Hydroliennes

Obstacles ici et dans le monde

Le développement des hydroliennes bute sur plusieurs obstacles au Québec et ailleurs dans le monde. Le coût de l’énergie produite en est un, mais il y a aussi des inquiétudes quant à l’impact des hydroliennes sur les poissons et les lits des rivières et des questions sur leur rendement en période hivernale. Par contre, elles sont invisibles et silencieuses et sont une source d’énergie à faible empreinte environnementale.

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Ailleurs dans le monde

C’est en France que le développement hydrolien est le plus avancé. EDF a installé à Paimpol-Bréhat, en Bretagne, deux hydroliennes du même type que celles qui seront immergées dans la baie de Fundy. Leur production d’électricité est acheminée au réseau électrique national. Un projet de parc constitué de sept hydroliennes est en voie de réalisation au Raz Blanchard, en Normandie, où se trouvent les marées les plus puissantes d’Europe.

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RER Hydro

Le Québec a failli avoir un parc d’hydroliennes dans le fleuve Saint-Laurent. L’annonce d’un investissement de 130 millions pour ce projet par la première ministre Pauline Marois à Bécancour avait suscité beaucoup d’enthousiasme en 2013. Malgré l’appui d’un géant comme Boeing et des subventions très généreuses, ce projet trop beau pour être vrai s’est finalement avéré trop beau pour être vrai. RER Hydro a fait faillite l’an dernier, avec 50 millions de créances impayées.

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Au Québec

Le potentiel hydrolien des rivières du Québec est estimé entre 525 et 788 mégawatts, soit l’équivalent d’une grosse centrale hydroélectrique d’Hydro-Québec. En mer, le potentiel théorique québécois est estimé à 4288 mégawatts, soit le deuxième au Canada. Selon une étude publiée par Hydro-Québec, le coût de l’électricité qui sera produite dans la baie de Fundy varie entre 3,9 jusqu’à 15 cents le kilowattheure.

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Baie de Fundy

Des millions de dollars ont été engloutis dans les eaux de la baie de Fundy lors des nombreuses tentatives qui ont été réalisées pour harnacher la puissance de ses marées. Jusqu’à maintenant, les turbines les plus solides n’ont pas tenu le coup. Une nouvelle tentative est en cours, alors qu’une coentreprise créée par Emera et OpenHydro, installe deux turbines de 16 mètres de diamètre pesant 1000 tonnes chacune pour alimenter la Nouvelle-Écosse en électricité. Un autre promoteur, Black Rock Tidal, espère que des turbines plus petites, de quatre mètres de diamètre, peuvent mieux résister à la puissance des marées et il projette d’en installer 40 dans la baie.

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Un potentiel énorme

Le potentiel énergétique des marées de la baie de Fundy est connu depuis longtemps, mais on s’est aperçu plus récemment qu’il est bien supérieur aux premières estimations. Le Fundy Ocean Research Center for Energy (FORCE) estime que l’énergie générée par les marées de la baie pourrait suffire aux besoins en électricité de toutes les provinces de l’Atlantique, ou trois millions de foyers.

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Bloquée au Québec, Idénergie regarde ailleurs

Le Québec a beau vouloir devenir un chef de file des énergies renouvelables, il tarde à adapter ses règlements au discours politique.

Parlez-en à Idénergie, qui a conçu une hydrolienne domestique qui permet aux propriétaires de chalets isolés d’avoir accès à l’électricité quand il y a une rivière sur leur terrain.

Une hydrolienne transforme le courant en électricité, comme l’éolienne le fait avec le vent. Le produit d’Idénergie a suscité un engouement immédiat après qu’une vidéo de démonstration a été mise en ligne et vue 230 000 fois. C’était l’année dernière.

Depuis, la jeune entreprise a appris beaucoup. D’abord, que les Québécois ont des attentes irréalistes en matière d’autonomie énergétique. Et ensuite, qu’une hydrolienne résidentielle est considérée par les lois québécoises comme une centrale hydroélectrique qui doit obtenir un permis et payer des redevances hydrauliques à l’État.

« C’est bien plus simple de s’acheter une génératrice au diesel », soupire Pierre Blanchet, le président et fondateur de la petite entreprise qui aimerait tant faire une percée au Québec.

OFFRE PLUS RAFFINÉE

En attendant, Idénergie continue son chemin et regarde ailleurs. Le monde est grand et rempli de villages isolés qui pourraient avoir accès à l’électricité grâce à la technologie qu’elle a conçue, souligne Pierre Blanchet.

L’entreprise a aussi raffiné son offre. Elle a fait des petits. Son hydrolienne peut être couplée à un panneau solaire ou à une éolienne, grâce au convertisseur qu’elle a conçu et qui lui ouvre d’autres portes sur le marché de l’énergie verte.

En plus du chalet isolé dans les bois, Idénergie peut maintenant viser le marché d’autoproducteurs d’électricité qui peuvent revendre l’électricité qu’ils n’utilisent pas à leur fournisseur.

« C’est un marché en pleine croissance aux États-Unis et on pense qu’il y a de la place pour nos systèmes. »

— Pierre Blanchet, président et fondateur d’Idénergie

Tata Power, une division du géant indien, s’est intéressée aux produits d’Idénergie, qui espère pouvoir nouer des liens en Inde avec des partenaires locaux. « On pourrait leur confier la fabrication des hydroliennes, mais on garde la mainmise sur la recherche-développement. »

UN PAS EN AVANT

L’entreprise vient de quitter l’incubateur d’entreprises de l’École de technologie supérieure pour s’installer dans de nouveaux locaux dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Sur des tablettes s’empilent 17 turbines prêtes pour la livraison.

Une partie de ces hydroliennes prendra la direction du parc national de Jasper, en Alberta, et les autres sont destinées à des pourvoiries.

Avec une quinzaine d’employés, Idénergie entame une autre étape de croissance. Le trio aux commandes – Pierre Blanchet, Gilles Trottier et Denis Bastien – pense maintenant aux procédés de production, au financement et à des partenariats stratégiques. « Idénergie est aux portes du marché », croit son vice-président aux finances, qui estime à 1 million l’investissement nécessaire pour franchir la prochaine étape.

Les hydroliennes continuent de susciter énormément d’intérêt partout dans le monde. Celles d’Idénergie sont accessibles pour un usage résidentiel, avec un « kit de base » dont le prix tourne autour de 10 000 $. À condition de ne pas vouloir un chalet équipé comme une maison de banlieue, précise Pierre Blanchet.

Il a constaté que les Québécois, qui ont accès à de l’électricité en abondance et à un prix raisonnable, tombent des nues quand ils s’informent sur ce qu’il en coûte pour se passer d’Hydro-Québec.

Après avoir été inondé de demandes après la mise en ligne de la vidéo sur YouTube, Pierre Blanchet a donc conçu un petit outil pour aider ceux qui veulent savoir si une hydrolienne peut répondre à leurs besoins.

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