographies de Lynda Beaulieu, présidente du Diamant, et de Robert Lepage, homme de théâtre et initiateur du projet, ont été apposées côte à côte en hommage au duo sœur-frère sans qui le Diamant n’aurait pas vu le jour. Une cuisine, une terrasse et un foyer en verre permettent aux employés, qui travailleront le plus souvent dans la boîte noire, de profiter de la lumière du jour.

Le studio de création a une hauteur qui permettra aux compagnies de cirque d’y créer des spectacles, souligne la directrice mise en marché et communications, Élisabeth Farinacci, et d’y accueillir 75 spectateurs pour tester leurs idées. Il sera utilisé 80 % du temps par Ex Machina, la compagnie résidente du Diamant. Des monte-charge permettent de descendre les dispositifs qui y seront créés directement dans la salle de spectacle principale.

Ceux qui ont pu mettre la main sur des billets gratuits pour le parcours Par cour et jardin, présenté en fin de semaine, pourront découvrir les lieux animés par L’Orchestre d’hommes-orchestres, le Théâtre à Tempo et Pupulus Mordicus.

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