cosmétiques biomod

masques secs créés au québec

L’efficacité des ingrédients mis au point par les sociétés cosmétiques se heurte souvent à la barrière cutanée : il est difficile de faire pénétrer des produits en profondeur dans la peau en appliquant une simple crème ou un sérum. L'entreprise québécoise Biomod a peut-être trouvé la réponse à ce problème avec sa technologie des masques secs, des infuseurs antiâge commercialisés par Nannette de Gaspé.

Biomod

Du textile à la beauté

Au départ, rien ne destinait vraiment Karine Théberge, cofondatrice de Biomod, au domaine des cosmétiques. Vétérinaire de formation, elle fait un changement de carrière en mode. « J’ai alors commencé à m’intéresser aux textiles intelligents, aux technologies textiles, dans l’idée que ça pouvait servir à autre chose qu’à se couvrir ou s’habiller. » De fil en aiguille, elle a l’idée d’imprimer différents « produits » – comme des molécules – sur du textile. Avec Isabelle Goudreault, elle fonde (dans son sous-sol !) Biomod en 2009.

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« Imprimer » le tissu

Biomod se met à la tâche et prend cinq ans pour mettre au point sa technologie, dont un système permettant de vectoriser et de protéger des molécules « imprimées » sur du textile qu’on appose ensuite sur la peau comme un masque. Ces molécules sont des matières lipidiques dites biomimétiques, qui imitent la composition de la peau et sont reconnues par cette dernière, permettant une meilleure absorption. Contrairement aux masques humides ou aux crèmes pour le visage – qui contiennent un grand pourcentage d’eau et de glycérine, éléments volatils qui s’évaporent avant que la peau n’ait le temps de tout absorber –, les masques secs conçus par Biomod sont composés d’éléments solides. La peau a ainsi le temps d’absorber les molécules gorgées d’actifs.

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Système à libération prolongée

Il y a plus : les chercheurs chez Biomod ont mis au point un système dit à « libération prolongée ». « Le problème, c’est que les crèmes n’arrivent pas à pénétrer vraiment en profondeur ni à contrôler la profondeur à laquelle les molécules vont, affirme Mme Théberge. On a découvert une façon de libérer les actifs plus en profondeur dans la peau, un système où on peut contrôler et programmer les molécules en fonction de leurs différentes propriétés. Les produits anticellulite et antiâge, par exemple, ont des molécules qui doivent atteindre les couches inférieures de la peau pour produire un résultat. »

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Des résultats prometteurs

La technologie est à ce point novatrice qu’une nouvelle catégorie de cosmétiques a été créée : les infuseurs. Ceux-ci se distinguent des produits existants de plusieurs façons. Ainsi, alors que les crèmes ne contiennent que 2 ou 3 % d’actifs, la majorité des formules mises au point par Biomod est composée à 87 % de principes actifs. De nombreuses grandes marques internationales ont testé la technologie. L’une d’elles a comparé le taux d’hydratation des infuseurs à celui des crèmes. Alors que ces dernières hydrataient la peau pour une période de 45 à 90 minutes, les infuseurs auraient eu un taux d’hydratation en croissance plus de 8 heures après l’application.

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Le défi de la commercialisation

Une fois la technologie mise au point, il restait à convaincre les sociétés cosmétiques de l’intégrer à leurs différents produits. C’est ici que Nannette de Gaspé et son mari, des investisseurs québécois, entrent en jeu. Mise au parfum de ce qui se tramait dans les labos de Biomod et persuadée de son énorme potentiel commercial, Mme de Gaspé décide de s’engager auprès de l’entreprise pour l’aider à commercialiser sa technologie. Elle présente l’innovation québécoise à la famille Weston, à laquelle appartient Holt Renfew. Emballé, M. Weston lui suggère d’aller présenter le produit en Angleterre à Selfridges, qui invite Mme de Gaspé à créer une marque qui serait distribuée exclusivement dans ses magasins.

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Des produits qui attirent l’attention

Lancés en mai 2016 dans la chaîne des Selfridges, les produits Nannette de Gaspé comprennent cinq masques secs de luxe (visage, lèvres, yeux, mains et cou). Grâce à sa texture sèche intrigante, le produit ne ressemble à rien d’autre sur le marché et attire rapidement l’attention des médias et blogueurs du monde entier, séduits par les effets visibles et rapides des infuseurs et par leur facilité d’utilisation. Des publications comme Vogue, Cosmopolitan ou Harper’s Bazaar encensent les masques. « Les gens en parlent et s’y intéressent car c’est vraiment une nouvelle approche dans le domaine des soins pour la peau, une catégorie à part », croit Mme de Gaspé. Les produits sont ensuite lancés chez Colette à Paris, puis chez Barneys à New York et enfin chez Holt Renfrew au Canada en septembre.

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Des possibilités multiples

Propulsé par la popularité des produits Nannette de Gaspé, Biomod est en pleine expansion. « Notre technologie a été validée par tous les grands groupes de la cosmétique du monde », affirme Mme Théberge. Dans les laboratoires de Biomod, à Sainte-Julie, les chercheurs travaillent déjà à créer la deuxième et la troisième génération de la technologie, dont un concentré qui pourrait facilement s’ajouter aux crèmes et même un système de patches pour la peau aux applications pharmaceutiques. Celui-ci pourrait être utile pour les problèmes de peau, comme l’eczéma, ou encore servir d’antidouleur.

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